Aujourd’huy vingt septieme septembre mil sept cent quatre vingt six,
a huit heures du matin, au château de Linars, paroisse dudit Linars,
par devant nous Joseph Fournier conseiller du roi commissaire général
des saisies réelles du Limousin, doyen des notaires de la ville
de Limoges, capitalle de la province. Présents les témoins
soussignés. Est comparu Messire Léonard Bourdeau Ecuyer Seigneur
de Lajudie, Villoutreix, Choutardie et autres lieux, demeurant en ladite
ville de Limoges, rue Cruchedor, paroisse de St Pierre.
Lequel , a requis, comme il fit dès le jour d’hier, notre transport
au présent château, et nous a exhibé et mis en main,
l’arret de la cour du parlement de Bordeaux, rendu le deux septembre, par
suitte celluy du vingt dudit présent mois, pour lequel, et deux
précédents des dix mars, et vingt un août derniers,
qu’il nous a aussy exibés, l’adjudication de la terre seigneurie
de Linars, avec ses domaines, pré clôture, cens rentes dîmes
et autres dépendances, a été faitte, en sa faveur,
ainsi que le fief de Salles paroisse de Voutezac Bas Limousin, comme aussy
luy a été adjugé par les mêmes arrets les fruits
pendants par les branches et racines, échus, et a échoir,
dans les mains des vassaux et emphiteotes d’immeubles, colons, et autres
en quoi que le tout puisse consister, sans aucune exception, sauf des objets
distraits par l’arret du vingt cinq avril mil sept cent quatrevingt cinq,
et de la même manière portée par ses surenchères
des huit mars, quatre juillet derniers, et autres subséquentes,
des mêmes arrets. Le seigneur comparant a consigné le prix
porté a chaque adjudication, entre les mains du sieur receveur des
consignations près la cour dudit parlement, la dernière consignation
[mot illisible] du dernier arret, de la somme de trois cent cinquante sept
mil livres, a été faitte le vingt du courant. Et comme il
a convenu faire connaître audit sieur Grégoire Garraud bailliste
judiciaire des dites terres de Linars et fief de Salles lesdits arrets,
le seigneur comparant aurait par exploit du vingt cinq du présent
mois de Dussoub huissier, fait signifier yceux audit Garaud, pour qu’il
n’enpretendit [sic] cause d’ignorance. Et par le même acte a été
sommé d’avoir à quitter et abandonner tout present comme
en faveur dudit seigneur comparant la libre et réelle possession
avec la jouissance de tous les susdits biens, compris en son bail, et dans
les susdits arrets d’adjudication, au surplus la fait assigner, toujours
par le même exploit, pour se trouver ce jourd’huy heure présente
audit château de Linars, pour en voir prendre audit seigneur comparant
possession réelle et effective par suitte des précédents
proces verbaux de mise en possession, et pour voir dresser état
et procès verbal des biens et fruits notament de ceux récoltés
dans la présente année, qui devront et pourront se trouver
dans les granges, greniers, et bâtiments de la dite terre de Linars,
sans préjudice audit seigneur, en cas que la totalité des
dits fruits ne s’y trouvent point d’en demander un compte et remise et
[mot illisible] le payement de leur légitime valeur, luy est enfin
fait inhibition [mot illisible] par ledit acte du vingt cinq de ce mois,
en vertu des dits arrêts, de s’immisser davantage dans la possession,
la jouissance [mot illisible] partie desdits biens et fruits, aux peines
de droit, comme du tout plus au long appert du susdit exploit. En conséquence
et attendu que ledit Garraud est icy présent, pour assister au procès-verbal
[mot illisible], ledit seigneur comparant requiert que nous ayons a y vacquer
de suitte, sous toutes réserves et protestation de fait et de droit
et a signé.
BOURDEAU DE LAJUDIE
Nous avons donné acte audit seigneur de Lajudie de son exposé
et faisant droit de son requis, vû les susdits arrets, et ledit exploit
d’assignation, avons pareillement donné acte de la comparution personnelle
dudit Garraud bailliste, qui a dit qu’il ne s’opposait point à la
prise de possession de M. Bourdeau de Lajudie, ny ne refusait point de
lui laisser la libre jouissance de tous les objets dépendants de
la terre de Linars, a néanmoins fait toutes ses réserves
et protestations pour les objets qu’il soutient luy appartenir, et a exposé
à Mr Bourdeau, que la décision d’yceux serait impraticable,
ce qu’il serait plus expédient de luy laisser continuer la jouissance,
jusqu’à l’expiration de son bail, quoy vû par ledit
seigneur de Lajudie, a déclaré consentir a ce que ledit Garraud
continue la jouissance de son bail jusqu’à son expiration, en ce
qu’il luy en payera le prix, ce que de son côté il tiendra
quitte ledit Garraud, et le fera tenir quitte du montant d’ycelluy et de
ses accessoires envers et contre tous, ce qui a été accepté
par ledit Garraud, et de son consentement avons mis et mettons ledit seigneur
de Lajudie, en la réelle et effective possesion de ladite terre
de Linars, ses circonstances [ ?] et dépendances, cens, rentes,
dîmes, droits, devoirs seigneuriaux, honorifiques, domaines, métairies,
moulins, pré clôtures, château, et generallement de
tous autres objets quelconque qui luy ont été adjugés
par lesdits arrets tels qu’ils sont énoncés dans yceux, et
par la saisie réelle, et ce par la libre entrée dudit château,
et des autres bâtiments de ladite terre, et par toutes autres cérémonies
en pareil cas uzitées. Ce fait ledit seigneur de Lajudie a déclaré
que ledit château, jardin, enclauds, pré clôture, bois,
étangs, four banal, moulin, métairies, cens, rentes, dîmes,
droits de justice et honorifiques et ceux d’échange, ensemble tous
autres droits réels, compris et détaillés en la saizie
réelle, sont de valeur de deux cent soixante cinq mil livres, dont
pour les fonds relevant du roy, a cause de son vicomté de Limoges,
deux cent cinquante trois mil quatre cent livres, et pour ceux qui sont
de la fondalité de la prévôté de Linars, ou
des représentants ycelle, douze mil livres, pareillement a déclaré
que tous mobiliers morts et vifs, consistant aux [mot illisible] de bestiaux,
outils arratoires, qui sont dans les métairies et pré clôture,
suivant la saisie réelle et le proces verbal fait a la requete du
sieur Rougier premier bailliste, les foins, pailles et engrais, avec la
récolte de l’année courante adjugée audit seigneur
de Lajudie par les susdits arrets, lesdits mobiliers morts et vifs détaillés
par le procès-verbal du premier du courant, sont de valeur de seize
mil six cent livres, de laquelle présente déclaration ledit
seigneur de Lajudie a requis acte en sa qualité d’adjudicataire
de ladite terre de Linars, que nous lui avons octroyé. De tout lequel
dessus les parties ont également requis acte, que leur avons concédé.
Fait et passé audit château de Linars, lesdits jour, mois,
et an en présence de sieur Jean Louis Barget, chirurgien juré,
demeurant au présent bourg de Linars, et de Léoanrd Martinaud,
marchand résidant en la ville de Limoges, témoins.
GARAUD BOURDEAU DE LAJUDIE MARTINAUD
BARGET FOURNIER
[contrôle de l’acte suit]