HERITER, EN 1776

En juillet 1776 le notaire se rend à Mairas et dresse l’état des biens du défunt Jean Martinot qui était journalier. Il possédait une maison et environ cinq hectares ce qui l’obligeait à se louer pour faire vivre sa famille.

La maison
Un rez-de-chaussée avec une cuisine et une chambre, à l’étage une deuxième chambre et un grenier. En pierres brutes sans crépis à l’exception d’une chambre, le toit en tuiles romaines, une porte en deux parties, ferrée, avec une serrure. Le pignon de la maison menace ruine.
 La cuisine : pavée de pierres, une table, deux bancs, deux lits, une armoire à deux battants fermant à clé, un coffre avec deux draps de lit, une huche à pétrir, une crémaillère, un pot en fonte, deux seaux dont un hors d’usage, un broc de terre pour porter l’eau, un tamis pour la farine, une planche pour poser la pâte, une pelle à enfourner la pâte, un dévidoir pour faire des écheveaux de fil, une pioche, un fauchon de faux, quatre paillons, une hache, un hachereau.
 La chambre du rez-de-chaussée : seulement un grabat avec de la paille dessus.
 La chambre du premier étage : vide
 Le premier grenier : quatre ruches, six palisses vides en paille pour mettre du grain chacune d’une contenance d’environ 50 kg, une mesure à grains, une panière à fromage, une échelle.
 Le deuxième grenier : vide
La grange : Couverte de paille presque pourrie, un grenier à foin, des colliers pour bestiaux, deux roues. Ni foin, ni bête.
Les jardins : Trois petits jardins fermés par des haies où poussent  pois,  choux, haricots. Une chènevière avec deux pommiers, un noyer, un poirier, quelques cerisiers, du chanvre et du mil.
Un pré : Fermé d’une haie vive, il contient 72 petites meules de foin qui font environ 30 quintaux.
Les terres cultivées : Cinq d’entre elles sont semées de blé noir, dans les autres le seigle et le froment sont en épis mais en partie pourris. Toutes les terres sont clôturées d’arbres.
Un bois : Moins d’un demi-hectare de châtaigniers en mauvais état. On trouve également trois noyers sur une des terres cultivées.
Les chaumes : Quelques chaumes improductives exceptée l’une d’elles qui porte 5 à 6 quintaux de foin. Sur ces terres le bétail peut venir paître, en attendant qu'elles soient de nouveau mises en culture.

 Transcription de l'inventaire du 15 au 19 juillet 1776. (ADHV 4 E 43)

Aujourd’hui quinzième jour du mois de juillet mille sept cent soixante seize au bourg paroissial de Linards Haut Limousin par devant nous m° Jean Louis Chaussade notaire royal héréditaire en la sénéchaussée de Limoges soussigné est comparu Jean Martinot marchand demeurant au village Dauzied [Oziers] de Haut paroisse de St Vitte. Lequel nous a dit et exposé que par procès-verbal fait devant le sieur Morin, lieutenant de la juridiction de Pierre Buffière, le vingt deux juin dernier, signé à l’expédition Lagrange, greffier, il a été décerné tuteur conjointement avec Léonard Martinot, son père, à Martial, François et Léonard Martinot, enfants mineurs impubères à feu Jean Martinot, vivant journalier au village de Mairas paroisse de Linards et de Gabrielle Reillat. Et que par procès-verbal du douze du courant il a accepté ladite tutelle et que le même jour il a donné une requête à Mr le juge de ladite juridiction de Pierre Buffière tendante à ce qu’il luy plut permettre à icelui comparant de faire procéder à l’inventaire du mobilier dépendant de la succession dudit feu Jean Martinot ainsi qu’au procès-verbal de l’état des bâtiments et biens immeubles dépendants de la même succession par tel notaire qu’il plairait audit sieur juge de nommer et sur le rapport de tel expert qu’il voudrait nommer et par icelluy comparant appeler les parties intéressées par une affiche publique apposée à la principale porte de l’église paroissiale de Linards le dimanche qui précéderait le commencement dudit inventaire, laquelle requête a été répondue le douze du courant signée Moyen qui permet audit comparant tant à l’inventaire qu’au procès-verbal requis par notre ministère par quoi nous avons été sommés et sur le rapport de tel expert qu’il nous plairait de choisir. Lequel serait tenu de prêter le serment en tel cas requis entre nos mains à quoi nous aurions été autorisé par ladite ordonnance et par icelluy comparant faisant faire affiche à la principale porte de l’église paroissiale dudit Linards pour appeler les parties intéressées. Ce que le comparant a fait par acte du jour d’hier signé Lacroix huissier royal contrôlé.
En conséquence de tout quoi ledit comparant nous requiert de nous porter au village de Mairas pour faire inventaire du mobilier et procès-verbal des immeubles et bâtiments délaissés par ledit feu Jean Martinot ce jourd’huy à huit heures du matin pour commencer ledit inventaire en présence des parties intéressées et faute par elles de comparaître dire et donner défaut contre elles et ensuite vaquer aux formes [des]ordonnances ce que nous lui avons accordé et lui avons sur son requis concédé acte de son exposé et a dit ne savoir signer de ce enquis et interpellé.
signé Chaussade

Et advenant ledit jour quinze juillet mille sept cent soixante seize à sept heures du matin nous notaire royal soussigné accompagné de nos témoins bas nommés au requis dudit Martinot nous nous sommes portés audit village de Mairas susdite paroisse et avons mandé à Antoine Gerald m° entrepreneur demeurant au bourg paroissial de La Croisille et étant arrivé audit village de Mairas sommes entrés dans la maison où est décédé ledit Martinot où étant, ledit Gerald s’étant rendu sur notre requis et attendu que nous sommes autorisés à recevoir le serment de l’expert nécessaire avons reçu le serment dudit Gerald en tel cas requis après qu’il nous a là dit être âgé d’environ quarante huit ans. Et de suite au requis dudit Martinot avons donné défaut contre toutes parties intéressées audit inventaire et procès-verbal vu qu’il ne se sont présentés et qu’il est échu deux heures au-delà de celle portée par ladite assignation à l’exception de ladite Gabrielle Reillat mère desdits mineurs et de Jacques Faucher journalier son second mari demeurant en la présente maison qui se sont présentés et ont dit vouloir assister audit procès-verbal et inventaire après que nous nous leurs avons eu dit le sujet de notre transport, sous les protestations qu’ils font par ces présentes de leurs droits et hypothèques qu’ils se réservent expressément et de suite ledit Martinot les a sommés verbalement de représenter les meubles et effets dépendants de la succession dudit feu Martinot ce qu’ils ont dit vouloir faire sans préjudice de leurs dits droits et à l’instant étant dans ladite maison ladite Reillat nous a dit que les habits du défunt son premier mari avaient été employés pour habiller Mathurin Martinot son frère et lesdits mineurs et que de ses chemises qui étaient presque usées elle en avait fait pour lesdits enfants. Elle nous a représenté les meubles qu’elle a en son pouvoir et qu’elle a dit être les mêmes que son dit mari a laissé et n’en savoir d’autres que ceux ci après détaillés.
Premièrement dans la cuisine de ladite maison une petite crémaillère de fer soutenue par une barre de bois, plus un mauvais pot de fonte, d’un seau qui a un pied cassé, un mauvais seau hors d’état de servir, avec un godet au même état, plus un broc de terre commune dont elle a dit se servir pour porter l’eau, plus un mauvais bois de lit de grosse charpente garnis d’un peu de paille et d’un mauvais lit avec son trou..sin de mauvais coutils d’étoupes garnis de balle d’avoine plus un autre châlit de même façon que le précédent et garnis de même, une armoire à deux battants avec ses clés et une mauvaise serrure avec sa clé. Le tout très mal construit en bois de cerisier dont il y a un pilier de cassé, plus deux mauvais bancs et une mauvaise table de grosse charpente, plus un mauvais coffre presque usé où il s’est trouvé deux mauvais draps de lit de toile d’étoupes mis usé et ladite Reillat nous a dit que dans le temps qu’elle s’était mariée avec ledit Martinot il y avait d’autres linges mais que son dit mari ayant resté longtemps malade il les avait usé ou vendu pour sa subsistance. Dans lequel coffre il n’y a d’autres meubles que quelques vieux papiers dans trois petits sacs dont nous feront détail ci-après, et ledit m° entrepreneur nous a fait voir que ledit coffre a ses bandes cassées et sans serrure ni clé. Plus un mauvais fauchon de faux avec sa ferre plus quatre paillons mis usés une pelle à enfourner la pâte, plus une hache mi usée et un mauvais hachereau, une mauvaise pioche, plus une mauvaise huche à pétrir, une mauvaise armoire de trois planches brutes accolée au mur plus une autre mauvaise huche ou coffre sans couvercle plus un dévidoir à faire les écheveaux, presque usé, plus une mauvaise paillasse à bluter la farine plus une planche à mazerer la pâte qui sont tous les meubles et effets qui se sont trouvés dans la cuisine de ladite maison.
De là sommes montés accompagné dessus dans le grenier au-dessus de ladite cuisine où étant n’y avons trouvé que quatre ruches six palisses de paille clissée à mettre les grains de contenance de chacune un setier sans aucun grain dedans une mauvaise quarte à mesurer les grains une mauvaise panière à mettre les fromages et une échelle de six marches sans aucune espèce de grains. De là sommes été dans une chambre à rez-de-chaussée à côté de ladite cuisine où il n’y a aucun meuble qu’un mauvais grabat composé de peaux avec un peu de paille dessus. De là sommes monté dans une chambre au-dessus de cette dernière où il n’y a aucun meuble. De là sommes monté au grenier qui est au-dessus de ladite chambre où nous n’y avons trouvé aucun grain ni meuble et vu qu’il est déjà une heure de relevée nous nous sommes retiré et avons remis la continuation du présent inventaire à deux heures de relevée de ce jourd’hui à toutes parties intéressées demeurent assignées et ont lesdits Martinot, requérant, Gerald, expert, Gabrielle Reillat et Jacques Faucher déclaré ne savoir signer de ce interpellés lecture faite et nos témoins ont signé avec nous.
Signé : Villevialle, Sautour, Chaussade

Et advenant ledit jour quinze juillet mil sept cent soixante seize à deux heures de relevée au requis ledit Martinot accompagné de nos témoins bas nommés nous notaire royal soussigné nous sommes rendus derechef dans la maison dépendante de la succession dudit Martinot où étant vu qu’il ne s’est présenté personne des intéressés à ce présent inventaire que lesdits Reillat et Faucher avons contre les autres donné de fait au requis dudit Martinot et de suite continué ledit inventaire. Et avons été dans la grange dépendant de ladite succession étant n’y avons trouvé d’aucune espèce de bestiaux et après avons demandé à ladite Reillat et son mari si ils en savaient qui appartinssent à ladite succession icelle Reillat a affirmé moyennant son serment que son premier mari avait tout dissipé et vendu et qu’il l’avait laissée sans aucune ressource.
Quoi vu nous sommes retournés à la maison où étant avons fait sommation verbale au requis dudit Martinot à ladite Reillat et son mari de nous représenter les trois petits sacs trouvés dans ledit coffre lesquels à l’instant nous les ont mis en mains dans l’un desquels s’est trouvé un vieux rôle de vingtième et quelques vieux chiffons de papiers très inutiles que nous avons remis dans le même sac et mis entre les mains de ladite Reillat plus dans l’autre plusieurs quittances des rentes du ténement de Fégenie que nous avons trouvé signés Perry de Linards lequel nous avons coté par lettre A.
Plus dans l’autre sac une expédition d’un contrat d’antichrèse d’un pré appelé du Pradillou pour la somme de quatre cent livres par Jacques et Léonard Delouis oncle et neveu laboureurs à Mairas à noble François de la Poumeille [la Pomélie] écuyer seigneur de Trignac du dix sept janvier passé devant Rouchaud passé mil six cent soixante dix huit coté par lettre B.
Plus une collation d’un accensement fait par Hugues Bruni seigneur de Pierre Buffière à Jean Dor de Neuvillars du ténement de Mairas du 5 mars 1480 signé ????? et à ladite collation Morin notaire royal du 3 septembre 1759 contrôlé par lettre C.
Plus un bordereau de l’arpentement des propriétés de Jacques Delouis de Mairas dans le ténement de Fégenie du mois de mars 1702 signé Dechaumeix arpenteur royal coté par lettre D.
Plus une quittance concédée par Pierre Delouis et Léonard Barière son beau-père à Jean Delouis de la somme de cent vingt livres du 11 juillet 1735 passée devant Bourdelas notaire à Linards contrôlé et coté par lettre E.
Plus une quittance de la somme de quarante six livres consentie par Maturin Filloulaud en faveur de Jean Delouis en déduction de dot du 20 avril 1742 passée devant Chaussade notaire contrôlé et cotée par lettre F.
Plus une vente consentie par Léonard Mauraux en faveur de Jean Delouis et Léonard Martinot le six mars 1746 passée devant Chaussade notaire contrôlé coté par lettre G.
Plus une antichrèse de fonds au village de Mairas moyennant la somme de douze cent livres consentie par Jean Delouis vitrier de Limoges et Françoise Echau?? sa femme en faveur de Léonard Martinot le trente un mai 1753 passée devant Martinot notaire royal à St Méard contrôlé et insinué coté par lettre H.
Plus une quittance de la somme de quatre cent trente six livres par le prix de ladite antichrèse par lesdits Delouis et sa femme dudit feu Léonard Martinot le quatre décembre 1753 passée devant Thomas notaire royal à Limoges contrôlé coté par lettre J.
Plus une quittance sous signature privée de la somme de cent cinquante livres signée Goudin en faveur dudit Léonard Martinot en date du 18 décembre 1754 contrôlé le 12 avril 1755 à Limoges par Baget côté par lettre K.

Retour au sommaire de l'exposition de 1999


 
Free Web Hosting