1- Du maire et curé de Linards à l'Intendant
Monsieur,
nous avons eu déjà l'honneur de vous écrire au
sujet du vote des impositions de quatre vingt dix. Nous l'avons confronté
avec le vote de quatre vingt huit et il se trouve que nous n'avons éprouvé
aucune diminution. Les contribuables de cette paroisse ayant appris qu'il
y avait cette année beaucoup de soulagement désirent savoir
la raison pour laquelle ils ne sont pas de ce nombre, et disent hautement
qu'ils ne seront de paiement qu'au préalable ils soient instruits
des motifs pour lesquels ils sont traités de la sorte. J'espère
que vous nous donnerez satisfaction sur cette demande.
J'ai l'honneur d'être avec respect, monsieur, votre très
humble et obéissant serviteur,
De Gay de Vernon, prieur et maire de la paroisse de Linards, le 27
avril 1790
2- De l'Intendant au maire de Linards
Cette augmentation provient, comme je vous l'ai dit, de ce qu'il a
été accordé en considération du chemin en 1789
une diminution de 2000 sur le principal de la taille de 1789, qui avec
les accessoires s'éleva à 4360, et cette diminution ne fut
accordée, comme il était juste, qu'à la condition
que le chemin dont il s'agit aurait son exécution. Comme il est
survenu depuis des oppositions à la construction de ce chemin, et
que par conséquent il n'a pas eu lieu, il était donc juste
de faire rendre en 1790 à votre paroisse la diminution qu'elle avait
obtenue en 1789 pour cet objet, et c'est précisément cette
rentrée qui occasionne l'augmentation dont se plaignent vos paroissiens,
sans laquelle les anciens contribuables auraient éprouvé
cette année une diminution très sensible, produite par l'imposition
des ci-devant privilégiés.
Vous voyez d'abord qu'au lieu de 4360£ qui devaient être
en augmentation, comparaison faite avec les impositions de 1789 il n'y
a que 3896, c'est donc déjà une diminution de 464 que la
paroisse aurait eu de plus puisqu'il est juste qu'il lui soit réimposé
la même somme dont elle avait joui mal à propos pour le chemin
qu'elle n'a pas fait, elle se trouve avoir eu 464 de moins sous l'effet
de la diminution occasionnée par l'imposition des ci-devant privilégiés;
en second lieu les ci-devant privilégiés supportent au rôle
de 1790 1400£, ce qui est encore une diminution pour les anciens
contribuables.
Vous voyez donc, monsieur, que la paroisse de Linards jouit dès
à présent de plus de 1800£ avec l'imposition des ci-devant
privilégiés. D'ailleurs la réimposition ne doit
avoir lieu que pour 1790; votre paroisse sera diminuée au département
prochain de 2000 sur son imposition principale de 1791, et elle sera remise
à son taux ordinaire qui se trouve augmenté en 1790 parce
qu'il a été nécessaire non seulement de le remettre
sur le même pied qu'en 1788, mais encore d'y ajouter les 4360 qui
avaient été diminués en 1789 pour indemnité
d'un chemin qui n'a pas eu lieu. Vous sentez donc, monsieur, que si la
paroisse ne parait pas éprouver sensiblement la diminution que lui
procure l'imposition des ci-devant privilégiés, c'est qu'elle
avait à remplacer l'indemnité qui lui avait été
accordée en 1789.