ADHV 4 E 43 / 204 - Dîmes inféodées de Châteauneuf - Manzeix
Procès verbal du 23 juillet 1771

Aujourd'hui vingt troisième jour du mois de juillet mille sept cent soixante onze avant midi au bourg et paroisse de Linars, Haut-Limousin, par devant nous Jean-Louis Chaussade notaire royal, tabellion, garde-note héréditaire soussigné, en présence des témoins bas-nommés sont comparus:
M° Joseph Piquet, notaire royal demeurant au bourg de Châteauneuf paroisse de Ste-Marie-la-Claire, en qualité de fondé de procuration de dame Marianne de Guiton, dame marquise de Châteauneuf et faisant pour elle, et encore pour dame Magdelaine Regnaudie, dame de Neuvic et du B[...], propriétaire du fief de Bord, demeurant à Limoges,
Sr Jean Villevialle M° en chirurgie demeurant au bourg dudit Linars, faisant pour illustre seigneur messire Pierre de Gain de Linars, comte de Lyon, abbé de [...], demeurant ordinairement en la ville de Lyon, duquel ledit sieur comparant est fermier, suivant le bail du 3 juin 1765 passé devant Morin notaire [...]
et encore M° Marc-Amable Duteillet, notaire demeurant au bourg de Neuvic, où est paroisse, en qualité d'agent de messire Jean-Baptiste Joseph Dugareau, seigneur de la [...], capitaine au régiment de mestre de camp général cavalerie, seigneur de Neuvic, Masléon, Vergnas et autres lieux, étant à présent en garnison à Epinard [sic] en Lorraine,
tous lesdits seigneurs et dames propriétaires chacun pour ce qui les concerne des dîmes générales inféodées du marquisat de Châteauneuf et autres membres en dépendant, pour lesquels les sieurs comparant nous ont dit et exposé qu'il dépend desdites dîmes inféodées celles du village et ténement de Manzeix en la paroisse de Linars, et que suivant la coutume et usage anciens, les propriétaires et tenants dudit village et ténement de Manzeix sont tenus et obligés de faire avertir, ou avertir par eux mêmes les seigneurs décimateurs sus nommés ou leurs ayant droits et cause, pour faire le compte des gerbes qui se recueillent dans les appartenances dudit village et ténement avant de les serrer et engranger, afin d'en retirer le droit de dîme suivant l'ancien usage de toutes sortes de grains, et que cependant au mépris de cet ancien usage et coutume les propriétaires susdits se sont avisés, de leur autorité privée, de serrer et engranger partie de la récolte du blé seigle de la présente année, sans avertir les seigneurs décimateurs ou leurs ayant droits. En conséquence de cette manoeuvre faite au préjudice de l'ancien usage, les comparants nous ont requis de nous transporter avec nos témoins soussignés audit lieu de Manzeix pour constater procès verbal de toutes les gerbes serrées et engrangées sans la permission des seigneurs décimateurs ou leurs ayant droits, pour leur servir et valoir ce qu'il appartiendra sous les protections requises de droit, pour s'en pourvoir par les voies de droit, et ont dit lesdits sieurs comparant vouloir signer leur dit requis et exposé avec nos témoins soussignés.
Piquet faisant comme [...]
Villevialle faisant pour m. le comte de Sion
Duteillet pour Mr de Neuvic
Villette
Soutour
Chaussade

Duquel exposé nous notaire royal soussigné avons concédé acte aux sieurs comparant, et sur leur requis à l'instant nous nous sommes portés exprès avec nos témoins soussignés audit lieu et village de Manzeix pour vaquer au procès verbal, auquel nous avons procédé audit lieu de Manzeix ainsi que s'ensuit:
Premièrement avons été conduits dans le champ appelé du genet dépendant du ténement de Manzeix, où il y a deux terres appartenant aux nommés Moreil Delouis et aux héritiers de Pierre Delanne, à ce que nous a déclaré le sieur Villevialle; la récolte desquelles terres a été enlevée sans que lesdits sieurs aient étés avertis, à ce qu'ils nous déclarent.
De là nous nous nous sommes portés exprès dans un autre champ appelé le grand champ de Manzeix où nous avons trouvé une grande partie du blé seigle enlevée et serrée, duquel champ ledit sieur Villevialle dit bien savoir que tous les propriétaires dudit village avaient chacun leur part et portion, divisé ainsi qu'il nous a paru par les différents alignements de sillons.
Et de là nous nous sommes portés dans ledit village de Manzeix où étant nous avons été au devant de la maison de Léonard Bourrissou et consorts, que nous avons trouvé fermée ainsi que la grange qu'on a dit à eux appartenir, et de là au devant de la maison des héritiers de Jean Arnaud dit Burbaud, que nous avons aussi trouvé fermée ainsi que la grange,
et de là nous sommes portés au domicile de Léonard Demaison, laboureur, où étant nous avons trouvé ledit Demaison et son frère qui nous ont dit avoir engrangé quatre vingt deux gerbes de seigle, dont une partie de chargée dans une charrette étant dans la grange, qu'il nous a ouvert, et nous a fait voir la paille de dix gerbes battues
quoi vu nous nous sommes portés au domicile de Jean Bonnefont, métayer du seigneur de Linars, que nous avons trouvé avec Antoine son fils dans la grange dépendante dudit domaine, où étant avons dit auxdits Bonnefont s'ils avaient serré et engrangé des gerbes de seigle de cette récolte ? Ils nous ont dit en avoir engrangé, savoir vingt deux d'orge d'hiver et cent cinquante dont il en a deux charretées déchargées, et leur avons dit le sujet de notre transport, lesquels nous ont fait réponse avec ledit Demaison qu'ils craignaient de n'avoir pas serré leur récolte assez tôt, mais qu'ils avaient tiré la dîme de ce qu'ils avaient serré et en avaient fait un petit gerbier dans leurs granges, et après les avons sommé de signer lesquels nous ont dit ne le savoir faire de ce interpellés.
Et de là tout de suite nous nous sommes portés au devant de la grange de Léonard et Pierre Bourrissou père et fils, laboureurs demeurant audit lieu de Manzeix, lesquels nous avons trouvé, et les sieurs comparant leur ont dit qu'au mépris de l'ancien usage ils avaient vraisemblablement engrangé une partie de leur récolte, et ledit Bourrissou fils a dit avoir serré dix gerbes d'orge d'hiver et les avait battues, mais leur offre le droit de dîme quand il en sera requis, et leur a dit avoir serré soixante quatre gerbes de seigle pour son compte et trente huit pour le bien qu'il travaille à moitié de léonard Faye, et avoir le tout engrangé ce matin et avoir mis à part le droit de dîme dû au sieur comparant comme faisant pour les décimateurs, après quoi nous a fait réponse que si les seigneurs décimateurs ou les comparants ne voulaient retirer la dîme des grains qu'ils avaient, lui et son père, engrangés, ils finiraient d'engranger le restant et l'avons sommé de signer sa réponse, et de ce faire a été refusant.
Et de là nous sommes portés au devant de la grange d'Antoine dit Thomas Valadon, où étant nous avons fait rencontre de la femme de Guillaume Bourrissou son métayer, qui a ouvert la porte de la grange et nous a fait voir dans le grenier à foin vingt huit gerbes épaillées, et a dit que son mari en avait serré deux charretées de seigle et ne savait le nombre des gerbes, et nous avons remarqué que dans le sol ou aire de ladite grange il y a un petit tas de gerbes battues, que cette femme nous a dit appartenir au gendre de feu Léonard Demaison dit Cassis, et nous avons sommé ladite femme de signer et nous a dit ne savoir signer de ce interpellée,
après quoi nous sommes retiré aux protestations que font les sieurs comparants de se pourvoir par les voies de droit pour leur être fait droit du tort qu'ils peuvent souffrir par la manoeuvre faite par lesdits tenanciers et propriétaires dudit village de Manzeix, au préjudice des anciennes coutumes et usages, de tout quoi les comparants nous ont requis le présent procès verbal pour leur servir et valoir que de raison et aux seigneurs pour lesquels ils protestent ainsi que de droit.
Fait, clos et arrêté le présent, environ les cinq heures demi du soir, audit village de Manzeix, en présence des sieurs comparants et de sieur Denis Villette, praticien demeurant à Linars, et Léonard Desautour, sergent y demeurant, témoins connus, requis et appelés, qui ont signé avec les sieurs comparants lecture faite.
Duteillet pour le seigneur de Neuvic
Piquet pour les dames de Châteauneuf et de Neuvic
Sautour
Villevialle
Villette
Chaussade
Concédé à Linars le trois août 1771, reçu treize sols [...]
 

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