TERRE ET SOCIETE A LINARDS D'APRES L'ETAT DES FONDS DE 1754 ET MICRO-TOPONYMIE


Résumé

Un début de réforme du principal impôt direct, la taille, fut introduit en Limousin par l’intendant Tourny dans la décennie 1730-1740. Cette taille tarifée, plus équitable, nécessitait de mieux connaître les revenus des imposables. Pour cela il fut décidé de fabriquer ce qu’on peut appeler un cadastre, dénommé Etat des Fonds, permettant de connaître l’étendue et la valeur des biens des personnes résidant dans chaque paroisse.

L'Etat des Fonds de la paroisse de Linards est conservé aux Archives Départementales de la Haute-Vienne, sous forme de cinq gros registres, sous la cote Dépôt 86/G1 - G5 (Cf. premier registre page suivante).
A la suite d’une délibération des habitants de Linards au cours d’une assemblée paroissiale qui a dû se tenir à l’issue de la messe dominicale, l’arpentement, c’est à dire le mesurage, de la paroisse a été décidé. Cette décision fut acceptée par une ordonnance de l’intendant du 24 avril 1754. A cette époque l’intendant s’appelait Jacques-Louis Chaumont de la Millière. Il administra le Limousin de 1751 à 1756 et ordonna 50 arpentements durant cette période. Le géomètre qui a prêté serment se nommait André Dupuygrenet et demeurait à quelques kilomètres, à Magnac.
Il débuta son travail le 8 mai 1754 accompagné de cinq experts, André Barget syndic de la paroisse, Joseph de la Maisongrande, Guillaume Boudou, Pierre Sissou et Pierre Regnaud (tous quatre laboureurs à Blanzat), dénommés principaux habitants.

Les Intendants avaient précisé un mode de calcul complexe des revenus des parcelles, tenant compte du mode l'assolement (en principe biennal en Limousin), de la qualité de la terre et du type de culture qu'elle supportait. L'Intendant Turgot en particulier tenta d'affiner ces critères en y intégrant le coût des semences, et en répartissant le revenu entre propriétaire et exploitant dans le cas du métayage.

Mais en pratique l'exactitude du calcul du revenu était secondaire, puisque l'impôt continua jusqu'à la Révolution à être réparti arbitrairement entre les provinces, puis entre les paroisses. L'important était que le calcul soit fait pour tous sur la même base, et que la répartition finale entre contribuables de la paroisse soit équitable.

L'emplacement exact de la parcelle ne peut être établi, en l'absence de représentation graphique. Il serait possible de le préciser dans certains cas : les parcelles portant un bâtiment remarquable, un étang, un moulin, ou bien celles dont le nom a été reconduit sans équivoque dans les plans ultérieurs, en particulier les plans féodaux de la fin du XVIII° siècle . Pour les autres, l'appartenance au terroir d'un village indiqué par l'arpenteur, jointe à la signification de leur nom (accident de terrain, cours d'eau) pourrait également permettre une localisation hypothétique.

Nous nous contenterons dans cet ouvrage d'établir quelques observations statistiques tirées des indications de l'arpenteur, relatives à la répartition de la propriété foncière, à l'utilisation des terres (cultures et élevage), et à la dénomination des parcelles.

 


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