Une histoire express de Linards
-
Le territoire de l’actuelle commune de Linards a été fréquenté
par l’homme dès le premier millénaire avant notre ère,
comme en témoignent cinq haches en pierre polie de l’ère
néolithique découvertes près des villages de Bonnefont,
Mazermaud et Le Nouhaud, et aussi un ou deux tumuli (tertres funéraires)
difficiles à localiser aux Pueix et au Grand-Bueix.
-
La période gallo-romaine semble avoir connu une intense occupation
révélée par les noms de nombreux villages, et aussi
par une monnaie de Marc-Aurèle trouvée dans le bourg, et
des sépultures : un coffre funéraire découvert au
Nouhaud, un autre conservé au Buisson, et des tuiles à rebord
provenant sans doute d’une nécropole proche d’Oradour.
-
Les mérovingiens ont laissé un tiers de sou d’or retrouvé
à Oradour. La concentration des trouvailles archéologiques
autour de ce village est due au croisement d’une ancienne route ou «
pouge » allant des vestiges gallo-romains du Chalard près
Châteauneuf à Limoges, avec une autre voie de St-Léonard
à la Croisille et sa grande villa gallo-romaine.
-
C’est à cette époque, vers le VIII° siècle,
que la nouvelle paroisse de Linards reçoit son territoire resté
depuis inchangé et son nom, orthographié Alinardus (nom d’un
propriétaire du lieu), Alhinars, Linarius et enfin Linars (Le «
d » final actuel n’a été ajouté qu’au début
du XIX° siècle). L’église est alors consacrée
à St-Martin. Les « pierres de St-Martin » de Boulandie
et de Salas, objets de la piété populaire jusqu’au XX°
siècle, sont alors ainsi baptisées en continuité d’un
culte certainement plus ancien.
-
Vers l’an 1000 l’habitat rural est caractérisé par
de curieux souterrains, propres au Limousin, dont quatre ont été
localisés sur le territoire de Linards, à Manzeix,
Puy-Larousse, Sautour-le-Petit et Fégenie.
-
Les premiers documents écrits concernant la commune sont des
donations de terres aux monastères voisins de Solignac, Aureil,
l’Artige, à partir de 1100. Le territoire de Linards est alors divisé
entre deux seigneuries, celle de Lajaumont au nord de la « pouge
», celle de Linars au sud. Cette dernière est attribuée
en 1354 à la famille de Gain qui la conservera sous les titres de
baronnie puis de marquisat jusqu’à 1775.
-
Les seigneurs de Lajaumont prennent part aux combats de la fin de
la guerre de Cent Ans : à la Noël 1424, Jean de Lajaumont,
allié des bourgeois de Pierre-Buffière, engage un combat
contre les brigands de Chalucet tandis qu’en 1427 les brigands de Chalucet
ravagent Aigueperse et Lajaumont.
-
De la fin du XV° siècle à la Révolution,
Linards est un gros bourg seigneurial d’importance croissante. Autour de
la brillante cour des marquis de Gain gravitent curé, vicaire, précepteur,
notaire, juge, greffier, sergent, chirurgien, aubergistes.
-
Quelques industries mêmes sont attestées : un moulin
à foulon pour le drap et le papier à la Maillerie, des forges
près du Pont de Piquet, des tuileries. Cette activité économique
est attestée par les 4500 pièces de monnaie du XVI° siècle
découvertes à Salas.
-
L’église, romane d’origine, est plusieurs fois remaniée
par l’adjonction de chapelles, aux XV°, XVII° et XVIII° siècles,
et par l’érection de son très rare clocher-logis.
-
De cette prospérité relative témoigne dans ses
mémoires le philosophe et encyclopédiste Marmontel, précepteur
au château de Linars en 1740.
-
En 1789 les notables locaux s’engagent résolument dans la
Révolution. Le notaire Chaussade est élu à l’assemblée
du Tiers-Etat du Limousin, puis au Conseil Général. Le curé
Gay de Vernon, élu premier maire de Linards, se défroque
et fait la chasse aux prêtres réfractaires. Les tours du château
féodal sont rasées.
-
Cet engagement républicain se renouvelle le 6 décembre 1851
contre le coup d’état de Louis-Napoléon : tandis que Denis
Dussoubs meurt sur une barricade parisienne, les insurgés
de Linards et des communes voisines, sous l’impulsion du notaire Faucher,
affrontent les hussards bonapartistes dans le bourg. Les survivants recevront
une pension de la III° République jusqu’après 1918.
-
Le début du XIX° siècle est difficile, la commune pauvre
et les conditions de vie précaires ; en 1865 encore une épidémie
de dysenterie ravage la population. Mais comme toutes les communes rurales,
Linards connaît une ère de prospérité et d’expansion
démographique à la veille de la guerre de 1914-1918. La population
de la commune atteint son maximum historique avec 2133 habitants en 1891.
Les routes sont tracées, des tuileries sont installée à
Fégenie, Mazermaud, Montaigut ; un moulin à vent est même
construit près de Ribière, mais l’économie est surtout
animée par de très nombreux artisans.
-
Amédée Tarrade, maire de 1909 à 1919, donne au bourg
sa physionomie actuelle en projetant ou en construisant les écoles,
la Poste, l’actuelle place du 8 mai et la gare du tramway départemental
en 1912.
-
Cette expansion est brisée par la guerre, il faudra attendre
1936 pour voir aboutir l’adduction d’eau, la construction des écoles
et des lavoirs municipaux ; mais les foires aux bestiaux garderont leur
importance jusque dans les années 60.
-
En 1944 le chef de la Réisitance limousine Georges Guingouin
établit à plusieurs reprises son quartier général
sur la commune de Linards, en particulier à Lajaumont.
Retour au sommaire