Comme le remarque Claude Daadoun en avant-propos à son histoire de la commune de Blond en 1789-1795, l’historien local est souvent fasciné et découragé à la fois par la période révolutionnaire ; le désir de savoir comment les limousins ont pu vivre au quotidien les événements est contrecarré par le sentiment spontané que les habitants d’une paroisse rurale, presque tous illettrés, isolés par de mauvais chemins et surtout préoccupés de leur simple survie alimentaire, n’ont pu suivre que de très loin, avec retard et sans bien les comprendre les bouleversements politiques et sociaux conduits surtout par le peuple des villes et une mince élite intellectuelle.
Ce sentiment est d’abord conforté, en ce qui concerne la commune
de Linards, par la minceur des sources : des documents essentiels comme
le cahier de doléances de 1789 ou les registres de délibération
des premières municipalités n’ont pas été conservés,
la commune n’apparaît dans aucun des événements marquants
relatés par les annales de la période.
Cependant une collecte de documents surtout d’ordre administratif à
travers les archives d’autres institutions (notamment le district de Saint-Léonard)
en rapport avec la commune permet de rassembler un certain nombre d’informations,
disparates au premier abord, mais qui permettent d’identifier les principaux
acteurs de la vie politique et sociale, et leurs opinions dans une certaine
mesure. Elles dissipent surtout radicalement le préjugé d’isolement
et d’ignorance des habitants.
La municipalité échangeait de fréquents courriers
avec le district pour régler des questions variées ; ces
archives abordent avant tout des problèmes de réquisitions
de grains, d'élections, d'enrôlement militaires, de secours.
Elles démontrent que la commune, relativement bien dotée
en personnel compétent, est très bien informée des
évènements nationaux et y réagit assez habilement
en fonction de ses propres intérêts.
Il a été fait appel à d'autres archives pour évoquer
les biens nationaux, les questions religieuses et des rentes d’apparence
féodale qui ont continué à être payées
bien après la fin de la Révolution.
Compte tenu de la nature des sources et pour ne pas surcharger le texte
de dates et de références aux évènements nationaux,
que nous supposons connus du lecteur avec l’aide d’une chronologie comparative
placée en annexe, nous avons divisé l'ouvrage en trois chapitres
(vie publique, vie économique et mentalités) regroupant des
textes relevant du même thème.
Pour rester fidèles à notre méthode de publication
intégrale des sources, nous renvoyons en annexe les documents les
plus longs.