Les personnages célèbres de Linards



 

Jean-François Marmontel (1723-1799)
 

Jean-Baptiste Bidegain (1870 - 1926)
 

Henri Vergnolle (1891 - 1958)

Henri Lagrange (1917 - 1943)

Edda Mussolini, veuve Ciano (1910 - 1995)

Antoine Blondin (1922 - 1991)



Jean-Baptiste Bidegain (1870 - 1926)
Une tentative de meurtre politique à Mazermaud

En 1905 réside à Linards un curieux personnage, célèbre si l'on croit cet article du "Courier du Centre" en date du 11 février 1905 :

LINARDS – PROCHAIN MARIAGE – On nous écrit :
Mlle Marie Debernard, la belle-sœur de Bidegain, dont la presse parisienne nous a longuement entretenu à propos des fiches, est en instance de mariage.
Mlle Debernard épousera, le 25 courant, à Linards, un de nos compatriotes qui exerce la profession de scieur de long.

On trouve aussi dans une liste de demandes d'adhésion à la franc-maçonnerie, cet avis négatif concernant par exemple Chabry Pierre, instituteur, né à Linards le 29 juin 1879 : « républicanisme douteux, ambitieux, ami de Bidegain ». Ajourné, le 8 avril 1905 (cf. : Loges et francs-maçons de la Haute-Vienne: de l'Ancien Régime à la Cinquième République - Auteur Francis Masgnaud - Éditeur L. Souny, 2000)

Qui était donc le célèbre Bidegain, dont l'amitié interdisait l'accès à la maçonnerie ?
Jean-Baptiste Bidegain est en 1904 à Paris un franc-maçon de haut rang, secrétaire général adjoint du Grand Orient de France. Il est alors chargé de superviser, à la demande du ministère Combes, qui prépare la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, et grâce aux réseaux maçonniques, une vaste enquête sur les opinions religieuses et politiques des officiers et sous-officiers de l'armée. Il s'agit d'anticiper une éventuelle subversion menée par des militaires catholiques.
Ces informations sont réunies sur des fiches, remises secrètement au ministère de la Guerre. Le GOF a organisé à cet effet un véritable service de renseignement parallèle.
Bidegain, mécontent de la lenteur de son avancement au sein du Grand Orient, révèle l'opération à l'opposition parlementaire catholique ; c'est "l'affaire des fiches" ou "des casseroles". Elle conduit à la chute du ministère Combes, mais n'empêche pas le vote de la Loi de Séparation.
Considéré comme un traître par les maçons, harcelé par la presse, Bidegain se réfugie à Linards, commune d'origine de son épouse Marcelle Debernard.

La vindicte de ses ennemis l'y poursuivit, en témoigne l'épisode qu'il raconte dans son livre  La lutte antimaçonnique: une exécution necessaire ... Jean Bidegain  - Éditeur Librairie des Saints-pères

Il se suicida avec sa seconde femme à Neuilly en 1926.

Pour plus de détails sur Bidegain et l'affaire des fiches, cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Bidegain


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Jean-François Marmontel (1723-1799)

Ecrivain français né à Bort-Les-Orgues, il fut l’un des philosophes du XVIIIème, qui auprès de Voltaire dont il est le protégé, défend l’idée de bonheur dans ses Contes moraux (1761) et deux romans idéologiques, Bélisaire (1767) et Les Incas (1777). Membre de l’Académie, il écrit pour l’Encyclopédie et acquiert une grande célébrité à la cour puis dans toute l’Europe.
Son portait ci-dessus est d'Alexander Roslin, 1767.

En 1741, Marmontel âgé de 18 ans est envoyé chez le curé de Saint-Bonnet-Briance pour préparer l'examen d'entrée au séminaire de Limoges.
Il est alors engagé par le marquis de Gain de Linards comme précepteur de son fils, dans son vaste château du bourg de Linards. Ce château partiellement démantelé pendant la révolution fut détruit et reconstruit en 1840.

Marmontel consacre quelques pages de ses Mémoires à son séjour à Saint-Bonnet et à Linards.
Son préceptorat au château des marquis de Gain de Linards s'acheva dans de curieuses conditions : Le comte de Gain, frère du marquis et possesseur d'un régiment, levait des recrues en Limousin. De passage à Bort-Les-Orgues, ville natale de Marmontel, il convainquit quelques amis de ce dernier de s'engager en leur assurant que Marmontel en avait fait autant.
La mère de Jean-François semblant prête à mourir de chagrin à l'annonce de cette fausse nouvelle, le comte de Gain saisi de remords revint en toute hâte au château de Linards, et exhorta le jeune Marmontel à partir de suite pour Bort pour rassurer sa famille...

Voici le passage des Mémoires de Marmontel relatif à son séjour à Saint-Bonnet et Linards :

La tranquillité, le silence du hameau d'Abloville, où j'écris ces Mémoires, me rappelle le calme que rendit à mon âme le village de Saint-Bonet. Le paysage n'en était pas aussi riant, aussi fertile : le merisier et le pommier n'y ombrageaient pas les moissons de leurs rameaux chargés de fruits ; mais la nature y avait aussi sa parure et son abondance. La treille y formait ses portiques, le verger ses salons, le gazon ses tapis ; le coq y avait sa cour d'amour, la poule sa jeune famille ; le châtaignier, avec assez de majesté, y déployoit son ombre et y répandoit ses largesses ; les champs, les prés, les bois, les troupeaux, la culture, la pêche des étangs, les grandes scènes de la campagne y étoient assez intéressantes pour occuper une âme oisive. La mienne, après le long travail de mes études et le cruel assaut de la mort de mon père, avait besoin de ce repos. Mon curé avoir quelques livres analogues à son état, qui allait être le mien. Je me destinois à la chaire : il y dirigeait mes lectures ; il me faisait goûter celle des livres saints, et, dans les Pères de l'Eglise, il me montrait de bons exemples de l'éloquence évangélique. L'esprit de ce vieillard, naturellement gai, ne l'étoit avec moi qu'autant qu'il le fallait pour effacer tous les jours quelque teinte de ma noire mélancolie. Insensiblement elle se dissipa, et je devins accessible à la joie. Elle venoit deux fois par mois présider, avec l'amitié, aux dîners que faisaient ensemble les curés de ce voisinage, et qu'ils se donnaient tour à tour. Admis à ces festins, ce fut là que je pris, par émulation, le goût de notre poésie. Presque tous ces curés faisaient des vers françois, et s'invitaient par des épîtres, dont l'enjouement et le naturel me charmaient. Je fis, à leur imitation, quelques essais auxquels ils daignèrent sourire. Heureuse société de poëtes, où l'on n'était point envieux, où l'on n'était point difficile, et où chacun étoit content de soi-même et des autres, comme si c'eût été un cercle d'Horaces et d'Anacréons !
Le marquis de Linars, me fit témoigner, par son prieur, l'extrême désir qu'il avait que je voulusse donner ce temps de mon repos à un petit chevalier de Malte, l'un de ses fils, aimable enfant, mais dont l'instruction avait été jusque-là négligée. Je fis consentir mon curé et puis je consentis moi-même à ce qui m'étoit proposé. Je n'ai qu'à me louer des marques de bienveillance et d'estime dont je fus honoré dans cette maison distinguée, où toute la noblesse  du pays abondait. La marquise elle-même, Mortemart de naissance, élevée à Paris, un peu haute de caractère, étoit bonne et simple avec moi, parce que j'étais auprès d'elle naturel avec bienséance et respectueux sans façon.
… Arrivé à Linars, j'écrivis à ma mère que je venois de prendre la tonsure sous de favorables auspices ; que j'avois reçu de l'évêque les plus touchantes marques de bonté ; qu'au plutôt j'irais l'en instruire. Le même jour je reçus d'elle un exprès avec une lettre presque effacée de ses larmes. "Est-il vrai, me demandoit-elle, que vous avez fait la folie de vous engager dans la compagnie du comte de Linars, frère du marquis, et capitaine au régiment d'Enghien ? Si vous avez eu ce malheur, marquez-le moi ; je vendrai tout le peu que j'ai pour dégager mon fils. O mon Dieu ! est-ce bien là le fils que vous m'aviez donné ?" Jugez du désespoir où je tombai en lisant cette lettre. La mienne avoit fait un détour pour arriver ; ma mère ne la recevrait que dans deux jours, et je la voyois désolée. Je lui écrivis bien vite que ce qu'on lui avait dit étoit un horrible mensonge ; que cette coupable folie ne m'étoit jamais venue dans la pensée ; que j'avois le coeur déchiré du chagrin qu'elle en éprouvait ; que je lui demandais pardon d'en être la cause, innocente ; qu'elle auroit dû me connaître assez pour ne pas croire à cette absurde calomnie, et que j'irais incessamment lui faire voir que ma conduite n'étoit ni celle d'un libertin, ni celle d'un insensé. L'exprès repartit sur-le-champ. Mais tant que je pus compter les heures où ma mère n'était pas encore détrompée, je fus au supplice moi-même.
Il y avoit, sil m'en souvient, seize lieues de Linars à Bort, et, quoique j'eusse conjuré l'exprès d'aller toute la nuit, comment pouvois-je croire qu'il n'eût pas pris quelque repos ? il me fut impossible d'en prendre aucun, et je n'avois cessé de baigner mon lit de mes larmes, en songeant à celles que ma mère versait pour moi, lorsque j'entendis dans la cour un bruit de chevaux. Je me lève, c'étoit le comte de Linars qui arrivait. Je ne me donnois pas le temps de m'habiller pour aller au-devant de lui ; mais il me prévint et, en venant à moi en homme désolé: "Ah ! Monsieur, me dit-il, combien va me rendre coupable à vos yeux l'imprudence d'un badinage qui a mis la désolation dans votre famille, et dans le cœur de votre mère une douleur que je n'ai pu calmer ! Elle vous croit engagé avec moi. Elle est venue toute éplorée se jeter à mes pieds, et m'offrir pour vous dégager, sa croix d'or, son anneau, sa bourse, et tout ce qu'elle avait au monde. J'ai eu beau l'assurer que cet engagement n'existoit point, j'ai eu beau le lui protester, elle a pris tout cela pour un refus de le lui rendre. Elle est encore dans les pleurs. Partez incessamment, allez la rassurer vous-même. Eh ! Monsieur le comte, lui demandai-je, qui a pu donner lieu à ce bruit funeste ? Moi, Monsieur, me dit-il ; j'en suis au désespoir ; je vous en demande pardon. Le besoin de lever de nouvelles recrues m'avoit conduit dans votre ville. J'y ai trouvé quelques jeunes gens, vos camarades de collège, qui avoient envie de s'engager, mais qui délibéroient encore. J'ai vu que, pour les décider, il ne fallait que votre exemple. J'ai succombé à la tentation de leur dire qu'ils vous auraient pour camarade, que je vous avois engagé, et le bruit s'en est répandu. Ah ! Monsieur, m'écriai-je avec indignation, se peut-il qu'un pareil mensonge soit sorti de la bouche d'un homme tel que vous ! - Accablez-moi, me dit-il, je mérite les reproches les plus honteux ; mais cette ruse, dont je n'ai pas senti la conséquence, m'a fait connaître un naturel de mère comme je n'en ai jamais vu. Allez la consoler ; elle a besoin de vous revoir". Le marquis de Linars, à qui son frère avoua sa faute et tout le mal qu'il m'avoit fait, me donna un cheval, un guide, et le lendemain je partis ; mais je partis avec la fièvre, car mon sang s'étoit allumé ; et sur le soir le redoublement me prit dans le moment où, par des chemins de traverse, mon guide m'avoit égaré. Je frissonnois sur mon cheval, et la nuit allait me gagner dans une heure, en rase campagne, lorsque je vis un homme qui traversait mon chemin. Je l'appelai pour savoir où j'étois, et s'il y avait loin de là au village où mon guide croyait aller. " Vous en êtes à plus de trois lieues, me dit-il, et vous n'êtes pas sur la route."  Mais, en me répondant, il m'avoit reconnu : c'était un garçon de ma ville. Est-ce vous, me dit-il, en me nommant, et, par quel hasard vous trouvai-je à l'heure qu'il est dans ces bruyères ? Vous avez l'air malade ! Où allez-vous donc passer la nuit ? Et vous ? lui demandai-je. Moi, dit-il, je vais voir un oncle à moi, dans un village qui n'est pas loin d'ici… (T. II pages 36-37)


Dans ce dessin de Jean Huber (Mai-Juin 1760), "Voltaire et ses apôtres", Garry Apgar a identifié les personnages de droite comme étant Marmontel et son ami Gaulard .


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Antoine Blondin

Romancier appartenant après la seconde guerre mondiale au groupe des Hussards, avec notamment son ami Roger Nimier, Antoine Blondin acquis parallèlement une notoriété plus populaire en tant que journaliste sportif et chroniqueur du Tour de France à partir de 1954.
Antoine Blondin est actuellement un des écrivains français les plus cités par les auteurs contemporains : préfaces de romans policiers, débats de France-Culture, ouvrages traitant du sport, Blondin est incontournable...

En 1969, son épouse et lui achetèrent une maison dans la commune de Linards, au village de Salas, proche de la propriété d'un couple d'amis.
Jusqu'au décès de l'écrivain en1991, Antoine et Françoise Blondin passèrent plusieurs mois par an à Linards.
L'ancienne librairie du bourg devint son bar préféré, inauguré en 1972, d'après son roman de 1970 Monsieur Jadis, sous le nom de Jadis-Bar.


Antoine Blondin devant le Jadis (à gauche), et avec son épouse devant leur maison de Salas (à droite)
Extrait de Blondin, de Saint-Germain au Limousin, René Perrin, Lucien Souny édition-1997
Photo du centre, Antoine Blondin en mai 1978 au Jadis-bar en compagnie d'Yvette Guary, patronne du Jadis (debout) et de M.et Mme Pillard qui nous ont aimablement communiqué ce cliché

Antoine Blondin laisse à Linards le souvenir de soirées animées et arrosées dans les différents bars et auberges du bourg, et son nom attribué à la salle des Fêtes municipale.

Sa présence entraîna la visite à Linards de nombreux visiteurs de marque, de Michel Audiard qui porta certains de ses romans à l'écran, à François Mitterand.
Le Criterium des gentlemen qu'il organisa en 1971 vit venir à Linards de nombreuses personnalités des sports et des lettres, Raymond Poulidor, Raphaël Geminiani, René Fallet, les Haricots Rouges, le pianiste de jazz Joe Turner...
Ses amis rééditèrent 25 ans plus tard cette épreuve, et la fête qui l'accompagnait, avec le même concours de célébrités.
Le 14 juillet 2004, le Tour de France de passage à Linards déposa une gerbe à la mémoire de Blondin devant l'ancien Jadis-Bar.

Les oeuvres complètes d'Antoine Blondin sont disponibles en permanence à la librairie de Linards: L'Europe buissonière (1949), Les enfants du Bon Dieu (1952), L'humeur vagabonde (1955), Un singe en hiver (1959), Monsieur Jadis (1970), Quat'Saisons (1975), Certficat d'études (1977), Sur le Tour de France (1979), Ma vie entre les lignes (1982), Le Tour de France en quatre vingt jours (1984), L'Ironie du sport (1988).

La plus récente biographie d'Antoine Blondin est parue en juillet 2004 et démythifie le séjour des Blondin à Salas.


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Henri Vergnolle

Un linardais maire de Paris ...

Henri-Germain Vergnolle est né le 20 août 1891 à 3H00 du matin, à La Fontpeyre, faubourg de Linards, dans une famille modeste. Son père Martial, âgé de 35 ans, est menuisier, sa mère Anne-Marie née Qeyroux a 19 ans; elle est couturière, comme l'indique son acte de naissance ci-dessous :

Maison natale d'Henri Vergnolle, La Fontpeyre, Linards.

Henri Vergnolle fait des études brillantes, puisqu'il devient architecte de l'Etat.
Il participe à la guerre de 1914-1918 comme engagé volontaire.
En 1916 il s'inscrit au parti socialiste, et collabore ensuite au journal de ce parti, le Populaire du Centre.
Il épouse à Paris le 12 février 1920 Marie-Antoinette Laval.

Henri Vergnolle suit ensuite sa carrière d'architecte pour l'état et la Ville de Paris. Il publie un ouvrage d'inspiration keynesienne intitulé Supprimons le chômage, le financement des grands travaux par la monnaie auxiliaire amortissable.
Sa participation à la Seconde Guerre Mondiale, notamment dans les rangs du réseau de résistance des P.T.T. lui valent la médaille de la Résistance, la Croix de Guerre, le ruban d'officier, puis de commandeur de la Légion d'honneur, et des décorations étrangères.

Il est élu conseiller municipal de Paris, et conseiller général de la Seine, le 29 avril 1945.
Henri Vergnolle se consacre alors à la reconstruction et au problème du logement, crucial en France à ce moment, en tant que président de la Fédération nationale des offices publics d'H.L.M., puis vice-président de l'office public d'H.L.M. de la Ville de Paris. Il intervient aussi dans le domaine des grands travaux en tant que président de la 3° commission du conseil de Paris.
La carrière d'Henri Vergnolle culmine avec son élection à la présidence du conseil municipal de Paris le 24 juin 1946, fonction qu'il occupe jusqu'en 1953.

On lui reconnaît en outre une grande connaissance de l'histoire de la capitale, et un caractère affable.

Il meurt le 28 janvier 1958, âgé de 59 ans seulement, d'une congestion pulmonaire, à son domicile du 3 rue Séguier à Paris.
De nombreuses personnalités assistent à ses obsèques, dont le président Vincent Auriol.

Pour le 10° anniversaire de son décès, le 20 août 1968, ses amis et plusieurs associations compagnonniques, résistantes et culturelles firent apposer une plaque commémorative sur sa maison natale de Linards, dont la localisation fut assurée par m° Lutrat, notaire à Linards.

Ci-dessous, pendant l'inauguration, M. Lajaumont, conseiller municipal entre M. et Mme le Président du Conseil de Paris :

Dans le cortège, les représentants des compagnonages avec leurs insignes :

A droite, M. Louis Agricol de Feytiat avec l'épouse du maire de Paris

Le discours inaugural


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Henri Lagrange

Un héros de la Résistance

NB : Toutes les informations et documents ci-dessous concernant Henri Lagrange sont extraits du livre d'Henri DEMAY "Ceux du maquis" - Editions de la Veytisou - 1998
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Henri Lagrange naît le 26 décembre 1917 au village d'Oradour, commune de Linards. Son père Léonard sera ultérieurement ajusteur au chemin de fer d'Orléans, sa mère Marie-Louise est couturière.
La famille Lagrange habite Limoges à partir de 1921, Henri fait ses études de 1931 à 1934 à l'Ecole pratique, future Ecole Nationale professionnelle, actuel Lycée Turgot.
Souffrant d'hémophilie, sa santé sera toujours fragile.
Henri Lagrange travaille à partir de 1935 aux tranports Dudeffant, puis chez Malinvaud et Teti, en tant que graveur.
A partir de 1937 il milite activement aux Jeunesses Communistes.

De 1937 à 1939, il anime avec Lucien Dumazaud, historien autodidacte de Linards, la revue régionaliste Jeunesse limousine (consultable aux Archives départementales de la Haute-Vienne cote IL-216) ; la page de couverture du N° 4 de février 1939 : est illustrée par ce poème de Marthe Issoire : " Regrets du tilleul de Linards"

Tilleul d’Henri IV ou de Sully
A Linards – qu’on se le dise –
Depuis 1600 j’ennoblis
La place de l’église

J’aurais voulu, étant laurier
Ceindre, en un jour de fête,
Le front pur de quelque guerrier
Ou celui d’un poète

Hélas ces propos sont plus vains
Que ceux d’un groupe d’ânes
Puisque je ne sers, à la fin
Qu’à faire des tisanes !

Ayant été réformé pour raisons médicales en 1938, Henri Lagrange n'est pas mobilisé en 1939.
Dès juin 1940 il devient secrétaire régional des Jeunesses Communistes, puis responsable de la section de Limoges du parti communiste clandestin.
Il crée une imprimerie clandestine destinée à la fabrication de tracts et de bons de solidarité vendus au profit des militants arrêtés par le régime de Vichy.
Suite à une distribution de tracts, Henri Lagranges est arrêté à son domicile de Limoges le 9 janvier 1941.
Il est incarcéré à la prison de Limoges jusqu'en mars 1941, puis remis à la justice militaire et transféré au camp de Sauveboeuf en Dordogne. Malade, il est sougné à l'hôpital de Périgueux, puis de Bergerac.

Ci-dessous une lettre autographe d'Henri Lagrange adressée à son avocat, datée du camp de Sauveboeuf le 28 juin 1941:

Ses parents sont eux-mêmes arrêtés le 30 juin 1941, jugés par le tribunal militaire de Périgueux en septembre et relaxés.
Henri Lagrange est finalement jugé par la section spéciale du tribunal militaire de Périqueux le 2 septembre 1941 et condamné à 20 ans de travaux forcés et 20 ans d'interdiction de séjour.
Il est ensuite transféré à la prison de Saint-Etienne où sa santé se détériore.
Ci-dessous un dessin réalisé par Henri Lagrange à la prison de St-Etienne :
Début jnvier 1943 il est transféré à l'hôpital de Saint-Etienne où il meurt d'une infection consécutive à une piqûre mal faite.
Son corps est enlevé par sa famille et tranféré clandestinement à Limoges, puis inhumé au cimetière de Linards en présence d'une nombreuse assistance, sous la surveillance de la police.
La mémoire d'Henri Lagrange a été commémorée à plusieurs reprises :
- le 25 mai 1946 son corps est tranféré de sa tombe initiale dans le caveau familial des Lagrange, en présence notamment du ministre de la procuction industrielle Marcel Paul et de Georges Guingouin.
- le 5 octobre 1969, le conseil municipal de Linards décide l'attribution du nom d'Henri Lagrange à une des rues du bourg ; la plaque est posée le 10 novembre et inaugurée le 11 novembre 1969.
- le 14 mars 1993 une cérémonie commémorative en l'honneur d'Henri Lagrange à lieu à l'E.N.P. de Limoges, son ancienne école.
- le 24 avril 1993 sa mémoire est évoquée à l'assemblée générale des Amis du musée la Résistance de la Haute-Vienne en présence de Georges Guingouin.



Edda Mussolini, veuve Ciano (1910 - 1995)

Née à Forli près de Bologne le 1er septembre 1910, Edda Mussolini était la fille aînée du Duce Benito Mussolini.
Elle épousa en 1933 Galeazzano Ciano, comte de Cortellazzo, que son beau-père nomma en 1936 ministre des affaires étrangères de l'italie fasciste. Elle mène à ses côtés une brillante vie mondaine, et rencontre fréquemment les dirigeants étrangers, dont Adolf Hitler.
A la mort de son mari, fusillé en janvier 1944, malgré ses interventions, par ordre de Mussolini sous la pression des allemands (Ciano avait participé au renversement du Duce en 1943 et tenté de négocier avec les alliés), elle se réfugie en Suisse le 9 janvier 1944 avec le célèbre journal de Ciano, puis est remise aux alliés le 30 août 1945.
Elle est alors internée quelques temps aux îles Lipari.
En 1975 elle publia un livre de souvenirs intitulé Témoignage pour un homme (France Loisirs/Stock, 1975)
Au cours des années précédentes, elle effectuait des séjours réguliers dans une maison louée au village de Salas, dans la commune de Linards, avec son fils.
Il est probable qu'elle ait été attirée à Linards par Antoine Blondin qui était lui-même propriétaire à Salas depuis 1969.
Elle cessa ses villégiatures linardaises vers cette même date de 1975 ou un peu après.

Edda Ciano est décédée le 8 avril 1995, agée de 85 ans, dans une clinique romaine, des suites d'une longue maladie.



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