Je vous prie Monsieur de faire savoir au révérend père
Basseterre ou au révérend père syndic que dans la
distribution des pauvres de ma paroisse on ne leur en a donné que
trois. L'année dernière le révérend père
Basseterre me donna ce qu'il voulut, c'est à dire fort peu de choses
et je m'en contentais parce que j'eus d'ailleurs de quoi faire subsister
mes pauvres. Mais celle-ci, je vous prie de lui faire savoir que je ne
puis rien relâcher et qu'il faut donner pour chaque pauvre par jour
dix huit deniers jusqu'à la récolte, à moins que vous
n'aimiez mieux que je vous envoie trois pauvres avec un billet. L'embarras
où me met cette misère m'empêche d'avoir l'honneur
de lui écrire, et vous m'obligerez de lui faire mes excuses. J'attends
incessament votre réponse et la sienne, sans quoi vous aurez dimanche
prochain les trois pauvres à votre porte.
Je suis parfaitement Monsieur votre très humble et très
obéissant serviteur.
Dechevaille, prieur de Linards, 1710