Aujourd'hui vingt deuxième jour du mois de juin mil sept cent
quatre vingt un avant midi au bourg paroissial de Linards Haut Limousin,
par-devant nous m° Jean Louis Chaussade notaire royal héréditaire
en la sénéchaussée de Limoges soussigné, en
présence des témoins bas nommés sont comparus François
Cruvelier laboureur à bras et sous son autorité Marie Denardou
sa femme qu'il autorise pour l'effet et validité des présentes
seulement, demeurant au village du Nouhaud paroisse de Linards, lesquels
nous ont dit et exposé que feu Léonard Denardou leur beau-père
et père serait décédé au mois d'avril dernier
et qu'il aurait laissé quelque peu de mobilier dont ils désirent
faire faire état et inventaire, crainte de reproches qu'on pourrait
leur faire, à ces fins nous requièrent de nous porter dans
la maison où est décédé ledit feu Denardou
où ils offrent de faire trouver des parents et voisins du défunt
pour assister et être présent audit inventaire qu'ils veulent
être fait ce jourd'hui, sur le rapport de tel expert qu'il nous plaira
choisir, sans par lesdits comparants prendre aucune qualité qui
puisse leur être de préjudice, mais au contraire sous toutes
leurs réserves et protestations de fait et droit, duquel exposé
nous notaire susdit avons concédé acte auxdits comparants
sur leur requis et leur avons déclaré que nous allons nous
transporter où est décédé ledit feu Denardou,
accompagné d'un expert et deux témoins et ont dit ne savoir
signer de ce interpellés lecture faite. CHAUSSADE
Et advenant les huit heures du matin dudit jour nous notaire soussigné
accompagné de nos témoins bas nommés nous sommes portés
audit village du Nouhaud où étant avons trouvé Anne
Gavinet veuve du défunt, Pierre Denardou et Catherine Denardou ses
fils et fille, Jean Gavinet journalier, Jean Janot et Léonard Garat
laboureurs, tous demeurant au présent lieu, ces trois derniers voisins
desdits Cruvelier et Denardou, auxquels avons dit le sujet de notre transport,
sur quoi nous ont dit vouloir assister audit inventaire, et de suite avons
fait appeler Pierre Rivet dit Minet laboureur au village de Sous le Croux
susdite paroisse, que nous avons fait appeler pour expert, lequel a dit
accepter la commission et de suite avons de lui accepté le serment
prescrit après qu'il nous a dit être âgé de cinquante
cinq ans ou environ, de laquelle prestation de serment lesdits Cruvelier
et sa femme nous ont requis acte concédé, et à l'instant
avons procédé audit inventaire comme s'ensuit : Premièrement
lesdits Cruvelier et sa femme nous ont dit que ledit feu Denardou avait
laissé pour tous habillements deux mauvaises chemises, un mauvais
chapeau, une mauvaise paire de sabots garnis de deux mauvaises bricoles,
deux mauvaises paires de culottes de droguet de pays, une mauvaise paire
de toile d'étoupe, une mauvaise paire de chausses de drap de pays,
une mauvaise veste de drap de pays avec un mauvais gilet de même,
tout quoi a été employé pour faire des habits pour
les enfants, plus un mauvais lit dont le coutil et chevet commun garnis
de plume commune pesant en tout trente cinq livres, un mauvais châlit
de grosse charpente, six draps de lit de toile d'étoupe mi-usés,
un de toile métis de même, un autre avec une grosse dentelle
au milieu, une mauvaise armoire en planches brutes, fort vieille, une petite
table de deux planches jointes, deux bancs de grosse charpente, une [bourse]
à bluter la farine, un pot de fonte de deux seaux et demi, une cuillère
de fer, un autre de cuivre jaune fort usé ayant la queue de fer,
un poêlon en même cuivre et la queue aussi de fer, deux seaux
dont un presque neuf, deux écuelles et un pot de terre commune,
une assiette, un plat et sept cuillères en étain commun mi-usés,
un seau à faire lever la pâte de blé noir, un tamis
en […], deux mauvais cribles, deux paires de dévidoirs, six fuseaux,
une panière à fromages, deux mauvais lits de balle d'avoine
avec les chevets de même, un autre couette et chevet aussi de balle
d'avoine presque usé, un petit marteau à ferrer les sabots,
un autre et une […] à battre les faux, […] de deux seaux mi-usé,
cinq faux à couper les blés et une à couper l'herbe
mi-usées, une cognée mi-usée, une petite mauvaise
hache, deux hachereaux, un cuvier à faire la lessive cerclé
en bois avec son trépied mi-usé, deux hoyaux dont un à
la [tête] cassée et pourrie par la rouille, deux fourches
en fer de trois pointes mi-usées, deux pioches dont une presque
usée, l’autre mi-usée, deux palissous et trois paniers en
clisses mi-usés, une ferrette à faire les crêpes presque
neuve, une crémaillère ayant huit petits anneaux presque
usée, une mauvaise chaise en paille, une tarière [neuve et
usée], un taille-pré et une petite scie. En ménagerie
un broc à mettre l’huile fort vieux, six mauvais sacs à mettre
les grains, une paire […] à voiturer le foin mi-usés, deux
nappes [d’étoupe] d’une aune et demi de long et trois quart de large
mi-usée, plus ayant dans le grenier […] dudit feu Denardou trois
émines seigle et quatre setiers de blé noir, une salière
de paille, un coffre en bois [de chêne] fort usé ferré
fermant à clef, où il y a un petit sac de toile où
il y a quelques vieux papiers qu’ils ont dit être fort inutiles,
quoi vu […] avons été de là en la grange du domaine
que fait valoir ledit Cruvelier à la suite de son beau-père,
où il nous a représenté, outre les outils du domaine,
un joug garni de ses lanières, deux perches avec les […] presque
usées, et deux échelles à voiturer le foin, de plus
s’est trouvé dans ladite grange cinq brebis [ou moutons] avec […]
petit agneau en sus de ceux portés par le bail fait audit feu Denardou,
et après que ledit expert a visité les bestiaux étant
dans ledit domaine, il les a estimé à la somme de sept cent
quarante livres que ledit Cruvelier lui en a déclaré qu’il
devait remettre par la somme de mille vingt livres tant en grands bestiaux,
poulinières qu’en cochons et qu’il a vendu depuis le décès
de son beau-père deux vaches suitées deux cent quarante livres
et un taureau cinquante une livres sur quoi le maître s’est retenu
la somme de cent cinquante livres pour les tailles, reste donc onze livres
à partager avec le maître, ce qui fait cinq livres dix sols
pour la succession Tous lesquels meubles ledit expert a visité et
estimé à la somme de soixante quinze livres, de tout quoi
ledit Cruvelier et sa femme se sont chargés pour les représenter
si besoin est, déclarant et affirmant n’en savoir ni retenir autres
dépendant de la succession dudit feu Denardou, ce que lesdits parents
ont reconnu véritable, même que la maison dépendant
de la succession sise au lieu de Virole paroisse de Glanges est tombée
en ruine et que la grange a besoin de plusieurs réparations, ce
qu’ils affirment aussi véritable et nous ont requis acte du présent
pour leur servir et valoir que de raison, fait et clos ledit jour, mois
et an à l’heure de midi en présence des sieurs Jean Baptiste
Barget clerc et Léonard de Sautour sergent demeurant au bourg et
paroisse de Linards, témoins connus requis et appelés soussignés
et lesdits parents , voisins et parties ainsi que ledit expert ont dit
ne savoir signer de ce interpellés lecture faite, signé à
la minute des présentes BARGET SAUTOUR et nous notaire royal soussigné,
par nous contrôlé à Linards le cinq juillet 1781 reçu
dix sols, insinué reçu trois livres, huit sols pour livre
: huit sols. CHAUSSADE