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La Province, 7 décembre 1851 CHRONIQUE
LOCALE.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Des anarchistes s'étaient portés dans les communes
rurales pour y semer l'alarme. Déjà ils proféraient
d'effroyables clameurs ; ils sonnaient le tocsin, prélude de tant
de crimes. Ils couraient à travers les campagnes armés de
fusils, de haches, de fourches et de faulx. Leur nombre s'élevait
à près de cent cinquante.
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Ce matin, un détachement de hussards, précédé du brigadier de gendarmerie Monsour, a amené dans les prisons de Limoges cinq insurgés de Linards. Bouneix était au nombre des transférés. L’instruction relative aux troubles de cette localité se poursuit sous l’active direction de M. Péconnet à la cour d’appel. On procède à de nouvelles arrestations. | |||||||||||||||
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La police a encore mis la main sur un des insurgés de Linards. Par ses soins, le nommé Gourdy, dit Têtu a été arrêté samedi au village de Beaumont, commune de St-Paul. | |||||||||||||||
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Bouneix, le chef de l’insurrection de Linards, qui a été arrêté par le maire et les habitants de Saint-Vitte, et transporté à la maison d’arrêt de Limoges, a été frappé d’aliénation mentale. Il a dû être transféré à l’asile des aliénés. Voilà donc où conduisent les exaltations fiévreuses de la démagogie. | |||||||||||||||
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Par arrêté du préfet :
M. Fougère est nommé maire de Linards, en remplacement de M. Relier. M. Villette est nommé adjoint de Linards en remplacement de M. Deveau. |
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NOUVEAUX DÉTAILS SUR L’INSURRECTION DE LINARDS.
Dans le récit qui a été fait, il y a quelques jours, de l’horrible complot de St-Paul et Linards, et dont le but était d’amener des bandes armées sur Limoges, comme tous les faits n’étaient pas bien connus, on n’a peut-être pas bien fait ressortir, ainsi que le veut la vérité, le courage déployé par plusieurs personnes, dont les noms devront être cités avec éloge, on peut même dire avec admiration. Nous parlerons d’abord des deux gendarmes de la brigade de Châteauneuf, Mazaud et Monteil, qui pendant plus d’une heure, ont opposé une résistance, en même temps calme et énergique, à une bande de forcenés, qui ont plusieurs fois menacé leur vie sans les faire reculer. Qui ne rendrait hommage à un tel sang-froid dans un danger imminent ? Nous aimons à parler à nouveau de l’admirable intrépidité du détachement de hussards et surtout de leurs officiers, MM. Renevey et Beauregard. La population de Linards ne parle qu’avec enthousiasme du lieutenant Renevey qui apporte à s’effacer tout le soin que d’autres pourraient mettre à se faire valoir. Parmi les habitants de Linards, MM. Fougère, Noualhier, Rougier père et Villette ont également fait preuve du plus remarquable courage. Ils se sont joint aux deux gendarmes pour défendre la paix publique au péril de leur propre existence, et fait arrêter les insurgés dans leur criminelle tentative ; ils ont fait tête à des gens furieux, armés de pistolets, de couteaux, de piques, de haches, et quelques-uns de fusils. Le chef de la bande, l’infâme Bouneix, fit charger les armes pour faire reculer les deux gendarmes et les braves citoyens qui leur venaient en aide. Devant un tel danger ils ne reculèrent pas. Cependant l’attroupement était trop considérable pour pouvoir être arrêté dans sa marche par une force si insuffisante. Le bourg est envahi, le tocsin sonne. De quels désastres pouvait-il être le signal ? Dieu seul le sait ! Mais heureusement que c’est dans ce moment-là même qu’arrivèrent à fond de train les braves hussards envoyés en toute hâte par le préfet, qui mirent en déroute les insurgés avec le concours du commissaire central, en firent une bonne partie prisonniers, et rendirent la sécurité à la population épouvantée. Nos lecteurs savent que les magistrats instructeurs ne tardèrent pas à se rendre sur les lieux, et qu’aujourd’hui plus de cinquante des misérables plus ou moins compromis dans le complot sont sous les verrous. On a déjà rendu hommage à la résolution énergique du digne curé de St-Bonnet, M. Ruchaud ; mais on n’a pas encore parlé, parce que ce détail était ignoré, d’un modeste facteur, le sieur Thomas, qui a refusé de livrer ses dépêches au péril de sa vie, et qui a répondu à Bouneix, qui lui portait un pistolet sous la gorge : « Quoi que vous fassiez, vous n’aurez pas mes lettres. » Il s’est ensuite joint aux hommes qui ont protégé la paix publique. Ce courageux agent de l'administration des postes a été proposé par M. le préfet pour une médaille d’honneur de première classe, et ce magistrat a déjà accordé une gratification. Que ces détails, puisés à des sources certaines, soient à la fois un terrible avertissement des horreurs de la démagogie et un exemple de la courageuse résistance opposée par d’intrépides soldats et par des citoyens bien résolus à combattre l’anarchie ; et que tous les hommes qui détestent de pareils forfaits, qui honorent de pareils exemples, se rallient résolument autour du drapeau de l’ordre, tenu d’une main si ferme par l’élu du 10 décembre. De quels effroyables désordres Louis-Napoléon ne nous a-t-il pas préservés !... (Communiqué) |
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Résultat général du vote des 20 et 21 décembre
1851
(En 1848 Louis-Napoléon Bonaparte avait obtenu 53500 voix, en 1851 il a 55267 oui, 4902 non, 231 nul, sur 82628 inscrits.)
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