Aujourd’hui douze ventôse l’an troisième de la République
française une et indivisible, au chef-lieu de la commune de Linards
département de la Haute-Vienne, par-devant le notaire public soussigné
à dix heures du matin, ont comparu Jacques de Marty époux
d’Anne Jabet, cultivateur au hameau de Mazermaud dite commune, lequel nous
a dit et exposé que Antoine Marcheissou premier mari de ladite Jabet
étant décédé il y a environ deux ans et ayant
laissé à lui survivant Guillaume Marcheissou son fils et
de ladite Anne Jabet âgé d’environ trois ans et demi et comme
ledit de Marty ne voulant faire confusion de ses biens avec ceux dépendants
de la succession dudit feu Marcheissou, il a intérêt de faire
procéder à l’inventaire ou description sommaire des meubles
et effets dépendants de la succession dudit feu Marcheissou ensemble
procès-verbal de l’état des bâtiments en dépendant.
A ces fins nous requiert de nous transporter ce jourd’hui audit hameau
de Mazermaud dans la maison où il réside, aux fins de procéder
au susdit inventaire ou description sommaire et procès-verbal et
a déclaré ne savoir signer de ce enquis. Duquel exposé
et réquisition […], nous notaire susdit soussigné avons concédé
acte audit Demarti comparant et de suite nous nous sommes transportés
accompagné de Léonard Dunouhaud et Léonard Duris cultivateurs
au présent lieu nos témoins, audit hameau de Mazermaud dans
la maison où résident ledit et Anne Jabet conjoints et étant
arrivés nous avons trouvé ces derniers, ensemble Pierre Blanzat
maçon parent maternel dudit mineur, Blaise Rivet charpentier demeurant
au hameau d’Oradour même commune, Pierre Reillat cultivateur au hameau
du Grand Bueix dite commune aussi parent maternel dudit Guillaume Marcheissou
mineur, Pierre Delajeanne parent d’icelui mineur du côté paternel
et Pierre de Naudy voisin, cultivateurs audit hameau de Mazermaud, à
tous lesquels avons fait connaître notre qualité et le sujet
de notre transport, ensuite avons pris et reçu le serment desdits
Pierre Blanzat âgé d’environ cinquante sept ans et Blaise
Rivet âgé d’environ trente six ans, experts par nous nommés
aux fins de visite des bâtiments dépendants de ladite succession
et de nous en faire un bon et fidèle rapport, ce qu’ils ont promis
de faire en leur âme et conscience ; avons aussi pris et reçu
le serment dudit Pierre Delajeanne âgé d’environ quarante
ans, expert par nous aussi nommé aux fins de l’expertation [sic]
des objets contenus au présent inventaire ou description sommaire,
lequel nous a promis faire le dit de sa charge aussi en son âme et
conscience. Avons pareillement pris et reçu les serments desdits
Demarty et Anne Jabet conjoints qui ont promis de ne cacher ni sceller
aucun des meubles et effets dépendants de la succession dudit feu
Antoine Marcheissou, en conséquence les avons sommé de nous
représenter le tout ce qu’ils ont promis de faire, et nous ont de
suite représenté premièrement un grand pot de fonte
en fer contenant deux seaux, une marmite de fonte contenant environ un
seau, un poêlon à faire des crêpes, une poêle
à frire, un poêlon et une cuillère à tremper
la soupe de cuivre jaune avec leurs queues en fer le tout à demi
usé, un mauvais chaudron en cuivre rouge d’un seau, une pioche,
un hoyau, un hachou, une [achoupy], une faux à faucher l’herbe,
trois faux à moissonner, une fourche de fer à trois pointes,
un marteau à battre les faux avec sa forge et un autre à
ferrer les sabots le tout à demi usé, tout quoi a été
estimé par ledit Pierre Delajeanne à la somme de cent livres
(cy 100£).
Un seau avec son godet, quatre écuelles et un pot de terre commune,
quatre cuillères et une à [...] d’étain commun pesant
une livre, deux cribles, quatre palissous, deux paniers, un broyoir, un
dévidoir, un petit seau en bois pour faire lever les crêpes,
une [bourse] à passer la farine, un tamis en crin, une table, deux
bancs et une maie à pétrir le tout de grosse charpente, un
cuvier à mener la lessive, un coupe pré et une serpe le tout
à demi usé estimé par ledit Delajeanne à vingt
livres (cy 20£).
Les hardes dudit feu Marchessou consistant en un mauvais chapeau, un
mauvais bonnet en laine, une paire de sabots, une paire de jarretières
en laine blanche (il y avait une veste en drap qui fut vendue pour payer
l’enterrement dudit feu Marchessou), plus nous ont représenté
iceux conjoints un gilet en manche de drap de pays à demi usé,
une culotte même drap aussi à demi usée avec deux mauvaises
culottes en toile, une paire de bas en laine et une autre paire en fil
avec six chemises le tout à demi usé, ce qui forme les hardes
dudit feu Marchessou. Plus nous a été représenté
par iceux conjoints deux draps toile métis* et quatre d’étoupe,
deux serviettes de brin, trois nappes d’étoupe avec six sacs aussi
d’étoupe le tout à demi usé, un mauvais lit de balle
ou borde d’avoine et son châlit de grosse charpente avec une courtepointe
piquée en chanvre à demi usée, un coffre bois de cerisier
contenant trois setiers à demi usé, dix planches de cerisier
de longueur de six pieds chacune ; ledit Demarti a déclaré
qu’il avait trouvé lors de son entrée un setier blé
noir et une émine seigle présente mesure Tout quoi a été
estimé par ledit Pierre Delajeanne à la somme de cent livres
cy 100 £.
De là avons été conduits accompagnés de
tous les sus nommés et de nos témoins sur l’emplacement de
la maison dépendante de ladite succession, lesdits Blanzat et Rivet
experts nous ont observé qu’il n’y a que des pierres et quelques
morceaux de bois qui sont presque pourris, de là accompagnés
comme dessus, avons été dans la grange dépendante
d’icelle succession lesdits experts nous ont observé : savoir ledit
Blanzat, que les murs au derrière d’icelle grange qui est couverte
à paille sont presque en ruine, et que le restant desdits murs d’icelle
grange sont en passable état, ledit Rivet nous a observé
que le portal d’icelle grange ne vaut presque rien ainsi que la porte de
l’étable, qu’il pleut dans icelle, elle a besoin de recouvrir en
plusieurs endroits et que pour ce faire il fait besoin au moins cinq cent
[gluis] de paille, que la charpente d’icelle grange est en passable état,
avons trouvé quelques brebis et une chèvre que lesdits parents
ont dit appartenir à ladite Anne Jabet et qu’elle ne dépendait
en rien de la succession dudit feu Marcheissou. De là avons été
derechef dans la maison où résident iceux de Marty et Jabet
conjoints toujours accompagné de tous les susdits nommés
et de nos témoins, il nous a été représenté
par iceux conjoints quelques vieux papiers en petit nombre, que les susdits
parents n’ont pas jugé à propos de faire inventorier à
cause de leur peu de valeur, qui sont tous les meubles et effets dépendants
de la succession dudit feu Marcheissou qui se sont trouvés et à
nous représentés par iceux Demarty et Anne Jabet conjoints,
montant et estimés en total à la somme de deux cent vingt
livres, sauf erreur de calcul. Avons de nouveau sommé iceux conjoints
de nous déclarer s’ils avaient ou savaient quelque autre chose dépendante
de ladite succession ils nous ont dit en leur dit serment, n’avoir, savoir
ni retenir autre chose que les objets ci-dessus mentionnés, de tous
lesquels iceux de Marty et Anne Jabet se sont volontairement chargés
pour remettre le tout à qui de droit il appartiendra aux peines
de droits sans préjudice à iceux conjoints aux droits qu’ils
peuvent avoir et prétendre dans et sur la succession dudit feu Marcheissou
tout quoi demeure réservé. Fait clos et arrêté
le présent inventaire ou description sommaire et procès-verbal
audit hameau de Mazermaud ledit jour douze ventôse l’an troisième
de la République française une et indivisible à six
heures du soir en présence desdits Pierre Delajeanne, Pierre Reillat,
Pierre Blanzat et Blaise Rivet et Pierre Denaudy parents, experts et voisin,
et lesdits Léonard Dunouhaud et Léonard Duris témoins,
tous les sus nommés ainsi que lesdits Jacques De Marty et Anne Jabet
conjoints ont déclaré ne savoir signer de ce enquis sauf
lesdits Dunouhaud et Duris qui ont signé avec nous lecture faite.
DUNOUHAUD DURIS VILLETTE notaire
Enregistré à Linards le vingt ventôse l’an 3 Rep.
reçu six livres CHAUSSADE