Dimanche 25 février 1912 - Voir l'original |
---|
A Châteauneuf-la-Forêt
Les nouvelles de Châteauneuf-la-Forêt et de Linards nous représentent la dynastie tarradienne comme désespérée. Elle ne se ferait plus, actuellement, la moindre illusion sur le sort que les urnes lui réservent le 5 mai. Cependant, bien qu’elle se sente perdue, elle lutte, et même avec la plus grande énergie. Mais le nombre de ses ennemis a tellement grossi en ces derniers mois que l’on se demande si son échec ne sera pas si grand, si corsé, que de mémoire d’homme on ne se rappellera point en avoir enregistré un semblable infligé à des maires sortants. Ah ! ce n’est pas Firmin qui demande que l’on supprime la gendarmerie. Il voudrait, au contraire, que l’on remplaçât celle de son canton par une autre qui n’aurait pour mission que de garder sa famille et de terroriser ceux qui n’ont plus pour elle les égards auxquels elle croit avoir droit. Mais voilà, les chefs de cette gendarmerie ne sont pas des valets ; ils proclament qu’ils sont, eux et leurs subordonnés, les serviteurs de la loi, et non ceux d’un particulier, fut-il titulaire de deux écharpes. Aussi les maires de Châteauneuf et de Linards se voient-ils sur le bord du fossé. Dans un mois, la culbute ! |
Dimanche 7 avril 1912 - Voir l'original |
LA GUERRE A PANDORE
Nous lisons dans la Gazette du Centre : Pandore n’a vraiment pas de chance avec les Quinze-Mille de la Haute-Vienne. Ils lui ont déclaré la guerre. Voilà deux ans, c’était le benjamin de la tribu Codet « qui plus tard … mais alors » publiait contre les gendarmes de son arrondissement une longue diatribe. Il leur trouvait trop de zèle, les accusait de mettre trop d’acharnement à chasser les chasseurs, pardon, les braconniers ; de faire preuve d’une circonspection relative ; de multiplier leurs procès verbaux au-delà des limites permises. Bref, en bon apprenti démagogue, il se disait mécontent de les voir ainsi déranger ses électeurs. Plus tard, un autre petit échantillon de la franc-maçonnerie, ex-conseiller général du plus académique canton de notre département, le funèbre orateur J.-B. Marquet, barbouillait une de mi-colonne de journal pour soutenir des mêmes sottes injustices. Aujourd’hui, c’est le successeur de feu l’ineffable Tourgnol, c’est M. Firmin Tarrade en personne qui tient à épancher sa bile anti-gendarmique. Et jugez s’il n’y a pas de quoi : Dans la nuit du 15 au 16 févier courant, des inconnus ont ouvert la bonde du réservoir que possède près de Châteauneuf Mme de Landrevie et « ont mis à sec le contenant et le contenu. » Mis au courant du fait, les gendarmes ouvrent une enquête, perquisitionnent chez diverses personnes et trouvent les voleurs. – les voleurs qui sont … peut-être électeurs de M. Firmin Tarrade ou tout au moins ses administrés, ses protégés au même titre que la Joconde était jadis la protégée de M. Dujardin-Beaumetz. Le cas n’est-il pas pendable ? Et M. le Quinze-Mille Firmin de se lamenter : « Nous nous plairions à louer cette célérité, écrit-il, si chaque fois qu’un vol est commis au préjudice d’un tiers, nos gendarmes faisaient preuve d’une même bonne volonté et d’une même activité. Malheureusement, quand il s’agit d’un petit propriétaire, les choses se passent d’une façon différente. » Respirez ici la flagornerie électorale. Sous notre bienfaisante Troisième, le politicien ne voit pas au-delà de sa petite mare stagnante. Son électeur d’abord, son électeur avant et par-dessus tout. Il le flatte, il le cajole à tout propos et hors de propos. Il n’u a plus ni intérêt général, ni lien commun, ni patrie ni France, quand l’électeur s’est fait entendre. Pour le politicien, l’électeur c’est tout : l’électeur c’est sa bonne sinécure présente, c’est l’espoir de sinécure pour l'avenir ; l’électeur c’est la vie ! Et voici qu’au moment même où ils font ainsi d’une façon souverainement injuste et déplacée la guerre aux gendarmes, nos Quinze-Mille n’ont d’autre sanction à proposer à la très laïque morale de leurs écoles que la peur du gendarme. Ah ! qu’il est beau, le mécanisme du régime républicain ! J.C. Nous reproduisons cet article de la Gazette, uniquement pour avoir l’occasion de déclarer que les initiales J.C. qui paraissent dans ce journal ne sont pas les nôtres. Jehan CHAUFFON |