La Province - Courrier de Limoges
Année 1870

 
Lundi 4 avril 1870
Adjudication de travaux à la préfecture de Limoges : Commune de Linards, entretien de divers chemins de petite communication, travaux évalués à 726,95 F
Lundi 9 mai 1870
Résultats du vote du 8 mai (plébiscite sur la modification de la Constitution).
Canton de Châteauneuf : votants 2578, OUI 2562, NON 16
Mardi 11 mai 1870
Résultats du plébiscite par commune.
Canton de Châteauneuf :
Commune Inscrits Votants OUI NON Nuls
Linards 508 449 441 8
Châteauneuf 377 348 344 4
Roziers 171 132 129 1 2
 Lundi 16 mai 1870
Le vendredi 6 mai, on a trouvé pendu à un chêne le sieur X…, propriétaire-cultivateur dans la commune de Linards. Le sieur X… était d’un caractère doux et tranquille ; il était aimé de toutes façons. Le suicide ne peut être attribué qu’à un accès d’aliénation mentale.
Samedi 4 juin 1870
Liste des candidatures aux élections cantonales.
Canton de Châteauneuf : 
- M. CRUVEILHER, professeur agrégé de médecine, maire de Sussac (sortant)
- M. Aubin CHAUSSADE, avocat
- M. MOSNIER, notaire à La Croisille
Circulaire en date du 30 mai de M. Cruveilher aux électeurs du canton [non transcrite, texte banal ; il croit alors être le seul candidat]
Mardi 7 juin 1870
Liste des candidatures aux élections cantonales.
Canton de Châteauneuf : nouvelle candidature, de M. Paul LIMOUSIN, maire de Neuvic
Lundi 13 juin 1870
Résultats des élections cantonales 1° tour.
Canton de Châteauneuf : Inscrits 2998 – Votants 2393
CHAUSSADE :  652
MOSNIER :   647
LIMOUSIN :   492
CRUVEILHER :  399
Lundi 20 juin 1870
Résultats des élections cantonales 2° tour.
Canton de Châteauneuf : Inscrits 2998 – Votants 2355
CHAUSSADE :  1133 élu
MOSNIER :   783
CRUVEILHER :  436
Dimanche 10 juillet 1870
Circulaire préfectorale nommant des vaccinateurs spéciaux dans chaque commune pour enrayer une épidémie de variole.
Linards : Tarrade, Pierre-Célestin
Vendredi 12 août 1870
Organisation de la Garde nationale mobile dans la Haute-Vienne (2 bataillons).
2° bataillon, 3° compagnie : cantons de Châteauneuf et Eymoutiers
Capitaine : M. Pierre Calinaud
Samedi 13 août 1870
Organisation de la Garde nationale mobile dans la Haute-Vienne (2 bataillons).
2° bataillon, 3° compagnie : cantons de Châteauneuf et Eymoutiers
Nomination d’un lieutenant, Gabriel Noualhier [NB : d’après une autre liste ultérieure, il a refusé]
Jeudi 15 septembre 1870
Arrêté préfectoral remplacement de 38 municipalités dont :
15 – M. Bourbon est nommé maire de Sussac en remplacement de M Cruveilher
21 – M. Faucher ancien notaire, maire de Nantiat
25 – Bonnefond (Emile), maire La Croisille en remplacement de M Allouveau de Montréal
29 – M. Lebloys (Ernest à Roziers St-Georges) remplace M Tarrade
34 – M. Nassans, notaire, à Neuvic en remplacement de M Limousin
35 – M. Noualhier, maire de Linards a été révoqué de ses fonctions
Lundi 19 septembre 1870
Remplacement de 17 municipalités dont :
3 – M Chaussade (Aubin), licencié en droit, a été nommé maire de Linards; M Castenot, maître d’hôtel a été nommé adjoint.
Lundi 19 septembre 1870 - Voir l'original
Souscription patriotique de la commune de Linards :
MM. Emile Charbonniéras, curé 20 fr., - Paul Noualhier 200 fr., - Marc De Lalande (2° souscription) 20 fr., - Léonard Sautour 5 fr., - Martial Chaussade 10 fr., - Louis Castenot 3 fr., - Guillaume Bonnefond 2 fr., - Léonard Ledot 50 fr., - Blaise Sautour 2 fr., - Guillaume Bourissou 5 fr., - Jules Villette 20 fr., - Georges Branland 5fr., - Léonard Barnagaud 5 fr., - Joseph Duroudier 1 fr., - Martial Arnaud 2 fr., - Pierre Tuilleras 5 fr., - François Faucher 5 fr., - Quête dans l’église le jour de l’Assomption, 26 fr., - Martial Debord 10 fr., - Louis Faucher 1 fr., - Léonard Barnagaud 1 fr., - Pierre Maumot 1 fr., - Marie Vergne 1 fr., - Marie Ruchaud 1 fr., - Baptiste Faucher 40 c., - Amélie Sautour 1 fr., - Marie Sautour 50 c., - Léonard Sautour 50 c., - Marie Mousset 20 c., - Catherine Reignaud 50 c., - Louis Relier 1 fr., - Anaïs Relier 50 c., - Marie Relier 50 c., - Anne Ramby 25 c., - Jeanne Boudou 50 c., - Philomene Roux 25 c., - Eugenie Branland 50 c., - Louis Castenot 50 c., - Guillaume Bourissou 1 fr., - Marguerite Bourissou 50 c., - Jacques Dublondet 1 fr., - Alexis Mirombel 45 c., - Martial Duvalet 30 c., - Jean Denardou 50 c., - Jeanne Arnaud 25 c., - Mariette Jacquet 25 c., - Pierre Denardou 1 fr., - François Chabrier 50 c., - Jean Garat 25 c., - Pierre Jabet 50 c., - Léonard Augustin 5 fr., - Felix Arnaudie 2 fr., - Pierre Branland 1 fr., - Dublondet 5 fr. 30 c., - Antoine Fraisseix 1 fr., - Busserole 20 c., - Léonard Sarre 1 fr., - Pierre Duris 1 fr., - Jean-Baptiste Cibot 5 fr., - Joseph Dubois 5 fr., - Audevard 50 c., - Martin Labley 50 c., - Jean Debette 1 fr., - Veuve Ramby 2 fr., - Dufaure 50 c., - Joseph Arnaud 2 fr., - Veuve Relier 1 fr., - Pierre Jacquet 10 c., - Léonard Lagrange 2 fr., - Bonnet Alphonsout 2 fr., - Léonard Sautour 1 fr., - Martial Bonnefond 1 fr., - Barnagaud Jeune 1 fr., - Pierre Rivet 50 c., - Jean Gueras 1 fr., - Pierre Quintane 1 fr., - Bardy 20 c., - Degeorges 50 c., - Jacques Carpe 25 c., - Antoine Pejout 10 c., - Jean Duroudier 1 fr., - Pierre Rivet 1 fr., - François Baucher 50 c., - Léonard Jeandillou 50 c., - François Bellabre 50 c., - Léonard Arnaud 50 c., - Léonard Reilhac 50 c., - Léonard Jayoux 2 fr., - Jean Margoux 1 fr., - Paul Reineix 1 fr., - Léonard Cluzeaud 50 c., - Etienne Cluzeaud 50 c., - Jean Dumazeau 1 fr., - Léonard Lascaud 1 fr., - Jean Lapaquette 50 c., - Antoine Catherine 50 c., - Jeandillou 80 c., - Arnaud 20 c., - Léonard Tournierou 50 c., - Léonard Duprat 50 c., - Léonard Fissou 50 c., - Jean Ardain 50 c., - Jean Arnaud 1 fr., - Léonard Vincent 50 c., - Martin Reilhac 80 c., - Pierre Arnaud 50 c., - Léonard Larue 50 c., - Léonard Couade 1 fr., - Catherine Dublondet 40 c., - Jean Thoumieux 2 fr., - Martial Thoumieux 1 fr., - Jean Duvalet 40 c., - Martial Duclou 50 c., - Bonnefont 10 c., - Beau 25 c., - Demars 5 fr., - Léonard Sautour 50 c., - Léon Duvalet 50 c., - Charles Baucher 50 c., - Charles Baucher 35 c., - Léonard Baucher 1 fr., - Léonard Faye 2 fr., - Jean Decrorieux 1 fr., - Léonard Gavinet 2 fr., - Rigout 2 fr., - Burelout 50 c., - Branland 50 c., - Mousset 50 c., - Demartin 50 c., - Castenot 1 fr., - Arnaud 1 fr., - Georges Catinaud 50 c., - Veuve Lescure 20 c., - Dubois 10 c., - Léonard Arnaud 1 fr., - Jean Cluzeaud 1 fr., - Léonard Maisongrande 50 c., - Pierre Gavinet 1 fr., - Guillaume Garat 1 fr., - François Gourserolle 50 c., - Guillaume Rivet 50 c., - Bouriquet Aîné 1 fr., - Bouriquet 50 c., - Léonard Sautour 50 c., - Denis Chazaud 1 fr., - Gabriel Sautour 50 c., - Vergnolle 30 c., - Veuve Devaud 1 fr., - Jean Larodie 15 c., - Léonard Rivet 50 c., - Reilaudout 50 c., - Texier 1. 05 c., - Guillaume Blondet 50 c., - Jacques Rivet 50 c., - Reilhac 1 fr., - Sautour 2 fr., - Marguerite Couder 1 fr., - Jeanne Texier 10 c., - Denaudie 20 c., - Blaise Rivet 50 c., - Faure 1 fr., - Veuve Debette 1 fr., - Faucher 10 c., - Saumagnat 1 fr., - Louis Dublondet 1 fr., - Isaac Couder 2 fr., - Dugénie 40 c., - Martial Ticaud 50 c., - François Lafarge 75 c., - Pierre Richaud 40 c., - Léonard Arnaud 50 c., - Léonard Reignaud 1 fr., - Martial Faure 10 c., - Giraudou 40 c., - Jean Mousset 50 c., - Léonard Audoin 40 c., - Guillaume Reignaud 1 fr., - Léonard Arnaud 50 c., - Léonard Maumot 50 c., - Léonard Sarre 50 c., - Léonard Couade 50 c., - Léonard Dupetit 50 c., - Guillaume Redon 30 c., - Pierre Sautour 50 c., - Léonard Duroudier 1 fr., - Léonard Cluzeaud 1 fr., - Léonard Castenot 1 fr., - François Reberolle 25 c., - Léonard Lagrange 20 c., - Léonard Dublondet 20 c., - Léonard Ruhaud 50 c., - Léonard Toumieux 20 c., - Léonard Pradau 1 fr., - Pierre Gardel 50 c., - Antoine Cluzeaud 1 fr., - Louise Gavinet 25 c., - Léonard Versantin 25 c., - Coste 1 fr., - Veuve Lafaye 50 c., - Papouneau 50 c., - Sarre 1 fr., - Reilhac 50 c., - Faure 10 c., - Jean Sautour 1 fr., - Pierre Caillou 1 fr., - Duroudier 50 c., - Coste 50 c., - Berger 1 fr., - Reigneud 50 c., - Jaraud 15 c., - Rivet 20 c., - Chauveau 50 c., - Theillaumas 15 c., - Bonnefond 1. 25 c., - Léonard Bourissou 1 fr., - Total 556 fr. 95 c.
Dimanche 30 octobre 1870
Réunion générale des maires de la Haute-Vienne à Limoges le 25 octobre, pour l’organisation de la Défense Nationale.
Dans les présents : Linards, M. Castenot, adjoint
Mercredi 2 novembre 1870
Arrêté préfectoral du 28 octobre organisant la garde nationale mobilisée.
Répartition des contingents
2° bataillon
Compagnie de Châteauneuf
Linards : 21
(Châteauneuf 23, La Croisille 46, Masléon 7, Neuvic 22, Roziers 9, St-Gilles 4, St-Méard 13, Surdoux 8, Sussac 18)
Election des officiers, sous-officiers et caporaux à Châteauneuf, le 3 novembre de 10H à 2H à la mairie.
Lundi 7 novembre 1870
Arrêté préfectoral répartissant entre les commune la charge du contingent d’équipement de la garde nationale mobilisée de la Hte-Vienne (total 1 754 538,50 F)
… Linards : 7 925,86 F
[NB : La garde nationale mobilisée (dits « mobiles » ou « moblots ») de la Hte-Vienne est réellement engagée du côté de Gien à partir de novembre.]
Lundi 14 novembre 1870 - Voir l'original
Nous lisons dans La Défense Nationale :
« Nous apprenons avec regret que des désordres graves se sont produits dans diverses communes, à l’occasion de la révision.
A Châteauneuf, quelques individus ivres se sont précipités dans la salle du conseil en vociférant : ils réclamaient contre des exemptions qui ne leur semblaient pas justifiées, et disaient qu’ils ne partiraient pas si quelques citoyens restaient.
Les membres du conseil de révision ont été, pendant un instant, enfermés et retenus prisonniers : il a fallu l’intervention énergique de la gendarmerie et de quelques citoyens pour les délivrer.
A Saint-Yrieix, les mobilisés de la commune de Ladignac ont procédé de la même façon que ceux de Châteauneuf. Ils ont brisé les tables, les bancs et les vitres. La garde nationale est arrivée et a fait évacuer la salle. »
__________________
On écrit de Châteauneuf au même journal la lettre suivante, qui donne des détails très précis sur ce qui s’est passé à l’occasion du conseil de révision :
« Monsieur le rédacteur,
Le bourg de Châteauneuf, d’ordinaire si calme, avait pris hier à l’occasion du conseil de révision, un aspect révolutionnaire. Le conseil, entré en séance à huit heures, paraissait devoir remplir sa mission sans difficultés, lorsque vers onze heures, une centaine d’hommes, les uns sans armes, les autres munis de bâtons, ont fait irruption dans la salle et contraint le conseil à l’évacuer. Les émeutiers ont brisé sept chaises, deux bancs et causé du dégât à la bibliothèque et au tuyau du poêle. La salle du prétoire, ainsi que le meuble qu’elle contenait, ont eu beaucoup à souffrir. Ils ont lancé une certaine quantité de livres et de papiers de la justice de paix au milieu de la rue, où ils n’ont été ramassés que très tard. Les archives de la mairie ont été respectées grâce à l’énergie et au sang-froid de l’instituteur communal, M. Chapoulaud, qui a barré le passage à cette troupe furieuse. Ils ont pénétré ensuite chez le receveur de l’enregistrement, dont ils voulaient enlever la caisse. M. Nouveau, aidé de quelques habitants dévoués, leur a résisté énergiquement et a fait échouer leur tentative, non sans avoir reçu quelques contusions assez graves. L’intervention de la garde nationale, que l’on ne saurait trop louer dans cette occasion, a mis fin à cette scène de désordre.
Agréez, etc. »
Dimanche 20 novembre 1870
Arrêté préfectoral : « M Chaussade (Aubin), maire de la commune de Linards, canton de Châteauneuf, est révoqué de ses fonctions. M Castenot (Jacques), adjoint, est chargé d’administrer provisoirement la commune. »
Mardi 6 décembre 1870
Le Conseil de préfecture autorise la commune de Châteauneuf à se porter partie civile contre les auteurs des troubles survenus lors du dernier conseil de révision
Vendredi 9 décembre 1870 - Voir l'original
Nous trouvons dans la Défense Républicaine le dispositif du jugement rendu pour l’affaire de Châteauneuf :
Attendu que le 11 novembre courant, jour des opérations du conseil de révision à Châteauneuf, des scènes profondément regrettables se sont passées à ce chef-lieu de canton.
Attendu, en effet, qu’après la séance du matin, où tout paraît s’être passé avec ordre, les hommes des communes appelées s’étant retirés dans les auberges du lieu pendant la suspension, et que là, quelques meneurs inconnus commencèrent à répandre l’idée que s’agissant d’une levée en masse, un conseil était inutile, qu’il n’y avait personne à exempter et que tout le monde devait partir.
Attendu que ces hommes excités par la boisson et s’exaltant mutuellement, sortirent sur la place publique, et abordèrent le lieu des séances avec le parti pris de s’opposer à la reprise des opérations qui avaient commencé le matin pour quelques commune seulement, que la salle fut envahie malgré la résistance des gendarmes qui donnèrent, dans cette affaire, l’exemple de la fermeté et de la plus louable modération, que les meubles et les vitres furent brisés, les vitrines contenant les archives de la justice de paix forcées et les minutes des pièces lacérées, jetées dans la boue et en partie perdues.
Attendu que bientôt s’accomplit une deuxième scène plus fâcheuse encore, parce qu’elle ne semble avoir aucun rapport avec les sentiments qui peuvent expliquer l’exaltation des hommes appelés, sans les excuser, et qui serait de nature à incriminer leur probité, si tous les prévenus qui s’en sont rendus coupables n’étaient protégés par les antécédents les plus irréprochables, et si l’état d’ivresse dans lequel ils étaient ne venait atténuer leurs torts ; qu’en effet ils se ruèrent au nombre de 7 ou 8 sur le domicile du receveur des domaines Nouveau, qu’ils le maltraitèrent violemment en lui arrachant la barbe, et lui déchirant la figure, et qu’ils semblaient lui vouloir faire un mauvais parti, lorsqu’il fut secouru par son beau-frère et quelques autres personnes honorables, à l’une desquelles il eut la présence d’esprit de passer un revolver dont il était armé, craignant d’en faire un usage malheureux contre la foule qui se livrait sur sa personne à des violences aussi graves qu’inexpliquées ; que deux de ces hommes semblèrent vouloir forcer la caisse, au moins pour y prendre cinq francs, le prix d’un chapeau que l’un d’eux prétendait avoir perdu dans la mêlée.
Attendu enfin qu’une troisième scène violente eut lieu bientôt à l’hôtel du sieur Rivet, où était logé le conseiller de préfecture, présidant le conseil de révision, que les vitres furent brisées, le domicile envahi et le conseiller menacé aux cris : A bas le préfet, enlevons le préfet ! pas de conseil ! fut obligé de céder aux conseils de quelques personnes prudentes qui le firent évader par les derrières de l’hôtel et regagner la route où se trouvait sa voiture, en traversant les champs.
Attendu que l’instruction dirigée contre les prévenus les présente comme auteurs de tout ou partie des faits délictueux ci-dessus établis, qu’il s’agit de chercher la participation établie contre chacun d’entre eux.
Attendu que parmi les prévenus il en est cinq vis-à-vis desquels les débats n’ont pas apporté de preuves suffisantes, Carp, Bonnefond, Dupuy, Margoux et Delombre, qui doivent être renvoyés sans dépens ; que si Denardou a reconnu lui-même avoir brisé une vitre chez Rivet, l’empressement qu’il a mis à venir reconnaître ce tort et à le réparer semble établir, comme il l’affirme, qu’il y eut de sa part imprudence plutôt que mauvaise intention, qu’il doit être aussi acquitté.
Attendu que Mazin dit Mazet ou Fusil a résisté avec violences et voies de fait aux gendarmes, qu’il a violé le domicile du receveur Nouveau et qu’il lui a porté des coups et fait des blessures, ce qui le rend passible des peines édictées par les art. 184, 209, 230 et 311 du Code pénal, que cet individu est signalé, ainsi que son co-prévenu Martin, comme un des plus animés et des plus coupables dans les deux scènes qui se sont passées à la mairie et au domicile du receveur Nouveau.
Attendu que Martin s’est associé à ces violences et commis les mêmes faits et s’est rendu passible des mêmes peines ; que si les blessures faites par lui au receveur de l’enregistrement n’avaient pas la même gravité, et s’il était moins coupable vis-à-vis de sa personne, c’est lui qui a proposé de prendre cinq francs dans la caisse et a cherché à l’enfoncer, en disant à tous, un peu plus tard, qu’il en voulait aux pièces de vingt francs ; qu’il a brisé les meubles et les vitres dans la salle du conseil, et qu’il est signalé comme ayant saisi et cassé un christ placé dans le prétoire du juge de paix ; qu’enfin on le retrouve parmi ceux qui pénétraient dans l’auberge où était le conseiller de préfecture, en disant : à bas le préfet, il faut l’enlever ! et qu’il fut arrêté dans sa tentative par un violent coup de poing que Rivet lui porta à la figure, et qu’il est donc également passible des dispositions citées contre Mazet, et en outre de celles de l’art. 456 du Code pénal, et 6 de la loi du 23 mars 1832.
Attendu que Mousset a également violé le domicile du receveur, qu’il a saisi à la gorge ; que sa culpabilité est la même des deux premiers prévenus sur ces deux chefs, prévus par les art. 181 et 311 du Code pénal ; qu’il y a lieu seulement de lui tenir compte de ce que, sur les observations paternelles de M. Picon-Laforêt, étonné de le trouver dans une pareille émeute, il aurait immédiatement fait des excuses et se serait retiré.
Attendu que Boutaud excitait les autres à envahir le prétoire, qu’il est monté sur le bureau, brisant les meubles et les clôtures, criant : A bas le préfet, ou enlevons le préfet, pas de révision ; ce qui le place sur la pénalité édictée par les art.184, 456 et sous celle de l’art. 6 de la loi du 17 mai 1819.
Attendu que Durant a résisté au gendarme Dutheil avec violence, qu’il a brisé des clôtures et des meubles, notamment la toise qui servait à mesurer les conscrits, qu’il a été un des envahisseurs du domicile de M. Nouveau ; qu’il est passible des peines des art. 184, 230 et 456 du Code pénal.
Attendu que Deredempt a crié aussi « pas de révision » et qu’il a aidé à briser les vitres formant la clôture de la maison Rivet, ce qui lui rend applicable l’art. 456 du Code pénal.
Attendu que Leisseine s’est rendu coupable des mêmes faits, et excitait les autres en criant : A bas le préfet, il faut l’enlever, pas de conseil ! Il est placé sous le coup des articles 230 du Code pénal et l’article 6 de la loi du 17 mai 1819.
Attendu que les mêmes faits sont prouvés contre Bourissou, et que les mêmes articles doivent lui être appliqués ;
Attendu que les circonstances atténuantes doivent être appliquées à tous les prévenus de communes éloignées, par un temps affreux, dans un pays couvert de neige, exaltés par les plus douloureuses et les plus légitimes préoccupations, puisqu’ils sont tous d’honnêtes gens, pauvres et pères de famille ; que le vin qu’ils avaient bu dans les cabarets où ils étaient forcés d’entrer au milieu des plus vives exaltations de quelques meneurs restés inconnus, vient aussi excuser leurs méfaits, au moins les atténuer ;
Vu les articles 184, 207, 230, 311, 456 du Code pénal ; 6 de la loi du 17 mai 1819 ; 6 de la loi du 25 mars 1822 ; 305 du Code d’instruction criminelle ; vu aussi l’article 463 du Code pénal et l’article 194 du Code d’instruction criminelle ;
Par ces motifs, le tribunal, ouï M. le substitut Saulnier pour le procureur de la République ; ouï les prévenus en personne ; ouï aussi M. Bope, avocat, pour Mazalaigue, Ninard pour Boutaud, Bissaud pour Leisseine, Carp, Bonnefond et Delombre ;
Renvoie Carp, Bonnefond, Dupuy, Margoux, Delombre et Denardou de la plainte sans dépens ;
Condamne Mazin dit Mazet et Martin, chacun à quinze jours d’emprisonnement ; Mousset, à dix jours ; Durand, à six jours ; Boutaud, à trois jours ; Lesseine, à quarante-huit heures d’emprisonnement ; Mazalaigue et Bourissou, à chacun vingt-quatre heures de la même peine ; les condamne, en outre, tous les neuf solidairement aux dépens.
Ainsi jugé et publiquement prononcé le 29 novembre 1870, à l’audience, 2° chambre du tribunal de police correctionnelle de Limoges.
Présents ; MM. Jouhannaud, vice-président, chevalier de la Légion d’Honneur, Martin, Fonjaudran, Desisles, juges ; Saulnier, substitut.
DAUVERGNE
Commis-greffier

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