Aujourd'hui quinze brumaire l'an sixième de la République
française une et indivisible, au chef-lieu commune de Linards département
de la Haute-Vienne, étude et par devant le notaire public patenté
soussigné, à dix heures du matin, ont comparu Françoise
Charosserie et Joseph Decrorieux conjoints, cultivateurs au hameau de la
Fontpeyre dite commune, lesquels nous ont dit et exposé que Antoinette
Bourdelas leur mère et belle-mère aurait décédé
il y a environ un mois, et aurait de son premier mariage avec feu Léonard
Charosserie son mari, laissé à elles survivantes, ladite
Charosserie comparante et Léonarde Charosserie sa sœur âgée
d'environ dix-sept ans, ses filles et dudit Léonard Charosserie,
et comme les comparants ne voulaient faire confusion de leurs biens avec
ceux dépendant de la succession de ladite feue Antoinette Bourdelas
leur mère et belle-mère, ils ont intérêt de
faire procéder à l'inventaire des meubles et effets dépendant
de sa succession, en conséquence ils nous requièrent de vouloir
nous transporter ce jourd'hui audit hameau de la Fontpeyre et dans la maison
ou est décédée ladite feue Bourdelas aux fins de la
faction du susdit inventaire et nous requièrent acte de leur exposé
et ont déclaré ne savoir signer de ce enquis.
Duquel exposé ci-dessus nous notaire soussigné avons
donné acte auxdits Charosserie et Decrorieux conjoints, en conséquence
disons que nous nous transporterons ce jourd'hui accompagnés des
citoyens Léonard Mercier et Léonard Duris nos témoins,
cultivateurs demeurant au présent lieu, audit hameau de la Fontpeyre
dans la maison de la feue Bourdelas, aux fins de la faction de l'inventaire
ci-dessus requis, et comme de fait y étant arrivés environ
l'heure de midi, y aurions trouvé iceux Charosserie, Charosserie
et Decrorieux conjoints, ladite Léonarde Charosserie leur sœur et
belle-sœur, ensemble les citoyens Pierre Charosserie, Léonard Dunouhaud,
François Dufraisseix, Léonard Besselas, cultivateurs demeurant
au hameau de Manzeix et audit présent hameau de la Fontpeyre dite
commune, parents paternels et maternels desdites Françoise et Léonarde
Charosserie, à tous lesquels ayant fait connaître notre qualité
et le sujet de notre transport, avons pris et reçu le serment dudit
Pierre Charosserie âgé d'environ soixante dix ans, oncle paternel
auxdites deux Charosserie, expert par nous pris et nommé aux fins
de l'estimation des objets qui seront contenus audit inventaire, et qui
nous a promis de faire le dû de sa charge en son âme et conscience.
Avons ensuite sommé lesdits Françoise Charosserie et
Joseph Decrorieux conjoints de nous représenter tous les meubles
et effets dépendants de la succession de ladite feue Antoinette
Bourdelas leur mère et belle-mère, ce qu'ils ont promis de
faire, le serment d'eux préalablement pris et reçu en la
manière accoutumée. Cela fait avons en présence de
tous les parents susnommés, même en celle de ladite Léonarde
Charosserie, procédé à la faction du susdit inventaire
ainsi qu'il suit :
Premièrement lesdits Charosserie et Decrorieux conjoints nous
ont représenté un petit bac à cochon avec une table
et deux bancs, le tout de grosse charpente, un grand pot de fonte de contenance
de deux seaux, un autre d'un seau, une petite marmite avec son couvercle
de fonte d'un demi-seau, une petite poêle à frire, un poêlon
à faire les crêpes et sa palette de bois, une pioche, une
cognée, une petite hache, une achoupie, une fourche de fer à
trois pointes, le tout à demi usé, un petit mauvais chaudron
cuivre rouge de contenance d'un seau, un petit mauvais poêlon à
mener la lessive ayant la queue de fer, une cruche terre commune, un broyard,
une petite mauvaise cuillère à tremper la soupe cuivre jaune
avec la queue en fer, six assiettes, deux écuelles avec trois petites
cuillères à manger la soupe, le tout d'étain commun
pesant neuf livres poids de marc, une écuelle terre commune avec
deux petits marteaux à ferrer les sabots, quatre mauvais paillons
et trois mauvais paniers en clisses, un tamis en crin à bluter*
la farine avec une bourse en paille pour la mettre à demi usé,
le tout estimé par ledit Pierre Charosserie à la somme de
trente francs ci-contre : 30 £
Plus nous ont représenté iceux conjoints deux petits
chenets et un trépied en fer pesant dix livres, une petite mauvaise
salière en paille, un petit seau de bois à faire lever les
crêpes, une petite mauvaise armoire très vieille à
deux battants bois de cerisier avec une mauvaise serrure et sans autres
ferrements, un très mauvais coffre sans ferrements tombant par vétusté,
une maie à pétrir bois de cerisier de grosse charpente à
demi usée, un autre coffre sans serrure bois de cerisier de contenance
de deux setiers à demi usé, un bois de lit grosse charpente
bois de chêne à demi usé, un autre bois de lit grosse
menuiserie en façon d’armoire bois de cerisier presque neuf ayant
un battant dans lequel il s’y est trouvé deux mauvaises couettes
garnies de mauvais [plumetis] dont un garni de quinze livres de plume commune
et dans l’autre couette avec son coussin garni de borde d’avoine avec une
petite mauvaise courtepointe piquée en chanvre, plus une autre couette
avec son coussin ayant leurs plumetis très mauvais, le tout garni
de vingt livres de plume commune, une panière de bois à mettre
les fromages avec un râtelier à suspendre le pain, le tout
à demi usé, deux pelles de bois à enfourner la pâte,
une claie à faire sécher les châtaignes, cinq mauvais
sacs toile d’étoupe, douze livres chanvre broyé avec cent
poignées à broyer, six livres laine lavée, une livre
fil d’étoupe sans blanchir, le tout estimé par ledit Charosserie
à la somme de cinquante francs ci contre : 50£
A l’égard des nippes, hardes et linge de ladite feue Antoinette
Bourdelas, le tout a été remis à ladite Léonarde
Charosserie sa jeune fille comme étant de peu de valeur et faisant
besoin à l’entretien de cette dernière, du consentement de
tous les susdits parents, en conséquence icelles nippes, hardes
et linge n’ont point été portés au présent
inventaire.
Plus iceux conjoints nous ont représenté deux draps de
lit de chacun quatre aulnes toile d’étoupe neufs, plus autres deux
draps toile métis* aussi de quatre aulnes chacun avec autres trois
mauvais d’étoupe de peu de valeur, deux mauvaises nappes d’étoupe
de chacune une aulne, cinq serviettes de brin* à demi usées,
une émine chènevis, plus nous ont représenté
un tas de blé noir à battre, lequel ayant été
visité par les susdits parents, ces derniers ont convenu qu’il pouvait
y en avoir environ quinze setiers présente mesure, le tout estimé
par ledit Charosserie à la somme de cinquante quatre francs ci contre
: 54£
Plus nous ont représenté un tas de châtaignes vertes
que les parents ont estimé y en avoir sept sacs lesquelles ont été
estimées par ledit Charosserie à la somme de quinze francs
ci contre : 15£
Plus et finalement nous a été représenté
par lesdits Françoise Charosserie et Joseph Decrorieux le nombre
de trente brebis mères ou agneaux qui ont été estimés
par ledit Pierre Charosserie à la somme de soixante francs ci contre
: 60£,
Toutes lesquelles sommes reviennent ensemble à celle totale
de deux cent neuf livres en numéraire.
Les papiers étant en un si petit nombre et de si peu de conséquence
que les susdits parents n’ont pas jugé à propos qu’ils ne
soient inventoriés.
Qui sont tous les meubles, effets et bestiaux à nous représentés
par lesdits Françoise Charosserie et Joseph Decrorieux conjoints
; avons de nouveau sommé ces derniers s’ils avaient ou savaient
quelque autre chose dépendante de ladite succession, ils nous ont
dit et affirmé sous leur dit serment n’avoir, savoir ni retenir
autres choses que les objets ci dessus mentionnés au présent
inventaire, de tout quoi ils se sont volontairement chargés pour
remettre le tout à qui de droit il appartiendra, sans entendre se
préjudicier aux droits et prétentions qu’ils peuvent avoir
dans la succession de ladite feue Antoinette Bourdelas leur mère
et belle-mère, tout quoi leur demeurant réservé, les
droits et prétentions de ladite Léonarde Charosserie leur
sœur et belle-sœur lui demeurant pareillement réservés.
Fait clos et arrêté le présent inventaire audit
hameau de la Fontpeyre dite commune de Linards département de la
Haute-Vienne, ledit jour quinze brumaire l’an six de la république
française une et indivisible, à six heures du soir en présence
desdits pierre Charosserie, Léonard Dunouhaud, François Dufraisseix,
Léonard Besselas, Léonard et Etienne Demaison, Nicolas Dunouhaud
parents de ladite Léonarde Charosserie mineure, et desdits citoyens
Léonard Mercier et Léonard Duris nos témoins qui ont
signé avec nous ainsi que ledit Léonard Dunouhaud, les parties
conjointes et les autres parents ainsi que ladite Charosserie mineure ont
déclaré ne savoir signer de ce enquis lecture faite.
DUNOUHAUD DURIS MERCIER VILLETTE Notaire
Enregistré à Linards le seize brumaire l’an 6° Rép.
Reçu un franc CHAUSSADE