LE COUP D'ETAT DU 2 DECEMBRE 1851

Le 2 Décembre 1851, le Président de la République Louis-Napoléon Bonaparte fait arrêter les députés qui lui sont hostiles et s’empare de tous les pouvoirs.

La nouvelle se répand dans les campagnes limousines les jours suivants, et les démocrates-socialistes locaux craignent d’être arrêtés à leur tour :

Jean Dumazeaud dit Jean-Jean (39 ans), propriétaire à St-Bonnet : " Samedi six décembre sur les trois heures du soir, Martial Tixier [de Neuvic], cordonnier, monté sur un cheval rouge se présenta à la porte de ma maison, il me dit que tous les représentants [les députés] avaient été arrêtés, que ça occasionnait un bouleversement général, que si nous entendions sonner ou tirer il fallait tous nous rendre à Neuvic, que nous étions tous perdus. "

Le notaire de Châteauneuf Jean Barbe (43 ans) :   " un homme lisait la proclamation du président de la république qui était affichée et disait : ¾ Le président a bien fait de faire ce qu’il a fait, il n’a que trop tardé. Boussely reprit : ¾ Oh, il pourrait l’avoir fait trop tôt. "

Les socialistes de la Haute-Vienne décident alors de mobiliser leurs sympathisants dans les campagnes et de les former en colonnes armées qui viendront reprendre la ville de Limoges aux bonapartistes ; les démocrates les plus motivés pensent que la Constitution leur donne le droit d’insurrection si la République est menacée :

Ainsi le cordonnier Martial Tixier de Neuvic (22 ans) : " Le vendredi cinq du courant, Garaud est venu chez moi, il me porta le journal et m’apprit que Bonaparte avait violé la Constitution et, comme d’après la Constitution, quand elle est violée chacun a le droit de prendre les armes, je pensai que j’avais ce droit-là. " Garaud envoie ensuite Texier parcourir les villages de Neuvic.

Il va ensuite dans d’autres villages : " Je pris le cheval de Garaud pour aller à La Cheize, commune de Neuvic, chez un nommé Jean-Jean, pour lui dire que la constitution était violée et qu’il avait le droit de prendre les armes. "

M. Delassis, ancien maire de Châteauneuf: " — La Constitution est violée , nous voulons rentrer dans nos droits, les plus hauts magistrats nous ont servi d'exemple en donnant leur démission ; nous devons nous trouver demain à Limoges et nous nous y trouverons, c'est une démonstration pacifique que nous voulons faire."

Les insurgés sont encadrés par des émissaires venus de Limoges :

Pierre Bouneix, cabaretier à Limoges: " Je voulais ramener les paysans à Limoges pour nous compter et savoir ce que nous sommes; savoir si on doit nous traiter comme des bêtes de somme. D’ailleurs je voulais défendre la république et suis républicain "

Bouneix essaie de rallier, de St-Paul à Linards, les ouvriers et artisans qu’il rencontre:

[Bouneix], qui avait une espèce de ceinture rouge et qui avait à la main une espèce de grand couteau de cuisine, s’adressa à des scieurs de long : ¾ Prenez votre hache et suivez nous, leur dit-il, vous serez bien nourris, vous mangerez des poulets et des dindons, et vous boirez du Champagne et du Bordeaux et il ne vous en coûtera rien. Ce n’est pas aujourd’hui mais c’est demain que nous ferons le grand carnaval.

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