1- Requête des notables à l'Intendant pour réunir
une assemblée paroissiale
A monseigneur l'intendant de la Généralité de
Limoges, supplient humblement les habitants du bourg et paroisse de Linards,
disant que leur paroisse est située sur un terrain humide et sujet
à la réception de beaucoup de sources et ruisseaux qui rendent
les chemins impraticables, tant dans le bourg qu'aux environs, et par ce
moyen ne peuvent exporter leurs denrées hors de la paroisse, et
comme ladite paroisse ne se trouve éloignée que de la distance
d'une lieue et demi de la grande route ou environ, ils désireraient
qu'il fut ouvert un chemin praticable de Linards à l'endroit le
plus convenable de la dite route de St-Léonard à St-Germain,
afin de pouvoir exporter leurs denrées dans les villes de Limoges
et St-Léonard, et de faciliter le commerce; c'est pourquoi ils ont
recours à votre autorité et justice, aux fins que ce considéré,
Monseigneur, il vous plaise de vos grâces permettre aux dits habitants
de s'assembler pour délibérer sur la nécessité,
ouverture et faction dudit chemin de communication à ladite route,
les suppliants en ayant un besoin indispensable, et ferez bien.
Signé Lavaud-St-Etienne, Bourdeau de la Judie, Chaussade, Villette,
Barget, Mercier, Barget, Villevialle, Sautour et Dupuy...
2- Réponse de l'intendant
Soit la présente requête communiquée aux habitants
de la paroisse de Linards, assemblés à la manière
ordinaire, au son de la cloche, à l'issue de la messe paroissiale,
pour délibérer sur le contenu de la présente requête,
pour ce fait, ou faute de le faire être ordonné ce qu'il appartiendra,
ce 27 Aout 1788.
3- Proçès verbal de l'assemblée paroissiale
Aujourdhuy trentunième jour du mois d'aoust 1788, au bourg paroissial
de Linards Haut Limousin, sénéchaussée de Limoges,
au devant la principale porte de l'église dudit lieu, à l'issue
de la grand messe paroissialle, le peuple sortant de l'entendre, par devant
le notaire royal et témoins soussignés, sont comparus : messire
Léonard Bordeaux, escuyer, seigneur de la Judie, Le Mas, Linards,
Les Salles et autres lieux,
messire Jean Baptiste de Lalande, chevalier, seigneur de Lavaux-St-Etienne,
Neuvillars, Lajaumont et autres lieux, demeurant en leur château,
paroisse de Linards et St-Bonnet-la-rivière,
Mtre Jean-Louis Chaussade, seigneur de Trarieux, notaire royal et juge
dudit Linards,
sieur Jean-Louis Barget, maitre es arts en chirurgie
sieur Pierre Barget, bourgeois mtre Denis Villette, notaire et
greffier
sieur Jean-Baptiste Villevialle sieur Pierre Mercier
sieur Jean Dupas, marchand Léonard de Saultour
Léonard Dunouhaud, sergens François Fleurest,
artisan
tous habitants dudit bourg de Linards
mtre Jean-Baptiste Daniel de Garesnne, bourgeois de la ville de St-Léonard,
et propriétaire du lieu de Garesnne et Beaubiat,
Martial Boudou et François Arnaud, laboureurs au lieu de Chez-Boucharat,
Léonard Besselas, journalier
Guillaume Dusoucher et Jean Dublondet, laboureurs au lieu de La Maillerie,
Jean ?? et Jean Dejeanpetit, métayer au lieu de Crorieux et
propriétaires dans la paroisse,
Léonard dit Joseph Dubois, Jean Larue, journaliers au
village de La Fontpeyre
Léonard ?? et Léonard Rivet et Charles Pingou, laboureurs
au village de Sous-le-Croux,
Martial Vergne, gendre de Pierre Laboulendinne,
Jean Demoyen, laboureurs au village de Puy Larousse
Léonard Garat, laboureur au village du Nouhaud
Etienne Rivet, Joseph Duroudier, Laurent Desaultour, laboureurs au
village de Sautour le Petit,
Jean dit Jeammet Desaultour, laboureur au village de Montégut
Pierre Lapasquette, métayer propriétaire au village de
Buffeangeas, demeurant au village de Blanzat,
Joseph Vergne, laboureur, Laurent Vergne, journalier, Guillaume Bonnefond,
charron, du village de Sautour Le Grand,
Léonard Couade, métayer et propriétaire au lieu
du Mazeaud,
Guillaume Reyniaudet, tallandier, Antoine Duroudier, Antoine Chalard,
laboureurs au village d'Auradour,
Pierre Lapasquette, propriétaire audit village, demeurant métayer
au village du Buisson,
Pierre Sixou, laboureur audit lieu d'Auradour,
Guillem Boudou, Antoine Sixou, Léonard Boudou, Léonard
et Charles Desautour ses gendres, laboureurs, Léonard Poulet dit
Meyras, Guillaume Desautour, metayers, Léonard Maisongrande, laboureurs,
Jean De??, laboureurs, demeurant au village de Mazermaud,
Annet Romanet, Léonard Degeorge, métayers au village
de Blanzat,
Georges Tulliéras, marchand au village de Meyras,
Pierre Delouis, Jean Faure, Pierre Rivet, laboureurs au village de
Salas,
Léonard Duris dit Nassou, laboureur au village du Buisson
Louis Quintane, Jean Bourriquet, laboureurs au village du Burg
Léonard Memy, journalier, Léonard Desaultour, propriétaires
au village de Boulandie
Antoine dit Thomas Valadon, laboureur au village de Manzeix
Mathieu Reliat, laboureur au village de Villechenour,
et Jean Peyrot, laboureur au village du Grand Bueix,
Le tout propriétaires dudit Linards et faisant la plus saine
et majeure partie des habitants d'icelle, à tous lesquels, au requis
desdits seigneurs susnommés, après convocation faite en la
manière accoutumée, leur avons fait la lecture d'une requête
présentée par la majeure partie des habitants de la même
paroisse à Monseigneur l'intendant de cette Généralité,
tendant à ce que, pour faciliter le commerce des denrées
de la dite paroisse et les exporter dans les villes de Limoges et St-Léonard,
il leur soit permis de délibérer de la nécessité
de l'ouverture d'un chemin praticable de ladite paroisse, à commencer
par le bourg dudit Linards, en passant par les lieux de Combret et Le Chalard,
pour joindre et aboutir à la grand route de St-Germain à
St-Léonard et Limoges, attendu que les chemins anciens de ladite
paroisse sont impraticables, par plusieurs sources et ruisseaux qui s'y
produisent ; laquelle requête a été répondue
par Mondit Seigneur l'Intendant le 27 du courant, avec permission de délibérer
sur les fins d'icelle, lesquelles requête et ordonnances demeurant
annexées aux présentes,
et après que lecture a été faite, tous lesdits
habitants susnommés et plusieurs autres non dénommés
aux présentes, ont d'une commune voix, après mûres
réflexions, délibéré et convenu qu'il était
avantageux pour l'intérêt de ladite paroisse que ledit chemin
fut ouvert et fait par les endroits sus-indiqués, le tout au moins
dommageable et plus avantageux, et qu'à cet effet il fut imposé
sur lesdits propriétaires de biens fonds, rentes et dîmes
de ladite paroisse une somme de 8000 livres, pour être employée
à l'ouverture dudit chemin de communications
(et néanmoins se sont présentés Jean Garat, journalier
au village de Puy-Larousse, Léonard Quintanne, laboureur au village
de Montégut, et Blaise Quintanne, laboureur à celui de Sautour
le Grand, lesquels se sont déclarés opposants contre ladite
délibération ; sommés de signer ont déclaré
ne savoir)
et que pour les faciliter dans l'exécution de leur entreprise,
ils supplient Mondit Seigneur L'intendant de vouloir leur accorder les
modérations et décharges qu'il lui plaira, et d'homologuer
la présente délibération, à telle fin que de
droit.
De tout quoi les dits seigneurs et habitants nous ont requis acte,
concédé pour servir et valoir que de raison, en présence
du sieur Léonard Morleix et sieur Isaac Dupuy, marchands habitants
de ce bourg, témoins connus et requis, qui ont signé avec
les soussignés, et non les autres délibérants, pour
ne le savoir, de ce interpellés.
Lecture faite, signé à la minute des présentes
:
Bourdeau de la Judie, Lavau-St-Etienne, Chaussade de Trarieux
Villette, Barget, Daniel, Mercier, Barget, Villevialle, Dupuy, Sautour,
Dunouhaud, Mercier, Dupuy, et nous Notaire royal soussigné, concédé
à Linards le même jour par Chaussade, qui a reçu 15
sous.
5- De Mme de Mirabeau à l'Intendant
Je viens d'apprendre, Monsieur, avec autant de peine que d'étonnement,
la préférence que vous avez donné à Mr Bourdeaux
sur moi, ainsi qu'à Mr de Lavaux. Un sentiment naturel d'équité
vous avait d'abord décidé à faire passer le chemin
que vous vous proposez de faire à Aigueperse, plutôt qu'à
Linards, mais des instances ridicules parce qu'elles sont injustes vous
ont bientôt fait céder à ces messieurs, je ne sais
par quelle impulsion. Je me fais un plaisir de croire que vous ne ferez
pas ce qui préjudicierait si fort à mes malheureux vassaux,
déjà si accablés sous le poids de la pauvreté
et des impositions, surtout quand vous observerez que l'intérêt
du roi se trouve d'accord avec l'intérêt de mes habitants.
S'il est nécessaire que je concoure par quelque chose à ce
chemin pour l'utilité des malheureux dont je plaide la cause, je
m'y prêterai avec grand plaisir. L'observation que je vous fais est
trop digne de votre justice pour que vous ne reveniez pas sur vos pas.
Je ne regarderai pas moins la déférence que j'espère
de vous comme une grâce qui vous assure de ma reconnaissance.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec le plus parfait attachement
votre très humble et très obéissante servante, Vassan,
Marquise de Mirabeau
6- Instructions de l'Intendant
Le plus tôt possible, Antoine parcourra la route demandée
de Linards à la route du Périgord au Bourbonnais, par Lubersac,
St-Germain et St-Léonard. Il examinera surtout avec soin la direction
qui parait désirée, par Combret et Le Chalard, suivra l'ancienne
route autant qu'il sera possible sans cependant n'y aller que prudemment,
passant à droite et à gauche, dans les bruyères ou
autres terrains, pour se tenir sur les terrains les plus secs et les pentes
les plus douces ; il piquetera et mettra des (buttes ?) de distances en
distances suivant les directions qu'il trouvera les plus convenables, les
plus économiques et les plus solides, et ce suivant ses lumières
et ses connaissances, sans trop écouter, du moins pour le moment
les réclamations. Il fera du tout un devis et un détail
de ces dépenses le plus exact qu'il sera possible, en ne faisant
que les terrassements indispensables pour adoucir les pentes, en n'employant
des cailloutis que dans les parties les plus indispensables. Le chemin
aura 24 pieds de large dans toutes les parties où le terrain
le permet, et réduit à 18 pieds dans les parties chères
et difficiles : quand les opérations d'Antoine seront faites, il
les adressera à M. l'Intendant qui voudra voir le tracé,
les différentes réclamations et arrêter définitivement
le tracé, fait à Linards, le 1er 7bre 1788.
7- De l'entrepreneur à l'Intendant
A Neuvillard le 12 Xbre 1788
Monseigneur,
Je vous fait passer ci-joint les devis estimatifs du chemin à
ouvrir à neuf entre le bourg de Linards et la route du Périgord
en Bourbonnais, passant par les villages de Combret et Le Chalard, comme
les piquets sont plantés, ainsi que les rapports des pavés
de la ville de Peyrat.
Vous allez me gronder, Monseigneur, de ce que j'ai tant tardé
à vous faire passer lesdits devis et lesdits rapports, mais je n'ai
pu mieux faire, j'ai été occupé pendant quelques temps
au petit pont du ruisseau de St-Bonnet, où j'ai reçu une
chute à mon bras droit, où je n'ai pu écrire jusqu'à
présent.
J'ai l'honneur d'être avec mes respects Monseigneur, votre très
humble et très obeissant serviteur. Antoine
8- De l'Intendant à l'entrepreneur Antoine:
Le 17 février 1789
J'ai fait vérifier, Monsieur, ainsi que vous le verrez par l'arrêté
de Dumont, ingénieur en chef, le détail estimatif que vous
avez fait pour constater la dépense nécessaire pour la confection
du chemin de communication du bourg de Linards jusqu'à la route
du Bourbonnais, et il résulte de son opération que ces ouvrages
forment un objet de 8139£ 18s 5d,(NB £=livres , s=sols , d=deniers)
au lieu de 8543£ 11s 13d porté par votre détail. Si
vous voulez vous charger de l'exécution de ces travaux à
ce prix, je vous en ferai passer l'adjudication dans les formes ordinaires,
mais il faut auparavant que vous dressiez un devis de ces ouvrages, afin
qu'on puisse connaître les obligations des entrepreneurs et les conditions
auxquelles il sera (sic) assujettis dans leur exécution. Vous voudrez
bien vous occuper de la rédaction de ce devis et me l'adresser ainsi
que le détail ci-joint avec votre soumission, afin que je puisse
terminer cette affaire.
Je suis parfaitement, Monsieur...
9- De l'entrepreneur Antoine à l'Intendant:
A Eymoutiers, le 17 Mars 1789
Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous faire passer ci-joint le détail et le
devis de la dépense de la confection du chemin de communication
du bourg de Linards jusqu'à la route du Bourbonnais; dans les détails
j'ai vu les diminutions que Mr Dumont, ingénieur en chef, a fait
sur plusieurs articles, qui n'étaient pas déjà trop
élevés ; ça n'empêche que ses petites diminutions
forment une somme de 402£ 13s 6 deniers, ce qui serait tout les profits
qu'un entrepreneur pourrait y faire. Lorsque je fis ledit détail,
je portai la chose à juste prix, de plus je n'ai point porté
dans lesdits détails environ trois cent arbres, châtaigniers,
chênes ou autre qui coûteront bien quelque chose pour les faire
arracher. Vous me demandez, Monseigneur, si je veux me charger de l'exécution
de ces travaux: je ne peux m'en charger pour ce prix-là. J'aime
mieux que d'autre entrepreneur y gagne, que si j'y perdais; de plus j'ai
de l'ouvrage cette année autant que j'en pourrai faire faire.
J'ai l'honneur d'être avec respect, Monseigneur, votre très
humble et très obéissant serviteur,
signé Antoine
10- Note de l'Ingénieur Dumont à l'Intendant:
Les articles que j'ai réduit dans le détail de M.Antoine
en étaient susceptibles, en supposant, comme j'ai du le faire, que
la nature des fouilles était bien indiquée.
Par exemple art.2 du détail: la fouille est indiquée:
terre reportée à 1£ 15s, et elle était en tuf
ordinaire; elle ne devait monter qu'à 1£ 10s. Je l'ai estimée
comme terre mêlée de tuf, 1£ 2s; et sans mélange
je l'aurais estimée 20 sols comme à l'article 6.
A l'article 7, la fouille indiquée tuf pierreux est portée
à 2£ 10s; nous ne passons jamais que 45 sols pour ce genre
de fouille. Encore celà suppose-t-il une certaine profondeur dans
la fouille, et ce n'est pas ici le cas, puisque 200 toises de longueur
ne produisent en déblai que 146t 4s cubes, ce qui annonce au plus
des coupures de 2 pieds de profondeur.
Les différentes diminutions que j'ai fait d'après les
principes qui sont la base de nos détails ont réduit la dépense
totale à 402£ 13s de moins. Cette réduction ne doit
point offenser le Sr Antoine au point de l'engager à refuser l'adjudication:
il a pu se tromper dans l'indication de la nature des déblais, ou
en confondant dans les prix de la fouille ce qu'il prévoyait devoir
lui en coûter pour arracher 300 arbres, dépense dont il est
juste de lui tenir compte, et que l'on estime 150£.
Alors la diminution sur son détail ne serait plus que de 250£.
Et quel est l'entrepreneur qui refuserait de prendre en adjudication pour
8289 un ouvrage qu'il aurait estimé 8543 ? Je n'en ai pas encore
connu.
Je crois que ce serait s'exposer à payer cet ouvrage plus cher
qu'il ne vaut que d'en faire une adjudication au rabais: il suffirait qu'Antoine
l'eut refusé à 8289£ pour que tous ceux qui se présenteraient
se portassent plus haut, pour l'opinion assez bien fondée où
l'on est qu'un entrepreneur qui connaît bien son métier, tel
qu'Antoine, ne refuse jamais un ouvrage que lorsqu'il est sur d'y perdre,
ou du moins de ne pas y gagner. Au reste je suis persuadé qu'Antoine
ne refusera pas de le prendre à 8289.
Limoges, le 29 Mars 1789, signé Dumont
11- De l'Intendant à l'entrepreneur
Il y a longtemps, monsieur, que tous est près pour l'exécution
du chemin de Linards pour rejoindre la route de Limoges.
Comme Mr Bourdeau a toujours été déterminé
à faire l'avance, je ne peux concevoir ce qui a retardé l'exécution
jusqu'à présent, et j'aurais été fort aise
que c'eut été fait depuis longtemps. Ne manquez donc
pas de vous y rendre tout de suite et de commencer sur le champ.
Il parait que dans les projet, devis et soumission la traversée
du bourg n'y est pas comprise. Les habitants demandent pourtant que vous
commenciez par là; gardez-vous en bien, puisque avant le projet
de la traversée il faut que votre soumission soit donnée,
et qu'il y eut une délibération de la paroisse, pour en payer
la dépense. Mais cela ne doit pas vous empêcher de travailler
vigoureusement aux parties comprises dans le projet ...
12- De l'Intendant à Bourdeau de la Judie
A M. Bordeaux, le 1er Juin 1789
Je vous confirme, comme nous en sommes convenus que j'écris
à Antoine pour mettre en activité l'atelier de la route de
Linards et je ne doute point qu'il ne s'en occupe promptement.
Mais je ne peux pas lui dire de commencer par le bourg, parce que cette
partie n'est comprise ni dans le projet, ni dans le devis, ni dans les
soumissions d'Antoine.
Son adjudication est de 8289£, non compris la traversée
du bourg. Si les habitants désirent qu'elle soit exécutée,
il faut qu'ils délibèrent pour demander que les dépenses
en soient faite à leurs frais, en sus de la 1ère adjudication.
Dès que j'aurai cette délibération, j'en ferai faire
le projet et donner par Antoine sa soumission.
Alors tout étant en règle il me sera égal de commencer
par un endroit ou par un autre.
[Suit le modèle de la requête à faire voter aux
habitants:]
Soit la présente requête communiquée aux habitants
de la paroisse de Linards dans une assemblée qui sera convoquée
au son de la cloche à l'issue de la messe paroissiale en la manière
accoutumée, pour délibérer s'ils entendent faire à
leurs dépens l'augmentation de dépense dont il s'agit et
sans préjudice de soumission du Sr Antoine pour les précédents
ouvrages montant à 8289£, pour leur délibération
à nous rapportée être statué ce qu'il appartiendra.
Fait en notre hôtel le 1er Juin 1789
13- De l'entrepreneur à l'Intendant
Eymoutiers, le 5 Juin 1789
Monseigneur,
Si j'ai tant tardé à faire commencer l'atelier de Linards,
ce n'est point trop de ma faute; je n'ai signé l'adjudication que
le 1er du mois de mai dernier, que j'étais à Limoges. Donc
je promis à Mr Dumont, ingénieur en chef, que je ferais commencer
le dit atelier le 18 mai, et finalement je m'ai bien porté à
Linards le 17 pour préparer de l'ouvrage, pour y mettre des ouvriers
le lendemain. Comme j'allais commencer il vient plusieurs habitants du
bourg de Linards, qui me dirent que si je commençais à la
sortie dudit bourg, qu'il me serait donnée une (halte ?), et qui
voulaient absolument que je commenças dans le bourg; voyant que
je ne pouvait faire autrement, je me retirai. Et j'en écrivis à
Mr Dumont, dont je j'ai encore reçu de réponse.
Mais aujourd'hui, ayant reçu votre lettre, monseigneur, je vous
promet de faire commencer ledit atelier mardi prochain, 9 du présent.
J'ai l'honneur d'être avec respect monseigneur, votre très
humble et très obéissant serviteur. Antoine
14- De l'Intendant à Bourdeau de la Judie
Dans la tournée que je viens de faire, monsieur, j'ai rencontré
Antoine, auquel j'ai beaucoup parlé du chemin de Linards. Il me
dit que depuis plus de 3 semaines, à l'époque où vous
me l'avez demandé, il avait envoyé un piqueur pour établir
l'atelier et commencer la route; mais quelque chose qu'il ait pu faire,
aucun ouvrier n'a voulu se présenter. Il prétend que c'est
mauvaise volonté de leur part et qu'ils se refusent à ...
à moins qu'on ne commence par la traversée du bourg; cette
conduite ou cette mauvaise volonté me parait d'autant plus extraordinaire
qu'ils savent que la traversée n'est pas comprise dans le projet,
dans l'adjudication ni dans les dépenses, que je leur ai offert
de faire exécuter la traversée s'ils voulaient en délibérer
pour payer cette augmentation de dépense. ...
Je désire en conséquence aller à Linards le mercredi
8 du présent, et vous y demander à dîner, de là
aller coucher à Neuvillars, pour revenir le lendemain à Limoges,
.... je vous prierais de les prévenir, pour que je leur puisse expliquer
que, pour peu qu'ils fassent des difficultés, je renoncerais pour
toujours à une communication à laquelle je n'avais consenti
que sur leur demande et pour leur avantage, je leur ferai payer les frais
du projet, et je leur ferai rétablir pour 1789 les tailles que je
leur avais fait diminuer pour 1789, et ce sera une affaire terminée.
15- De l'entrepreneur à l'Intendant
Eymoutiers, le 2 aout 1789
Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous faire passer ci-joint un petit plan de la traversée
du bourg de Linards, où j'ai figuré tous les bâtiments
qui sont face à la rue; j'ai mis le nom de chaque propriétaire
à qui appartient ledit bâtiment. Comme les susdits bâtiments
ne se trouvent point en ligne, les uns autres, et qu'il y a des endroits
qui sont beaucoup plus larges que le chemin ne doit être, attendu
qu'on ne peut donner audit chemin que 18 pieds de largeur, à cause
de plusieurs bâtiments qui empêchent, je dois vous demander,
monseigneur, si je comprendrai dans les devis estimatifs tous les pavés
de ladite rue, ou si je ne prendrai que la longueur de 18 pieds, comme
j'ai marqué dans ledit plan par deux lignes rouges.
Aujourd'hui les habitants du bourg de Linards ont changé de
sentiment: au lieu d'une chaussée bombée comme il était
convenu, ils demanderaient une chaussée creuse, à cause des
grandes crues d'eau qui pourraient entrer dans leurs maisons.
Une autre observation que je demanderais, de savoir si la dite chaussée
sera faite en pavé posés au marteau comme dans les villes,
ou si elle sera en cailloutis avec bordure.
J'ai j'honneur d'être avec respect, monseigneur, votre très
humble et très obéissant serviteur,
signé Antoine
La traversée du bourg de Linards étant en terrain très
gras et inondé par les eaux de plusieurs fontaines ou autre qui
baigneront toujours dessus la chaussée en pavé, et qui pourraient
endommager ladite chaussée en temps d'hiver par les grandes gelées,
... un entretien que nous estimons la somme de 6 sols de la toise
courante par année, non compris le dixième pour fouille et
transport de pierre, ou la main de l'ouvrier pour la pause de ladite pierre,
à 148 toises de long ... soit 44£ 8s, plus Xème de
bénéfice à l'entrepreneur :4£ 8s 9d
total d'entretien:48£ 16s 9d
16- De l'Intendant à l'entrepreneur
Je joins à ma lettre les plans du projet que vous m'avez adressé
de la traversée de Linards, avec la réponse de Mr Dumont;
tout votre travail me parait fort bien fait, et vous voudrez bien vous
hâter d'en faire le devis et détail avec soin, en observant:
1° que la chaussée sera faite en pavé sur 18 pieds
de largeur
2° qu'elle sera faite en forme creuse, où si on l'aime mieux
en pavé avec ruisseau au milieu.
3° que les pentes seront réglées de manière
à donner l'écoulement aux eaux de manière la plus
favorable.
4° que la fontaine sera placée dans une cour de maison du
bourg, ?? ?? de manière à ne pas embarrasser le passage de
la rue.
5° que les particuliers qui ont un espace entre leurs maisons et
le bord de la chaussée des 18 pieds seront tenus de paver à
leurs frais devant leurs maisons.
Vous ajouterez au devis et au détail le prix auquel vous
évaluez l'entretien de la traversée.
Quand le tout sera fait vous me l'adresserez pour que je puisse faire
délibérer les habitants pour qu'ils se chargent de l'imposition
nécessaire pour l'exécution.
Vous voudrez bien m'envoyer le tout le plus promptement qu'il sera
possible
Maintenant que la route doit être faite à Linards, je
pense que vous vous occupez d'exécuter la route depuis Linards jusqu'au
chemin de la Croix-Ferrée.
Je vous prie de me rendre compte le plus tôt possible.
17- De Bourdeau de la Judie à l'Intendant
Monsieur,
A mon arrivée à Linards, j'ai appris que les paysans
excités vivement étaient assemblés pour s'opposer
à la faction du chemin. Comme dans un moment d'effervescence il
serait peut-être imprudent de les contrarier, je leur ai annoncé
que puisque vous aviez eu la bonté de leur accorder (des fonds ?),
il vous était facile de les retirer, mais que sûrement ils
s'en repentiraient.
Je suis bien fâché de toutes les tracasseries fomentées
en dessous; Mr Antoine, qui a retardé l'exécution de ce chemin
pourrait seul, s'il le voulait, vous instruire du motif.
Les messieurs du bourg désireraient faire accommoder leur rue;
je leur ai annoncé que je ne contribuerais point, je m'imagine que
si vous jugez à propos d'interrompre le chemin vous ne leur accorderez
rien pour leur bourg particulier.
Recevez je vous prie, Monsieur, mes remerciements; je suis trop reconnaissant
des bontés que vous avez eu et de la peine que vous avez prise;
je serais bien flatté, ainsi que nos dames, si la tranquillité
vous permettait de vous absenter quelques jours pour vous délasser
à Linards. Le plaisir de vous recevoir augmenterait le respect avec
lequel je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur
signé Bourdeau de la Judie Linards le 28 août
1789
18- De l'Intendant à Bourdeau de la Judie
A M. Bordeaux de la Judie 28 août 1789
Comme ce n'était, Monsieur, que pour les habitants de Linards
et à leur demande que je m'était prêté à
faire faire le chemin qu'ils avaient demandé, ils sont absolument
les maîtres de l'abandonner, et vous pouvez les prévenir que
je ne donnerai pas de suite à leur engagement, quoiqu'en bonne forme,
qu'ils avaient pris par leur délibération, mais qu'ils ne
pourront plus jouir de la diminution qui leur avait été accordée.
Je vais écrire à Antoine de suspendre les travaux et
de me donner le compte de ce qu'il a dépensé ...
Les habitants de Linards ne sentent pas combien de toute manière
ils se font tort à eux-mêmes ...
Quant à la traversée du bourg ils sont bien les maîtres
de la faire s'ils le jugent à propos, mais après ce qui s'est
passé je ne puis m'en mêler en aucune façon.
19- De l'Intendant à l'entrepreneur
A Antoine à Eymoutiers
Mr Bourdeau vient de me marquer hier que les habitants de Linards ne
voulaient plus donner suite à la route que vous avez commencé;
je vous prie de suspendre tout de suite les travaux, et de m'adresser un
état de ce que vous avez dépensé, j'aviserai au moyen
de vous faire rembourser.
20- De l'entrepreneur à l'Intendant
A Eymoutiers le 6 7bre 1789
Monseigneur,
j'ai l'honneur de faire passer ci-joint les devis et détails
des terrassements et pavés de la traversée du bourg de Linards,
ainsi que l'état de la dépense qui est faite pour le commencement
de la route entre ledit bourg de Linards et la route de Périgord
en Bourbonnais.
Il me paraît monseigneur que Mr Bordeaux vous a donné
connaissance de l'entreprise que les habitants de la paroisse de Linards
avaient envie de faire: il y a quelques temps qu'ils se parlaient entre
eux pour faire adresser un placet au ministre pour cette route.
De plus on fait tous les jours des menaces en disant que si je recommence
à faire travailler sur cette dite route, que je m'en repentirais,
et que ce ne serait pas par eux-mêmes, mais que leurs femmes feraient
bien à leur place. Je ne sais point quel est leur sentiment là-dessus
pour tenir des propos semblables. J'aime bien mieux que le chemin reste,
que s'il m'en coûtait la vie.
Pour les habitants du bourg de Linards ils désiraient beaucoup
que leur pavé se fît.
Etat de la dépense qui est faite pour l'ouverture de la route
de Linards à la Croix-Ferrée du 9 juin au 15 juillet 1789:
Art 1° transport d'outils
le 9 juin j'ai payé à Joseph Arnaud et un homme et deux
voitures de St-Bonnet la somme de 8 livres pour le transport des outils
de Masléon à Linards
Art 2° Piquettement et terrassement
du 10 au 13 juin idem j'ai payé à Léonard Cruveilher
et 3 hommes de Glanges 9£ 12s pour l'emploi de 12 journées
au dit piquettement et terrassement à raison de 15 sols par jour.
Art 3° Tâches à prix fait
terrain pierreux à déblayer et à repousser hors
du chemin
commencé le 23 juin, François Lapasquette et 3 hommes
de Linards, fini le 1er juillet
long: 6 toises, largeur 3 toises, hauteur 0 toise 2 pouces, soit 6
toises à 2£ 5s=13£ 10 s
Art 4° Idem à la précédente, à rouler
en partie à 10 toises
commencé le 2 juillet, François Lapasquette et 3 hommes
de Linards, fini le 12 juillet
long: 15 toises, largeur 1 toises 3 pouces, hauteur 0 toise 2 pouces,
soit 7 toises 3 pouces à 2£ 10s=18£ 15s
Art 5° Idem à la suite
commencé le 25 juin, Léonard Berteaux et 3 hommes de
Linards, fini le 26 juin
long: 10 toises, largeur 3 toises, hauteur 0 toise 0 pouce 6 lignes,
soit 2 toises 3 pouces à 1£ 15s=4£7sArt 6° Idem
à la suite cinq châtaignIers arrachés
du 27 juin au 5 juillet idem, à Léonard Berteaux et 2
hommes de Linards, 7£ 10s pour avoir arraché 5 châtaignIers
Art 7° Idem à la suite, terre à déblayer et
repousser hors du chemin
long 15 toises, largeur 3 toises, hauteur 0 toise 1 pouce soit 7 toises
3 pouces à 1£ 10s=11£ 5s
Art 8° Appointement d'un piqueur
du 15 juin au 15 juillet 1789 j'ai payé au Sr Tiquet d'Eymoutiers
la somme de trente livres pour ses appointements d'un mois, qu'il a resté
pour conduire les ouvriers dudit atelier.
Projet de ladite route du 22 au 28 7bre 1788
Le 28 7bre idem j'ai payé à François Foucaud et
3 hommes de Linards la somme de 18£ pour l'emploi de 24 journées
pour le projettement, ou pour avoir buté les piquets, dans la longueur
de 407 toises de ladite route à raison de 15 sols par jour.
Total général : 120£ 19s
Dans ledit état ci-dessus je ne comprend point les journées
que j'ai passé pour faire le projettement et les tracés,
ou pour avoir fait les devis estimatifs ainsi que le petit plan et devis
de la traversée du bourg de Linards
Fait à Eymoutiers le 6 7bre 1789
signé Antoine