L’an mil sept cent soixante seize et le dix sept du mois de février,
à la requête de Catherine Sautour procédant sous l’autorité
de Gabriel Duris son mari, habitants du bourg paroissial de Linards où
ils font élection de domicile en leur maison et constituent pour
leur procureur en cas de besoin en la juridiction ordinaire du marquisat
de Linards m° Jean Barget procureur habitant dudit bourg de Linards,
nous Jean Barget huissier royal […] reçu et immatriculé au
greffe des cours présidiale et sénéchale de Limoges,
résidant au bourg et paroisse de Linards, certifions que par vertu
de la requête présentée par lesdits requérants
à monsieur le lieutenant de la juridiction du marquisat de Linards
tandante à ce qu’il lui plût permettre aux requérants
de faire faire inventaire des effets mobiliers délaissés
par feu Pierre Desautour leur père et beau-père décédé
ab intestat le 13 du courant, afin de ne pas faire confusion de leurs biens
avec ceux dudit feu Desautour et à ce qu’il lui plût commettre
un notaire à cet effet et enfin d’assigner nombre suffisant de parents
dudit Desautour pour être présents à la faction dudit
inventaire et faute par eux de comparaître, qu’il y fut procédé
tant en l’absence que présence desdits parents, laquelle requête
a été répondue le jour d’hier signée à
l’ordonnance Pigne lieutenant, laquelle donne permission de ce que dessus,
en conséquence nous sommes portés audit bourg de Linards
aux domiciles de Léonard et autre Léonard Desautour père
et fils, frère et neveu du défunt, sergent et tailleur d’habits,
à celui de Léonard Valadon son beau-frère, à
celui de Léonard Maisongrande son cousin, à celui de Maureil
Delouis son voisin, tous laboureurs domiciliés au village de Paugniat
susdite paroisse, à celui de Léonard Dupetit cousin dudit
défunt aussi laboureur et domicilié au village de Mazermaud,
à celui de Pierre Naudy gendre dudit défunt, parlant à
chacun leurs personnes nous leur avons donné assignation à
comparoir lundi prochain que l’on comptera le 19° du courant à
8 heures du matin dans la maison où est décédé
ledit feu Pierre Desautour pour assister, être présents si
bon leur semble à la faction d’inventaire que les requérants
entendent faire faire des effets mobiliers délaissés par
ledit feu Desautour, par le ministère de m° Jean-Louis Chaussade
notaire royal commis à cet effet, faute de quoi sera donné
défaut contre eux et procédé audit inventaire tant
en leur absence que présence, et afin que [nul] n’en ignore, en
parlant comme dessus nous leur avons laissé à chacun d’eux
copie au long du présent exploit fait par nous BARGET
Contrôlé à Linards le dix sept février 1776,
reçu onze sols trois deniers CHAUSSADE
Inventaire du 19 février 1776
Aujourd’hui dix neuf février mil sept cent soixante seize environ
les sept heures du matin, par-devant nous m° Jean Louis Chaussade notaire
royal héréditaire en la sénéchaussée
de Limoges soussigné, au bourg paroissial de Linards Haut Limousin,
sont comparus Catherine Desautour épouse de Gabriel Duris tailleur
d’habits et icelui Duris, demeurant audit bourg paroissial de Linards Haut
Limousin, lequel dit Duris déclare autoriser sadite femme pour l’effet
et validité des présentes seulement, et icelle Desautour
nous a dit et exposé que feu Pierre Desautour son père, vivant
journalier, serait décédé le treize du présent
mois et que par le contrat de mariage de la comparante il lui aurait fait
donation pure et simple de la moitié des tous et un chacun ses biens
tant meubles qu’immeubles qu’il avait lors de la passation dudit contrat
qui est du dix janvier mil sept cent soixante neuf, passé devant
le notaire royal soussigné contrôlé et que son père
étant décédé ab intestat elle ne voulait s’immiscer
dans la jouissance des biens immeubles de son père ni se charger
du mobilier par lui laissé qui [est] commun avec le sien propre,
que de préalable elle n’ait fait inventaire du mobilier et procès
verbal des bâtiments par lui laissés, sans entendre prendre
pour ce faire aucune qualité qui lui soit de préjudice mais
au contraire sous toutes les réserves et protestations de fait et
de droit qu’elle déclare faire par ces présentes, et enfin
qu’elle aurait présenté sa requête à M. le lieutenant
de la juridiction dudit Linards tendant à ce qu’il lui plût
permettre de faire faire inventaire du mobilier délaissé
par ledit feu Desautour, d’assigner nombre suffisant des parents du défunt
pour y assister et de commettre tel notaire qu’il jugerait à cet
effet, laquelle requête elle nous a exhibé, signée
de Barget son procureur, au bas de laquelle est une ordonnance du seize
du courant signée Pigne lieutenant qui permet la faction dudit inventaire
et d’assigner lesdits parents et nous commet pour ladite faction d’icelui,
en conséquence elle a fait assigner, par exploit de Barget huissier
du dix-sept du même mois, lesdits parents pour être présents
et assister ce jourd’hui à huit heures du matin audit inventaire,
à ces fins se porter dans la maison dudit feu Desautour sise audit
bourg où il est décédé, à ces fins elle
nous requiert notre transport et acte de son exposé, ce que nous
lui avons concédé, et a déclaré ne savoir signer
ainsi que sondit mari de ce enquis. CHAUSSADE
Et advenant les huit heures du matin dudit jour dix neuf février
susdit an nous notaire soussigné accompagné de nos témoins
bas nommés nous sommes portés dans la maison où est
décédé ledit Desautour, où étant y avons
trouvé Léonard et autre Léonard Desautour père
et fils, sergent et tailleur d’habits, frère et neveu dudit Desautour
décédé, Léonard Valadon laboureur son beau-frère,
Léonard Maisongrande son cousin aussi laboureur, Moreil Delouis
maréchal son voisin, tous demeurant audit bourg et dépendances
d’icelui, Léonard Dupetit dit Biou laboureur au village de Paugniat
paroisse dudit Linards, cousin issu de germain du défunt et Pierre
Denaudy son gendre tisserand demeurant au village de Mazermaud même
paroisse, auxquels avons dit le sujet de notre transport, ils nous ont
tous unanimement fait réponse avoir été assignés
par exploit du dix sept du courant signé Barget et vouloir assister
audit inventaire qu’entend faire faire ladite Desautour, de laquelle ayant
pris le serment en tel cas requis avons procédé audit inventaire
comme s’ensuit :
Premièrement étant dans la cuisine de ladite maison,
ladite Desautour nous a représenté
une mauvaise veste de rase* en laine de couleur bleue, une autre mauvaise
veste de drap de pays rapiécée, deux mauvaises paires de
culottes de même étoffe, un gilet presque usé de même
étoffe, le tout de valeur de trois livres tout au plus (cy 3£)
deux mauvaises paires de bas de laine, une mauvaise paire de sabots
de valeur de vingt sols (1£)
trois mauvaises chemises de toile de métis et autres trois assez
bonnes de valeur de trois livres (cy 3£)
deux mauvais chapeaux de valeur de vingt sols (1£)
un mauvais châlit à quatre piliers presque pourri, garni
de mauvais rideaux de ras couleur marron avec une couette de coutil commun
dans laquelle il y a environ six livres de mauvaise plume presque pourrie
ainsi que le coutil, tout quoi peut valoir six livres, avec un petit traversin
garni de borde d’avoine (cy 6£)
plus deux draps de lit de toile de métis et deux d’étoupe
mi-usés et deux autres mauvais presque usés de valeur de
six livres (6£)
plus dans la cheminée deux crémaillères de valeur
de trente sols (1£ 10s)
plus une table en planches menuisées avec deux bancs de grosse
charpente de valeur de vingt cinq sols (1£ 5s)
plus trois mauvaises chaises foncées de paille, un seau avec
son godet de valeur de vingt cinq sols (1£ 5s)
plus un mauvais lit à tombeau, garni sur le devant et aux pieds
d’un mauvais rideau de couleur brune, d’une mauvaise couette de toile ainsi
que le traversin garni de borde d’avoine et d’un peu de paille au-dessus,
le tout de valeur d’environ trois livres (cy 3£)
un pot de fonte d’un seau, au autre d’un demi-quart de seau de valeur
de cinq livres (5£)
plus un petit chaudron de contenance d’un demi-seau de valeur de trois
livres (3£)
deux chenets de fer battu pesant vingt huit livres de valeur de sept
livres (cy 7£)
plus un petit friquet* de fer, une mauvaise pelle brasière de
valeur de 10 sols (10s)
une mauvaise huche à pétrir la pâte percée
par le bas, un mauvais tamis fin, un autre grossier de valeur de trois
livres (3£)
une mauvaise panière à fromage de valeur de cinq sols
(5s)
un chandelier de potin* et un autre en broches de fer de valeur de
vingt sols (1£)
plus une petite lèchefrites en broche de fer de valeur de trente
sols (1£ 10s)
plus une petite mauvaise hache, un petit hachereau, une pioche, trois
faucilles, une mauvaise faux, un hoyau, une fourche à trois pointes,
presque usés de valeur de six livres (6£)
une tourtière avec son couvercle en cuivre rouge de valeur de
trois livres dix sols (3£ 10s)
une paire de balances, un crochet à peser, un poêlon de
cuivre jaune, sa queue de fer, une cuillère aussi de fer, une mauvaise
bêche, le tout de valeur de trois livres (3£)
un petit passoir de cuivre jaune avec sa queue de fer de valeur de
dix sols (cy 10s)
plus sept cuillers d’étain commun, une écuelle fort mauvaise,
huit petites assiettes et un plat aussi d’étain commun, le tout
pesant seize livres demi, de valeur de douze livres (cy 12£)
plus quatre écuelles de terre commune, trois bouteilles de verre
noir, deux mauvaises de faïence, une bonne de même qualité
et trois petites aussi de même de valeur de trente sols (1£
10s)
six petits gobelets de valeur de six sols (6s)
quatre mauvais paillassons, deux paniers, un dévidoir, un mauvais
coffre sans ferrement, une petite commode ou buffet, un mauvais vaisselier
mal construit et un réchaud de terre commune de valeur de quatre
livres (4£)
De là avons été conduits dans une chambre à
côté de ladite cuisine où ladite Desautour nous a fait
voir et représenté une paire d’armoires de bois de cerisier
presque neuves, mal façonnées et ferrées, fermant
à deux battants avec une petite ferrure que lesdits parents ont
dit être de valeur d’environ douze livres (12£)
Deux tables et quatre bancs de grosse charpente de valeur de trois
livres (3£)
Deux châlits de grosse charpente à quatre piliers mi-usés
dont l’un garni de rideaux de grosse toile peinte, d’une couette et traversin
de grosse toile garnie de borde d’avoine avec une courtepointe de toile
piquée, l’autre garni de mauvais rideaux de droguet de pays, d’une
couette dont le coutil est presque pourri, où il n’y a qu’environ
quinze livres de plume commune, le traversin de toile où il n’y
a que de la borde d’avoine, et une courtepointe de même que l’autre,
avec de la paille dessous, tout quoi peut être de valeur de dix livres
(10£)
De là avons été dans une autre petite chambre
à droite en sortant de la ci-dessus, où ladite Desautour
nous a fait voir une petite table et deux petits bancs avec deux serviettes
fines et quatre grosses, mouillées depuis le décès
de son père, le tout de valeur de quatre livres (cy 4£)
De là avons été dans une autre petite chambre
à côté où elle nous a fait voir une petite table
de valeur de quinze sols (15s)
De là avons été dans les greniers de ladite maison
et chambre où les dits parents nous ont accompagné, où
étant y avons trouvé, dans un, environ trois à quatre
quintaux de foin qu’ils ont dit être nécessaire pour la nourriture
de quelques brebis qui sont dans l’écurie, plus dans l’autre une
paire de broyoirs, sept quartes de seigle et dix de blé noir, lesquels
grains et broyoirs sont de valeur de quinze livres dix sols (cy 15£
10s)
Ensuite lesdits parents nous ont fait voir que la couverture desdits
greniers qui est à tuile creuse sur le devant et à tuile
plate sur le derrière a besoin de remettre à taille ouverte
et que la latte ainsi que la tuile manqueront au tiers dans toute leur
contenance et étendue
De là sommes descendus dans l’écurie où ladite
Desautour nous a représenté et fait voir un petit cochon
nourrain que lesdits parents ont estimé dix livres (cy 10£)
Plus neuf brebis mères qui ont la gale, que lesdits parents
ont dit être de valeur de quatorze livres (cy 14£)
Ensuit de quoi sommes remontés dans la cuisine de ladite maison
où lesdits parents nous ont fait voir que le pavé est en
pierre brute et manque en plusieurs endroits et que les murs ont besoin
de crépissage et ladite Desautour nous a fait remarquer qu’elle
avait omis de nous représenter six mauvais sacs de peu de valeur.
Et vu qu’il est plus de midi nous nous sommes retirés et avons
remis la continuation du présent inventaire à deux heures
de relevée de ce jourd’hui où toutes parties demeurent assignées
et ont lesdits Desautour père et fils [dit] vouloir signer et ladite
Desautour exposante, sondit mari et les autres parents susnommés
ont déclaré ne savoir signer ce de interpellés, en
présence de Sr Jean Villevialle et Léonard Charosserie artisan
demeurant au présent bourg et paroisse qui ont dit vouloir signer
avec nous
SAUTOUR CHAROSSERIE SAUTOUR VILLEVIALLE CHAUSSADE
Et advenant les deux heures de relevée dudit jour dix neuf février
mil sept cent soixante seize, toujours au requis de ladite Catherine Desautour
et en présence et assisté desdits parents et voisin ainsi
que de nos témoins bas nommés, nous nous sommes portés
dans la maison où est décédé ledit feu Pierre
Desautour, où étant ladite Catherine Desautour nous a conduit
dans la cave en dépendant, où étant elle nous a fait
voir deux fûts de barrique cerclés de bois de contenance d’environ
trois charges demi chacun, dans l’un desquels il ne s’est trouvé
de vin et dans l’autre s’y est trouvé environ une charge* de commun
que lesdits parents nous ont dit se vendre quinze livres la charge* (cy
15£)
De la sommes remontés dans ladite cuisine où étant
ladite Desautour nous a représenté un petit portefeuille
dans lequel il s’est trouvé
Un contrat de vente de la présente maison consenti par le Sr
Chaussade en faveur dudit Desautour devant Barget notaire le 18 juillet
1764 coté par lettre A
Plus autre contrat de vente consenti par François Delouis en
faveur dudit feu Desautour le 3 juin 1762 passé devant Chaussade
notaire coté par lettre B
Plus une déclaration du 21 mars 1767 signée Mercier au
profit dudit feu Desautour sur un échange entre eux fait devant
Barget notaire coté par lettre C
Plus un délaissement de fonds fait par François Thoumieux
et sa femme au profit dudit feu Desautour le 6 mars 1771 devant Chaussade
notaire coté par lettre D
Plus une vente de fonds faite par Joseph Dublondet et sa femme audit
Desautour le 15 Xbre 1771 devant Chaussade notaire coté par lettre
E
Et finalement un brevet d’arpentement des fonds que possède
ledit Desautour dans le ténement du Buisson du 19 9bre 1774 signé
Labesse arpenteur coté par lettre F
Tous lesquels meubles, grains, bestiaux, titres et papiers sont ceux
que ladite Desautour a trouvé au décès de sondit père
dont elle déclare se charger pour les remettre à ceux qu’il
appartiendra, sans se préjudicier à ceux qui lui appartiennent
ou à la portion qui lui revient et déclare et affirme icelle
comparante moyennant serment n’en savoir d’autres, sur quoi lesdits parents
et voisin ont aussi déclaré et affirmé en leur âme
et conscience n’en savoir davantage, quoi vu nous notaire susdit avons
fait clos et arrêté le présent à quatre heures
du soir et icelui inventaire au requis de ladite Desautour sous toutes
ses réserves et protestations que dessus pour lui servir et valoir
que de raison, en présence desdits Sr Villevialle et Charosserie
qui ont signé avec lesdits Sautour père et fils et les autres
parents et ledit […] ont dit ne savoir signer ainsi que ledit Delouis voisin
de ce interpellés lecture faite.
SAUTOUR CHAROSSERIE SAUTOUR VILLEVIALLE CHAUSSADE
Contrôlé à Linards le deux mars 1776 reçu
deux livres insinué reçu trois livres huit sols [copie] deux
livres. CHAUSSADE