L'INSURRECTION, DE ST-PAUL A LINARDS

Le vendredi soir 5 décembre 1851 à onze heures, l’entrepreneur Mazaud, accompagné de Bouneix et de trois ouvriers, arrive au village d’Aitrat situé à un kilomètre de St Paul. Son idée est de réunir ses ouvriers qui travaillent sur la route en construction entre St Paul et St Hilaire, puis d’investir ensemble St Paul pour rameuter les habitants.

Michel Beyrand (22 ans) : " Je suis un des ouvriers de Mazaud. J’étais couché avec deux de mes camarades chez un particulier appelé chez Eloi et qui demeure au lieu de La Gratade commune de St Hilaire. Cinq ou six individus parmi lesquels était Mazaud sont venus nous réveiller en nous disant qu’il fallait les suivre, de force ou de bonne amitié. Il s’agissait, suivant eux, d’aller à Limoges pour savoir combien nous étions...

Etienne Félix Faugeras-Lavergniolle (27 ans) notaire à St-Paul [fils du maire]: " Le samedi six du courant, il n’était pas jour, je suis allé sur la place, j’ai vu des gens armés de faux et de fusils; j’ai entendu dans un groupe dire qu’on passerait dans chaque maison pour inviter les habitants à suivre le mouvement. J’ai entendu dans un autre groupe un orateur dont je n’ai pu distinguer les traits, revêtu d’une blouse grise, déclamant contre la bourgeoisie et invitant les paysans à se soulever...

Antoine Rivet (44 ans) cultivateur à La Gorce, commune de St Bonnet. " Dans la matinée du six du courant nous étions à manger les châtaignes lorsque deux individus étrangers à la localité suivis de quelques paysans que je ne connais pas, se sont présentés dans le village. Ils étaient armés. Ils nous ont dit qu’il fallait marcher avec eux. Nous nous sommes rendus à St Bonnet la Rivière... Les individus qui sont venus nous prendre dans le village disaient qu’il fallait marcher pour la liberté sans s’expliquer davantage. L’un d’eux prit une fourche qui était devant ma grange et me la mis sur l’épaule... "

Lettre du maire de St-Bonnet au Préfet. " Une horde de sauvages, des socialistes viennent de Limoges. Un nommé Bouneix chef de cette bande est venue cette nuit à St-Paul de là à St-Bonnet. On m’a porté le pistolet sur la poitrine en m’intimant l’ordre de donner la clef de l’église. Seul contre tous il a fallu obéir. On s’est emparé du tambour de la commune qu’on a enlevé pour se diriger sur Linards. Veuillez, monsieur le préfet, nous envoyer de la troupe pour dissiper le rassemblement qui grossit au fur et à mesure qu’il traverse la commune. Je vous donne avis de ce qui se passe comptant que l’ordre par votre zèle triomphera. "

Noualhier Paul Gabriel François (38 ans), propriétaire à Linards: " Nous fûmes tranquilles jusque vers deux heures, à ce moment on me fit prier de descendre dans le bourg. On me dit qu'une bande de deux cent hommes arrivait; je vis effectivement de chez moi cette bande qui me paraissait composée de cent cinquante hommes au milieu desquels on distinguait un drapeau rouge...

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