ADHV 4 E 43 / 236 - 12 germinal an six (01/04/1798) Inventaire de Léonarde Sarre à Blanzat

Aujourd'hui de la république française une et indivisible, au chef lieu commune de Linards département de la Haute Vienne, étude et par-devant le notaire public patenté soussigné, à huit heures du matin, est comparu Nicolas Besselas cultivateur au hameau de Blanzat dite commune, en qualité de mari de Léonarde Sarre, veuve en première noce de Guillaume Andrau et veuve aussi en seconde noces de Léonard Lapaquette dit Noël, lequel dit Besselas nous a exposé que quoi qu'il n'ait point passé de contrat de mariage avec ladite Sarre, il est cependant sur le point de prendre sur lui le gouvernement et régie de la maison et biens d'icelle Sarre son épouse et de ceux de ses enfants et desdits Andrau et Lapaquette, ne voulant cependant faire aucune confusion de ses biens avec ceux de ladite Sarre et de sesdits enfants, il a vu intérêt sensible de faire procéder à l'inventaire des meubles, bestiaux et effets qui se trouvent actuellement dans la maison de ladite Sarre et à un procès verbal de l'état actuel des bâtiments ; en conséquence il nous a requis de vouloir nous transporter ce jourd'hui audit hameau de Blanzat et dans la maison où il réside avec ladite Sarre et ses enfants aux fins de la faction desdits inventaire et procès verbal dont s'agit, nous a requis acte de son exposé et a déclaré ne savoir signer de ce enquis.
Duquel exposé, dire et réquisition ci dessus, nous notaire soussigné avons concédé acte audit Besselas, en conséquence nous nous sommes transporté ce jourd'hui, accompagnés des citoyens Léonard Mercier et Léonard Duris cultivateurs demeurant au présent lieu, nos témoins, audit hameau de Blanzat et dans la maison où résident ledit Besselas, ladite Sarre son épouse et les enfants de cette dernière et desdits feux Andrau et Lapaquette, où étant arrivés à l'heure de midi, nous aurions trouvé lesdits Besselas et Sarre conjoints avec Gabriel Barbois maçon âgé d'environ quarante ans, demeurant au hameau de la Fontpeyre, Blaise Rivet charpentier aussi âgé de quarante ans demeurant à celui d'Oradour et Léonard Rivet dit Le Mamy cultivateur âgé d'environ quarante cinq ans demeurant audit hameau de Blanzat, le tout dite commune de Linards, à tous lesquels avons fait connaître notre qualité et le sujet de notre transport, avons ensuite pris et reçu le serment desdits Barbois, Blaise et Léonard Rivet experts par nous nommés, savoir les deux premiers aux fins de faire la visite d'iceux bâtiments et nous en faire un bon et fidèle rapport et ledit Rivet dit Mamy aux fins de faire l'estimation des objets qui seront portés audit inventaire, lesquels trois experts en acceptant la commission ont promis faire en leurs âmes et consciences ; avons pareillement pris et reçu le serment desdits Besselas et Sarre conjoints en les sommant de nous représenter tous les meubles, effets, linge et bestiaux qu'ils ont en leur pouvoir, ce qu'ils ont aussi promis de faire en leurs âmes et consciences.
Premièrement lesdits Barbois et Blaise Rivet ayant fait la visite de la maison couverte à paille, ils nous ont fait rapport que le degré à l'entrée d'icelle maison, qui est en pierre brute, est presque détruit et a besoin de refaire à neuf, que la porte d'entrée est simple, extrêmement vieille ainsi que ses montants, elle est garnie de deux vieilles pelles et gonds fermant à clef avec une vieille serrure et un petit verrou en fer, que les murs de devant sont presque en ruine et ont besoin de refaire à neuf, qu'il y a un petit bas-jour à côté de ladite porte sans aucune fermeture, que ladite maison n'est pavée qu'au tiers en pierre brute, le restant n'ayant aucune espèce de pavé, que les murs de derrière d'icelle maison sont en passable état quoique fort vieux, que le four qui est dans icelle maison a besoin de refaire à neuf, ne valant rien, que le [méanis] servant de séparation d'entre la maison et la grange de Léonard Raignaud est construit de quelques vieilles planches pourries tombant par vétusté, que l'échelle servant à monter dans le grenier qui est sur ladite maison est en bois de grosse charpente, que ledit grenier étant construit de vieilles planches beaucoup pourries a besoin de replancher et pour ce faire il y manque au moins vingt planches de six pieds de longueur chacune, que le [méanis] du grenier attenant à ladite grange n'est construit que d'une vieille cloison de branches tombant par vétusté étant pourries, que la charpente d'icelle maison est en passable état quoique fort vieille, mais que la couverture a besoin de réparer en plusieurs endroits.
Ensuite lesdits Besselas et Sarre conjoints nous ont représenté premièrement une table et deux bancs de grosse charpente et une maie à pétrir sans ferrement même charpente, une bourse en bois à repasser la farine ayant son couvercle en paille, une petite salière de paille, une petite bourse tressée en clisses à ramasser les cerises, un escabeau en bois, trois pots de fonte de fer de différentes grandeurs avec une petite marmite, un petit seau en bois à faire lever les crêpes, un poêlon à faire les crêpes avec son trépied en fer et une palette de bois, une poêle à frire, un poêlon à mener la lessive en cuivre jaune sa queue en fer, le tout plus qu'à demi usé, estimé par ledit Léonard Rivet en numéraire à la somme de vingt francs ci à côté : 20£
Un vieux coffre presque usé sans clef, une mauvaise armoire à deux battants sans serrure ni clef, un mauvais lit de balle avec son bois de grosse charpente, un autre lit de balle et une mauvaise courtepointe piquée en chanvre garni de ses bois même charpente, plus un autre mauvais lit aussi de balle sans couverte avec le bois de grosse charpente très mauvais, une mauvaise chaise en paille et un petit mauvais coffre servant à monter dans un lit, une armoire à trois battants bois de chêne et cerisier l'un desquels fermant à clef et les autres deux avec chacun une targette, trois planches bois en cerisier dont deux de six pieds de longueur chacune et l'autre de longueur huit pieds, lesquelles sont suspendues pour servir d'aisines à la maison, un râteau en bois à suspendre le pain, un cuvier à mener la lessive presque usé, un mauvais broyoir, un petit dévidoir et une dévidoire, une mauvaise pique à peigner le chanvre, un mauvais tamis en crin, un panier à manger les châtaignes, trois autres paniers, sept palissous, trois mauvais cribles, une petite cuillère à tremper la soupe cuivre jaune ayant la queue en fer, deux crémaillères en fer, un mauvais coffre sans couvercle, un autre mauvais fermant à clef, deux pelles en bois à enfourner la pâte avec leur [retable] en bois, une planche à faire les tourtes, trois mauvaises [bourses] en paille, autres quatre à mettre les abeilles, deux hoyaux demi-usés, deux mauvaises fourches de fer à trois pointes, une autre aussi en fer à deux pointes, deux petites pioches, une petite cognée, deux [achoupis], un petit hachereau, une [essole], trois petites tarières ou avant-clous, un petit ciseau, un coupe-pré et un petit couteau à polir le bois, le tout à demi usé, deux mauvaises faux à couper l'herbe, quatre mauvaises faux à moissonner, un marteau à battre les faux avec sa forge à demi usés, un autre petit marteau à ferrer les sabots, une petite tenaille en bois, une petite vrille, deux mauvais seaux en bois avec leur godet et leur balancier, une panière à mettre les fromage très usée, un mauvais seau en bois à faire le beurre, un petit […] en bois avec une quarte à mesurer les grains, le tout estimé par ledit Rivet dit Mamy à la somme de quatre vingt six francs, ci à côté: 86£. Et vu qu'il est six heures nous nous sommes retirés et avons remis la continuation du présent inventaire et procès verbal à demain treize du courant à six heures du matin où toutes parties intéressées et experts sont priés de se rendre, et ont tant lesdits Besselas et Sarre conjoints que lesdits Barbois et Rivet experts, déclaré ne savoir signer de ce enquis, lesdits citoyens Mercier et Duris témoins ont signé avec nous.
MERCIER DURIS VILLETTE Notaire
Et advenant les six heures du matin dudit jour treize germinal an six républicain, nous notaire soussigné, accompagné desdits citoyens Mercier et Duris nos témoins, nous sommes rendus audit hameau de Blanzat dans la maison où résident lesdits Besselas et Sarre conjoints ; y étant avons trouvé ces derniers et lesdits Barbois et Rivet experts et en continuant notre opération, iceux conjoints nous ont représenté un petit bac à cochons en pierre, un petit chandelier en bois, cinq écuelles terre commune, cinq cuillères d’étain commun à manger la soupe, quatre assiettes, un flacon, deux pots et deux [buijes] à mettre l’huile, le tout aussi de terre commune, trois bouteilles de verre noir et quatre gobelets de verre, six sacs d’étoupe, huit linceuls aussi d’étoupe et trois de brin* dont deux ayant une brodure au milieu, quatre serviettes de brin* et cinq nappes d’étoupe, le tout à demi usé, le tout estimé par ledit Léonard Rivet dit Mamy à la somme de quarante huit francs ci à côté : 48£, qui sont tous les meubles et linge qui se sont trouvés dans ladite maison.
De là accompagnés de tous les sus nommés et de nos témoins, avons monté dans ledit grenier dans lequel il s'est trouvé et nous a été représenté par lesdits Besselas et Sarre conjoints un petit tas de seigle que nous avons fait mesurer, il s'y en est trouvé deux setiers, plus un autre tas de blé noir que nous avons pareillement fait mesurer et s'y en est trouvé douze setiers, plus s'est trouvé une quarte chènevis le tout présente mesure, lesquels grains ont été estimés par ledit Léonard Rivet à la somme de trente neuf francs ci à côté : 39£, qui est tout ce qui s'est trouvé dans ledit grenier.
De là accompagnés comme dessus avons été dans une petite chambre basse ou [soutre] attenant à la grange dudit Raignaud, où lesdits conjoints nous ont représenté un vieux mortier en bois presque pourri servant à préparer le mil avec son pilon, avec un mauvais métier de tisserand où il n'y a que les quatre montants, estimé deux francs ci à côté : 2£
Lesdits Barbois et Blaise Rivet, ayant examiné tant ladite chambre ou [soutre] à rez-de-chaussée que la chambre qui est au-dessus, charpente que couverture qui est de paille, ils nous ont fait rapport que la porte dudit [soutre] est fort vieille, fermant avec une mauvaise serrure, que le degré qui est en pierre brute servant à monter dans la chambre placée sur le [soutre] est très mauvaise et a besoin de refaire à neuf, que la porte d'icelle chambre est simple, cassée et fort vieille, fermant aussi avec une vieille serrure, que le plancher de la chambre ne valait rien, les planches étant toutes pourries, que celui qui est au-dessus servant de petit grenier est en passable état mais que les bois formant la couverture sont très vieux, les chevrons étant pourris par les bouts, que la couverture a besoin de réparer en plusieurs endroits où il fait besoin au moins trois cent […] de paille pour la réparer y compris la couverture de la maison, que le pignon d'icelle chambre ainsi que les murs de derrière sont en passable état mais que ceux de devant sont fendus et crevassés.
De là avons été accompagnés de tous les sus nommés dans la grange couverte à paille où nous avons trouvé et nous a été représenté par lesdits Besselas et Sarre conjoints deux râteaux et quatre fourches en bois, deux battoirs, deux échelles à bras dont l'une grande et une petite, deux autres à charger et conduire le foin, un joug garni de ses jouilles très mauvaises, branchoirs et chevillier de fer, un alésoir en fer, une aiguillade* avec son chausson de fer, une charrue ou [aptet] garni de sa règle et couteau de fer avec un mauvais [bladeret] et sa jambige, une paire de roues ferrées à demi usées boitées et cerclées, une mauvaise chareille ou charron à demi usé, le tout estimé à la somme de soixante quatre francs ci à côté : 64£
Plus nous a été représenté par iceux conjoints deux vaches poil vermeil sans suite ni même pleines, de la seconde qualité, âgées chacune de cinq ans avec un veau poil vermeil même qualité âgé de dix sept mois, le tout estimé par ledit Rivet à la somme de cent cinquante francs ci à côté : 150£
Plus deux cochons nourrins dont l'un mâle et une femelle âgés de chacun dix mois, deux moutons de deux ans chacun, trois brebis de trois ans chacune et sept autres brebis âgées de chacune sept ans, avec quatre [bourgnons] placés dans le jardin au devant la maison, le tout estimé par ledit Léonard Rivet dit le Mamy à la somme de quatre vingt dix francs ci à côté : 90£, qui sont tous les meubles, effets, linge et bestiaux gros et menus que iceux Besselas et Sarre conjoints ont en leur pouvoir.
Et attendu qu'il est déjà midi, nous nous sommes retirés et avons remis la continuation de notre opération aux deux heures de relevée de ce jourd'hui où toutes parties intéressées et experts sont priés de se rendre, et ont tant lesdits Besselas et Sarre conjoints que lesdits Barbois et Rivet, déclaré ne savoir signer de ce enquis, lesdits Mercier et Duris nos témoins ont signé avec nous, ledit Léonard Rivet dit le Mamy s'étant retiré ayant fini son opération.
DURIS MERCIER VILLETTE Notaire.
Et advenant les deux heures de relevée dudit jour treize germinal nous notaire susdit soussigné accompagné desdits citoyens Mercier et Duris nos témoins nous sommes rendus audit hameau de Blanzat dite commune de Linards, dans la maison où résident lesdits Nicolas Besselas et Léonarde Sarre conjoints, y étant arrivés avons trouvé ces derniers avec lesdits Gabriel Barbois et Blaise Rivet, avons été conduits accompagnés de tous les sus nommés et de nos témoins dans la susdite grange que iceux Barbois et Rivet ont visité, après quoi ils noua ont fait rapport que le portail d'icelle grange est assez en bon état, fermant avec une cheville de bois, que la porte de l'étable des gros bestiaux est simple, assez bonne, fermant avec une autre cheville de bois, mais que celle de l'étable à brebis est fort vieille, simple et fermant aussi avec une cheville de bois, que les murs du devant d'icelle grange ainsi que le pignon du côté de la maison dudit Raignaud sont bons, que le pignon d'en bas n'est monté qu'à six pieds d'hauteur hors terre sur vingt cinq de long, mais que tout le restant des murs d'icelle grange, à prendre depuis le pignon déjà commencé jusques et compris tout le derrière de ladite grange a besoin de refaire à neuf, que le [méanis] où sont placées les colliers des gros bestiaux est très vieux, y manquant beaucoup de planchons pour le rétablir, et que la sole d'en bas est presque pourrie, qu'il n'y a que deux fraîches en fer les autres étant en bois, que les poutres du grenier à foin sont la moitié pourries, que ledit grenier n'est point planchéié, n'y ayant que des branches, que le [méanis] entre l'étable des gros bestiaux et celui des brebis ne valant presque rien n'y ayant que quelques mauvais pieux dans une partie, que celui qui est à l'étable des veaux est au même état que le précédent, que la charpente d'icelle grange est fort vieille et a au moins un tiers des chevrons pourris, que la couverture qui est à paille est très mauvaise, qu'il y pleut en plusieurs endroits où il faudrait au moins six cent […] de paille pour la remettre en passable état.
Tous les objets portés au présent inventaire ci dessus estimés forment en numéraire la somme totale de quatre cent quatre vingt dix neuf francs sauf erreur de calcul. Avons de nouveau sommé lesdits Besselas et Sarre conjoints de nous déclarer s'ils avaient entre mains et à leur pouvoir quelques autres choses, ils nous ont dit et affirmé qu'ils ne savaient autre chose que les objets ci dessus expliqués au susdit inventaire, et nous a déclaré ladite Léonarde Sarre qu'à la vérité il y avait en premier lieu quelques chemises, nippes et hardes desdits feux Andrau et Lapaquette ses premier et second mari, mais que le tout avait été employé à l'entretien de ses enfants du premier et second lit.
De tous lesquels objets mentionnés au présent inventaire icelui Nicolas Besselas s'est volontairement chargé pour remettre le tout à qui de droit il appartiendra, en même nature, espèce et qualité qu'il est ci dessus porté audit inventaire, sans entendre iceux conjoints se [sont] aussi réservé. Fait, clos et arrêté les présent inventaire et procès verbal audit hameau de Blanzat ledit jour treize germinal l'an six de la république française une et indivisible à cinq heures du soir en présence desdits Besselas et Sarre conjoints, desdits Barbois et Blaise Rivet experts qui ont tous déclaré comme autre fois ne savoir signer de ce enquis, et desdits citoyens Léonard Mercier et Léonard Duris nos témoins qui ont signé avec nous
DURIS MERCIER VILLETTE Notaire
 

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