La vie quotidienne au XVIII° siècle
d'après les inventaires du notaire de Linards

Résumé

La lecture des inventaires après décès offre de nouvelles découvertes que les textes étudiés auparavant passaient sous silence. Ce type de documents nous montre, malgré la sécheresse de la description, la réalité quotidienne. Les manières de se nourrir, de se loger ou de s’habiller nous apparaissent grâce à la liste des outils, des vêtements ou des réserves alimentaires. Ce qui n’existe pas dans ces inventaires révèle également des habitudes quotidiennes surprenantes pour nous comme l’insuffisance des sources de lumière, l’absence, en dehors de la cheminée, de moyens de chauffage.

Malgré un nombre réduit d’inventaires, et sans oublier les limites de ce genre de documentation, largement signalées par les historiens, nous croyons pouvoir en tirer un reflet assez véridique de l’environnement des habitants pendant la deuxième moitié du XVIII° siècle.
Les dix-sept inventaires qui s’échelonnent de 1773 à 1798, sont de longueurs variables, dactylographiés ils font de une à dix pages. Ce type d’acte notarial est rare, moins d’un par an en moyenne alors qu’il sera deux fois plus fréquent dans la première moitié du XIX° siècle. Le notaire Jean-Louis Chaussade, accompagné des deux témoins requis et sachant signer, souvent les mêmes, se rendait au domicile à inventorier pour un travail qui durait, soit quelques heures, soit plusieurs jours pour les plus importants. Arrivés sur les lieux il y retrouvait des membres de la famille et les experts, des maçons ou des paysans des environs, qui estimaient la valeur des bâtiments, des bestiaux et des autres biens. Il lui était demandé soit un inventaire proprement dit soit une description sommaire.
Le travail du notaire semble toujours très minutieux, des objets expressément dépourvus de toute valeur monétaire ou d'usage étant consciencieusement notés, ou rajoutés s'ils avaient d'abord été négligés.
La fantaisie apparente des notations recouvre en fait une codification utilisée rigoureusement par le notaire et les experts pour évaluer la vétusté des éléments du patrimoine et donc leur valeur marchande : chaque objet est qualifié, par valeur décroissante, de presque neuf, assez bon, à demi-usé, plus qu'à demi-usé, presque usé, hors d'état de servir, ne valant rien, ou même de presque pourri, la verve du notaire allant croissant pour décrire les derniers états de décrépitude. Mais n'essaie-t-il pas ainsi de forcer son langage juridique pour faire passer son sentiment devant la réalité souvent misérable qu'il observe ?

 Nous renvoyons le lecteur à la lecture des textes eux-mêmes en annexe, pour le plaisir des nombreuses allusions à la vie quotidienne qui ne peuvent apparaître dans l'étude comparative et statistique qui suit.

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