Inventaire du 15 juin 1776
Aujourd'hui quinzième jour du mois de juin mil sept cent soixante
seize avant midi, au bourg paroissial de Linards Haut Limousin, par-devant
nous m° Jean Louis Chaussade notaire royal héréditaire
en la sénéchaussée de Limoges soussigné, sont
comparus Léonard et Pierre Bartaud père et fils, laboureurs
demeurant au village de Ligonat paroisse de St Méard, ledit fils
procédant sous l'autorité de son père qui déclare
l'autoriser pour l'effet et validité des présentes seulement,
lesquels en qualité d'aïeul et oncle charitable de Pierre,
Anne et Léonarde Dunouhaud leurs petits-fils et filles, neveu et
nièces, enfants de feu Léonard Dunouhaud et de défunte
Anne Bertaud leur gendre, fille, beau-frère et belle-sœur décédés,
savoir ladite Anne Bertaud depuis environ deux ans et demi et ledit Léonard
Dunouhaud depuis le dix du courrant, audit nom et qualité et sans
prendre aucune qualité qui leur soit de préjudice, nous ont
dit et exposé que lesdits Dunouhaud et Bartaud conjoints étant
décédés comme dit est ont laissé lesdits enfants
en fort bas âge sans aucun secours et que par commisération
ils se voient obligés d'en avoir soin et comme lesdits conjoints
ont laissé des bâtiments et biens de peu de valeur avec quelque
peu de meubles ils seront contraints de nourrir lesdits enfants à
leurs dépens, mais que quoi qu'ils exercent une pure charité
envers lesdits enfants, ceux-ci pourraient leur faire à majorité
des demandes considérables quoiqu'il y ait peu d'effets dépendant
de leur succession paternelle et maternelle, en conséquence ils
nous requièrent de vouloir nous porter dans la maison où
est décédé ledit feu Dunouhaud pour y faire inventaire
du mobilier et procès verbal de l'état des bâtiments,
attendu qu'ils ont donné leur requête tendante à cet
effet à M. le lieutenant de la présente juridiction qui nous
commet pour la faction dudit inventaire suivant l'ordonnance du jour d'hier,
signée Pigne lieutenant, et en outre nous requièrent leur
donner acte de leur exposé, tout quoi nous leur avons concédé
et promis de nous transporter ce jourd'hui à une heure de relevée
où ils nous ont promis de faire trouver des parents et voisins desdits
mineurs pour être présents à la faction dudit inventaire
et nous ont requis d'y appeler des experts pour estimation des bestiaux
qui y sont et nous faire remarquer les réparations nécessaires
aux bâtiments, avec leur état actuel, et ont dit ne savoir
signer de ce interpellés. CHAUSSADE
Et advenant ledit jour quinze juin mil sept cent soixante seize à
une heure de relevée, nous notaire soussigné, accompagné
de nos témoins bas nommés nous sommes portés audit
village de la Fontpeyre paroisse dudit Linards, dans la maison où
est décédé ledit feu Léonard Dunouhaud, où
étant avons trouvé Antoine Flacard, beau-frère du
défunt par son troisième mariage avec Anne Flacard, laboureur
demeurant au lieu de Chez Jartaud susdite paroisse dudit Linards, ladite
Anne Flacard veuve dudit défunt Dunouhaud demeurant en la présente
maison, Léonard Marcheissou, journalier au village de Mazermaud
paroisse dudit Linards, beau-frère dudit défunt, Léonard
Dunouhaud tailleur d'habits demeurant audit bourg de Linards neveu du défunt,
Léonard Decrorieux et Léonard Pluvy journaliers au présent
lieu, voisins dudit défunt Dunouhaud, à tous lesquels avons
dit le sujet de notre transport, lesquels nous ont fait réponse
être venus exprès sur la prière verbale desdits Bartaud
pour assister audit inventaire et procès verbal, et ensuite avons
mandé à Joseph Dufraisseix, m° charpentier et entrepreneur
de bâtiment demeurant au présent lieu, pour estimer les réparations
à faire et nous faire connaître l'état actuel des bâtiments,
lequel étant venu a dit accepter la commission et de suite a prêté
le serment en tel cas requis après qu'il nous a dit être âgé
de soixante ans, ensuite avons procédé audit inventaire comme
s'ensuit :
Premièrement lesdits Bartaud nous ont représenté
les habits dudit défunt Dunouhaud qui sont un gilet et une culotte
de drap de pays presque neuf, une veste de rase mi-usée, une mauvaise
culotte de drap presque usée, une veste de même, un vieux
haillon de veste, un mauvais chapeau presque usé, une mauvaise paire
de sabots, deux paires de bas de laine, une paire mi-usée et l'autre
fort mauvaise, une autre mauvaise paire déchirés, trois paires
de bas de fil mi-usés, deux chemises de toile de métis presque
neuves, deux autres mi-usées et dix de déchirées et
rapiécées en plusieurs endroits presque hors d'état
de servir, lesquels habits et linges lesdits parents et voisins ont dit
être nécessaires pour habiller lesdits enfants qui en ont
un grand besoin, plus deux draps de toile de métis presque neufs,
deux d'étoupe aussi presque neufs, huit de même toile d'étoupe
mi-usés et autres deux de même toile fort petits et usés,
deux nappes d'étoupe dont l'une de cinq quarts et l'autre de trois
quarts, deux tabliers de toile de métis, un rouleau de serviettes
de métis de cinq aunes, deux serviettes fines presque neuves et
deux autres mi-usées de même toile, encore deux autres fines
mi-usées, deux serviettes d'étoupe mi-usées, quatre
coiffes de toile de brin, deux mouchoirs de Béarn mi-usés,
quatre coiffes fines presque usées, un tablier de toile fine mi-usé,
trois chemises pour femme de toile de métis presque neuves, quatre
autres mi-usées et deux autres mauvaises, une jupe de rase* sur
fil de couleur bleue, une devantière de dauphin, plus un manteau
de cadis de pays plus que mi-usé qu'on a dit être nécessaire
pour habiller les mineurs, plus dans la cuisine une mauvaise table et cinq
bancs de grosse charpente, deux sièges en bois à trois pieds,
une autre grande […] à dossier en bois, une crémaillère
avec neuf anneaux […], une cuillère de cuivre jaune mi-usée
ayant la queue en fer et une autre cuillère en fer mi-usée,
un poêlon de cuivre jaune la queue de fer presque usé, un
pot de fonte rapiécé de contenance de deux seaux, une mauvaise
huche à pétrir percée en divers endroits, une poêle
à frire rapiécée, un tamis en crin à bluter*
la farine de blé noir, un petit cuvier ou […] de deux seaux, deux
seaux avec leur godet dont l'un presque usé, un coffre ferré
fermant à clef dont la serrure est sans clef, ledit coffre assez
bon, deux autres mauvais coffres fort vieux dont l'un sans ferrement et
l'autre avec une vieille serrure sans clef avec les pelles cassées,
une […] à faire les crêpes, un fléau, un dévidoir
à écheveaux, deux pelles à enfourner le pain fort
mauvaises, deux mauvais châlits de grosse charpente où il
y a deux couettes garnies de balle d'avoine et deux traversins garnis de
plumes mi-usés avec deux couvertes de serge de pays mi-usées,
cinq cuillères d'étain commun, une mauvaise écuelle
aussi d'étain commun, trois écuelles de terre commune, un
petit râtelier à mettre le pain, une mauvaise armoire presque
usée, un mortier à piler le mil, six palissous, un mauvais
hoyau, une pioche presque neuve, une hache, une hachereau de même,
une mauvaises bêche, une fourche à trois pointes mi-usée,
une mauvaise faux à faucher l'herbe, une à couper le blé,
une mauvaise panière à fromages, une mauvaise salière
de paille, un seau de bois à faire les crêpes, un bac à
faire manger les cochons, en bois. De là avons été
dans une chambre à côté de ladite cuisine, où
il y a un coussin en plume commune posé sur un grabat. De là
sommes montés au grenier où il s'y est trouvé une
quarte de seigle et trois setiers émines blé noir, six paillisses
ou […] de différentes contenances mi-usées, cinq sacs mi-usés
et deux autres à mettre la farine aussi mi-usés, tous lesquels
habits et linges et meubles sont ceux qui se sont trouvé dans ladite
maison.
ET ensuite ledit Dufraisseix ayant examiné les murs et couverture
ainsi que la charpente de ladite maison et le plancher du grenier, il nous
a fait voir que tout le mur du derrière de ladite maison est crevassé
et affaissé et a besoin de refaire à neuf ainsi que la poutre
du pignon du côté du jardin de Léonard Decrorieux,
que la charpente paraît assez en bon état, que la couverture
sur le derrière a besoin de remettre à neuf, étant
en ruine, et que le plancher du grenier a besoin de refaire à neuf,
n'y ayant que quelques mauvais ais et vingt cinq planches de sept pieds
de bois de hêtre qui sont posées éparses sans être
ajustées et qu'il y a un soliveau de cassé sur la chambre
et un autre fort mauvais sur la cuisine. De là avons été
dans une étable à brebis où on nous a fait voir vingt
une brebis ou jeunes moutons de divers âges et lainages, avec sept
agneaux de l'année et une vieille chèvre que ledit expert
a estimé la somme de quarante huit livres, et après que ledit
expert a eu examiné ladite étable, il nous a fait voir qu'il
est en bon état et après avoir aussi examiné la valeur
lesdits meubles il les a estimé la somme de cinquante livres.
De plus lesdits Bartaud nous ont représenté un petit
paquet de papiers où il y a un cheptel et obligation consenti par
François Maisongrande en faveur de Joseph Rivet du 10 juin 1732
passé devant Bourdelas notaire, contrôlé coté
lettre A
Plus une quittance consentie par Joseph Rivet à Etienne et Léonard
Dunouhaud du 15 7bre 1751, passée devant Chaussade notaire contrôlé
coté par lettre B
Et enfin une quittance consentie par Léonarde Delamaisongrande
en faveur de Léonard et autre Léonard Dunouhaud coté
par lettre C
Tous lesquels meubles, grains, effets et bestiaux sont ceux qui sont
venus à la connaissance des comparants dépendant de la succession
dudit feu Léonard Dunouhaud, et affirment moyennant leur serment
n'en savoir d'autres, ce que lesdits parents ont reconnu véritable
et du tout nous ont requis acte et ont déclaré iceux Bartaud
se charger de tout ce que dessus pour le rendre et remettre à qui
il appartiendra quand besoin sera, fait et concédé ledit
jour, clos et arrêté à six heures du soir en présence
de Léonard Charosserie, artisan demeurant au bourg de Linards et
François Rivet laboureur audit lieu de la Fontpeyre susdite paroisse,
témoins connus requis et appelés, lesdits comparants et témoins,
parents et voisins ont dit ne savoir signer de ce interpellés, à
l'exception dudit Léonard Dunouhaud et Charosserie qui ont signé
avec nous lecture faite. DUNOUHAUD CHAROSSERIE CHAUSSADE
Contrôlé à Linards le dix neuf juin 1776, reçu
deux livres,
insinué reçu neuf livres,
huit sols pour livre : quatre livres huit sols
CHAUSSADE
Le 18 7bre 1776 remboursé trente sols et les 8 [sols] pour livre,
par ordre de M. de Fressiniat contrôleur ambulant. CHAUSSADE