Inventaire et procès verbal du premier juin 1781
Par-devant nous m° Jean louis Chaussade notaire royal héréditaire
en la sénéchaussée de Limoges soussigné, en
présence des témoins bas nommés, le premier jour du
mois de juin mil sept cent quatre vingt un, environ les sept heures du
matin, au bourg paroissial de Linards Haut Limousin, fut présent
Léonard Barthou, journalier demeurant au présent bourg, lequel
nous a dit et exposé que Anne Lapaquette sa femme serait décédée
le premier avril dernier et que comme par leur contrat de mariage du douze
juillet 1773 passé devant le notaire royal soussigné contrôlé,
ils auraient stipulé communauté de biens meubles et immeubles,
acquêts et conquêts, il désire de faire cesser la communauté
entre lui et les héritiers de sadite femme, et qu’à ces fins
il a présenté requête à M. le lieutenant de
la présente juridiction tendante à ce qu’il lui soit permis
de faire faire inventaire du mobilier commun entre eux et procès
verbal d’une petite maison qui leur est aussi commune, laquelle requête
a été répondue par M. Pigne lieutenant le vingt huit
mai dernier, et que par icelle nous avons été commis pour
la faction dudit inventaire en ce que nous serions assisté d’un
expert duquel nous recevrions le serment au cas requis comme y étant
autorisé par ladite ordonnance et attendu que ledit Barthou en vertu
de ladite requête a fait assigner trois des plus proches parents
de ladite feue Delapaquette par exploit du 28 mai aussi dernier signé
Barget contrôlé, il nous requiert de vouloir accepter la commission
et faire ledit inventaire, à ces fins nous porter ce jourd’hui à
huit heures du matin dans la maison où est décédée
ladite Lapaquette pour vaquer à icelui, vu que l’heure de ladite
assignation est fixée à celle de huit du matin où
lesdits parents doivent être, duquel exposé ledit comparant
nous a requis acte concédé et a dit ne savoir signer de ce
interpellé CHAUSSADE
Et advenant les huit heures du matin nous notaire soussigné
sur l’exposé dudit Léonard Barthou nous nous sommes porté
accompagné de nos témoins bas nommés audit domicile
de ladite feue Lapaquette où étant ledit Barthou nous a exhibé
copie dudit contrat de mariage ensemble lesdites requête et ordonnance
avec ledit exploit d’assignation où il appert que Léonard
Rivet journalier au village de Mazermaud, Léonard et Pierre Flacard
laboureurs au lieu de Chez Jartaud paroisse dudit Linards ont été
assignés pour être présents si bon leur semble audit
inventaire, avec déclaration qu’il y sera procédé
tant en leur absence que présence, quoi vu avons retardé
la faction dudit inventaire de deux heures au-delà de celle portée
par ladite assignation, et attendu qu’il est déjà dix heures
passées, au requis dudit Barthou avons donné défaut
contre lesdits Rivet et Flacard, et sur le moment avons commencé
ledit inventaire comme s’ensuit : premièrement ledit Barthou nous
a représenté les habits de la défunte qui consistent
en deux chemises mi-usées de toile métis et trois mauvaises,
trois cotillons d’étoupe dont un presque neuf et deux mi-usés,
deux tabliers de toile métis, l’un d’iceux presque neuf et deux
d’étoupe mi-usés, une paire de brassières d’étamine
de Saintes et un tablier de même mi-usés, une paire de brassières,
un cotillon de ratine* couleur cannelle et marron mi-usés, une paire
de mauvaises brassières de drap de Carcassonne [neuves] et une paire
de drap de pays marron, un cotillon de droguet* de pays mélangé
bleu et un tablier d’étamine, le tout fort mauvais, une mauvaise
paire de brassières de gros basin blanc et une jupe de même
qualité mi-usée, deux mauvaises jupes de cadis de pays toutes
déchirées, quatre mauvaises paires de bas de grosse laine
et autant de gros fil, un mauvais tablier de toile blanchie, six coiffes
en bergère de grosse toile de boutique et dix autres avec deux cornettes
en toile du pays, deux gros mouchoirs de grosse indienne commune et un
en coton rouge, quatre serviettes de toile de brin mi-usées, une
petite tabatière en bois commun, pour l’évaluation desquels
meubles, hardes et effets nous avons fait appeler Léonard Boudou
laboureur demeurant au village de Mazermaud paroisse dudit Linards pour
expert, lequel s’est présenté et avons de lui reçu
le serment au cas requis après qu’il nous a dit être âgé
de quarante trois ans, de laquelle prestation de serment il nous a requis
acte que lui avons concédé et a dit ne savoir signer , et
après qu’il a eu bien visité et examiné lesdits habits,
hardes et linges, il dit que le tout est de valeur de quarante livres (40),
plus déclare ledit Barthou que sadite feue femme avait une paire
de sabots presque neufs, desquels Gabrielle Rivet sa fille aînée
s’est emparée, plus nous a présenté sept draps de
lit de toile d’étoupe mi-usés à l’exception d’un presque
neuf, desquels il y en a quatre dans les lits de la maison, lesquels draps
ne sont que de quatre aunes, que ledit expert a estimé douze livres
(12), plus un autre drap de lit de toile de [brin] avec une grosse dentelle
au milieu estimé quatre livres (4), deux mauvaises nappes toutes
déchirées de cinq quart de long et trois de large en toile
d’étoupe, deux autre mi-usées en même toile et une
mauvaise serviette estimées trois livres (3), plus un essuie-mains,
un mauvais torchon de vaisselle, une mauvaise couette de lit avec son chevet
garnis de vingt deux livres de plume commune fort vieille, une mauvaise
paillasse de toile d’étoupe et un châlit sans rideau façon
de village avec une courtepointe en toile peinte fort usée, le tout
estimé par ledit expert douze livres (12), un autre châlit
de même façon que l’autre tout vermoulu dans lequel il y a
une mauvaise couette et chevet de toile d’étoupe garnis de borde
d’avoine estimé cinq livres (5), une table avec deux bancs, le tout
en planches brutes, trois autres bancs de même, deux tabourets en
bois, deux chaises en paille, deux coffres, l’un mi-usé et l’autre
presque usé, une huche à pétrir, le tout estimé
à la somme de douze livres (12), trois mauvais paniers, deux mauvais
cribles en bois, une salière en paille, douze assiettes en terre
rouge, dix en terre de Magnac, une écuelle et une assiette avec
deux cuillères de mauvais étain dont il y a les deux tiers
de plomb, sept petites fourchettes de fer, deux mauvais chandeliers de
fer blanc, deux petites terrines, une grande, et deux flacons de terre
de Magnac, une poivrière en fer blanc, quinze gobelets et sept bouteilles
en verre commun, le tout estimé avec deux cruches de terre commune
à la somme de sept livres (7), plus un chaudron en cuivre rouge,
un poêlon et une cuillère en cuivre jaune, les queues de fer
forgé, deux petits pots en fonte de fer sans couvercle, un seau
à faire la pâte de blé noir, un poêlon ou ferrette
à faire les crêpes, une poêle mi-usés le tout
estimé par ledit expert à la somme de dix livres (10), plus
une pioche, une fourche à trois pointes, une petite cognée,
une hache et un hachereau, une faux et deux faucilles, un hoyau, le tout
mi-usé de valeur à ce qu’a déclaré ledit expert
de la somme de sept livres (7), plus une huche ou [bourse] de paille de
contenance de quatre setiers et une autre de trois setiers avec trois pallissons
estimés par ledit expert à la somme de trois livres (3),
plus trente trois livres de petit salé ou lard fort mince, trois
jambons salés pesant neuf livres et huit livres de vin doux dans
un pot de terre, le tout estimé avec une crémaillère
à la somme de quinze livres (15) qui sont tous les meubles qui sont
dans la cuisine et dans la chambre de ladite maison. De là avons
été dans un petit appartement à côté
de la porte d’entrée où il y a deux fûts de barrique
cerclés en bois dont l’un d’environ trois charges et l’autre presque
de deux dans lesquels il y avait environ dix pintes de vin au décès
de ladite Lapaquette, tout quoi ledit expert a estimé six livres.
De là sommes montés dans le grenier où s’y est trouvé
au décès de ladite Lapaquette suivant ce que déclare
ledit Barthou la quantité de trois émines de seigle et trois
setiers de blé noir mesure de St Léonard, trois sacs mi-usés
plus trois petites bourses de chacune environ une émine, une autre
de contenance de deux setiers où il y a deux quartes de prunes sèches,
plus deux quartes de châtaignes sèches, tout quoi ledit expert
a estimé quinze livres (15), tous lesquels meubles, habits, effets
et grains ledit Barthou a déclaré être ceux qu’il a
trouvé au décès de sadite femme dont il a ci déjà
fait la description, déclarant et affirmant moyennant son serment
n’en savoir ni retenir aucun autre, promettant que s’il en vient d’autres
à sa connaissance il en fera addition aux présentes, sans
cependant prendre aucune qualité de préjudice ni se préjudicier
à ses droits et prétentions sur lesdits effets, meubles,
linges et grains, et de suite sur son requis ledit Boudou a visité
ladite maison et nous a observé que les murs et [torchis] sont sans
aucun crépissage, que le pavé des appartements est fort dérangé,
que le pignon d’entre la maison du Sr Barget menace ruine, que le mur de
façade est fendu en plusieurs endroits, que le grenier en a environ
trois toises à plancher et carreler pour le mettre de même
que l’autre et que les chevrons ont glissé de sur le faîte,
ce qui occasionnera la chute de la couverture s’il n’y est pourvu, et après
qu’il a eu examiné les portes il nous observé qu’elles sont
fort mauvaises et qu’elles n’ont aucune serrure que celle d’entrée
qui en a une vieille. De tout quoi nous avons fait et clos ledit inventaire
et procès verbal au requis dudit Barthou à deux heures de
relevée lesdits jour, mois et an en présence de Sr Pierre
Barget bourgeois et m° Denis Villette notaire, Maurice Delouis et François
Dunouhaud et Louise Dunouhaud demeurant au présent bourg, témoins
connus requis et appelés soussignés et lesdits Barthou et
Boudou ont dit ne savoir signer de ce interpellés lecture faite.
BARGET VILLETTE CHAUSSADE
Contrôlé à Linards le neuf juin 1781 reçu
dix sols, insinué reçu trois sols, huit sols pour livre :
vingt huit sols CHAUSSADE
En marge : D. 20£ 13s si la moitié des héritiers
d’Anne Lapaquette
[Suivent :
- la copie de la requête de Barthou « à M. le juge
de la juridiction de Linards ou à M. son lieutenant de la juridiction
», signée Jean Barget procureur du suppliant,
- l’ordonnance du lieutenant Pigne,
- l’assignation des parents signée Barget huissier (le même),
- procès verbal de remise de l’assignation par Barget.
[Non transcrits]