De nombreuses pièces de monnaie du XVI° siècle ont
été découvertes en 1906 et 1907
par M. Dublondet à Salas.
Certaines d’entre elles sont conservées par Mme Suzanne Frugier
(La Maillerie),
avec leur bourse en toile de jute d'origine.
BSHAL 1979 p.238 - M.J.Perrier:
Trésor monétaire du XVI° s. à Linards (lecture
par Mlle Hautebert) -
Au début de Janvier 1906, dans la cour d’une ferme appartenant
à M. Dublondet, au hameau de Salas, commune de Linards, on découvrit
fortuitement un vase de terre dissimulé sous une dalle de pierre.
De ce vase fut extrait un sac de toile grossière qui contenait un
grand nombre de pièces de monnaies anciennes.
L’abbé Lecler, dans son Dictionnaire géographique
et historique du département de la Haute-Vienne, indique que le
poids total de ces monnaies était de deux kilos. « Il y en
avait en or, en argent et en bronze », dit-il. L’enquête menée
après quelques difficultés par deux numismates avertis, le
commandant de Kessling et Louis Royer, avait permis d’étudier ce
lot. Il comprenait en fait de 1000 à 1600 pièces environ,
en espèces de valeur modeste. Mais point d’or... ni de bronze d’ailleurs.
Il y avait quelques douzains en argent de bas-titre. Le reste,
c’est à dire la plus grande partie du lot, se composait de petites
pièces, doubles tournois, deniers tournois, et liards, s’échelonnant
de Louis XI à Henri II. De Kessling et Royer, qui acquirent une
partie du lot, décrivirent à notre Société
606 monnaies (BSHAL. LVI, 1907, p.432-437). Elles révélaient
une grande variété d’origine et une intéressante diversité
de types. Ils notèrent 5 monnaies de Louis XI, 54 de Charles
VIII, 21 de Louis XII, 514 de François Ier, 4 seulement de Henri
II, 7 provinciales du Dauphiné, de Navarre, d’Aquitaine et des Dombes,
et une étrangère de Sébastien de Montfaucon, évêque
de Lausanne. Ils déterminèrent quelques inédits, toujours
d’un grand intérêt pour la numismatique: un dizain de Louis
XII, un double tournois et un denier tournois de François Ier, et
relevèrent 17 pièces frappées par l’atelier monétaire
de Limoges entre 1519 et 1544. Les 4 monnaies d’Henri II permettent de
dater l’enfouissement du vase des premières années de ce
roi.
A peine ces monnaies étaient-elles ainsi étudiées,
au moins en partie, qu’au commencement du mois d’Août 1907, on eut
la chance de découvrir au même point un second vase contenant
plus de 3000 pièces de la même époque. Leur poids total
fut estimé à quatre kilos environ.
Cette nouvelle découverte attira moins l’attention que
la première, et elle est restée méconnue de la documentation
locale. De Kessling put cependant se livrer à son examen, et communiqua
le résultat de ses observations à la Revue Numismatique.
Ce nouveau lot comprenait deux pièces de bon argent, testons
de François Ier en très bel état, l’un frappé
à Paris, l’autre à Romans. Le reste, de moins bon aloi, était
surtout composé de douzains et de blancs, c’est-à-dire d’espèces
de valeur plus élevée que les petites pièces de la
première découverte. Les provenances et les types étaient,
là aussi, très variés: douzains et Karolus ou dizains
de Charles VIII (1483-1498); douzains de Louis XII (1498-1515); douzains
et dizains de François Ier (1515-1547), certains provenant de l’atelier
de Limoges. Parmi les espèces royales, il y avait aussi un certain
nombre de monnaies de bas-aloi: liards de François Ier, hardis,
et quelques doubles tournois.
Le dépôt contenait encore plusieurs centaines de
blancs de Béarn, certains de Catherine (1512-1517), et quelques
Henri d’Albret. Enfin on retrouve, représenté par plusieurs
trésels, Sébastien de Montfaucon, évêque de
Lausanne, déjà présent dans la première découverte.
De nombreux éléments permettent ainsi d’affirmer
que les deux vases découverts à vingt mois d’intervalle (janvier
1906-août 1907) constituaient un seul et même trésor,
enfoui vers 1550 par un propriétaire unique. Il apporte à
la connaissance des espèces monétaires du temps et celle
de leur circulation un élément non négligeable.