Le Courrier du Centre
Année 1880
Samedi 17 janvier 1880 - Voir l'original
On nous écrit de Châteauneuf :
« Le nommé Pichaud, cultivateur, demeurant au village de Blanzat, commune de Linards, canton de Châteauneuf, a tenté de se suicider, le 13 courant, en se tirant un coup de pistolet dans le ventre.
Il avait acheté son pistolet à Limoges, et en chemin il essaya son arme pour voir si elle allait bien, la cheminée cassa ; mais en arrivant près de son village il eut la constance d’allumer une allumette pour faire partir le pistolet, dont il avait appuyé le canon sur son ventre.
Sa blessure, quoique grave n’est pas mortelle ; M. le docteur Dutheillet, de Châteauneuf, qui lui a donné les premiers soins, prétend qu’il peut guérir.
Interrogé sur le motif qui l’avait poussé à se donner la mort, il répondit que sa femme étant morte depuis quinze jours, il s’ennuyait dans ce monde, mais que cependant s’il pouvait guérir il ne recommencerait pas. »
Jeudi 5 février 1880
Marguerite Mousset, âgée de 28 ans, domestique à Linards, accouchait, le 28 janvier dernier, d’un enfant de sexe masculin, et faisait disparaître presque aussitôt son nouveau-né. Le 1° février on a retrouvé, au cimetière de Linards, le corps du malheureux petit être.
Marguerite Mousset est arrêtée ; elle a fait des aveux.
Mercredi 11 février 1880
En revenant de la foire de Linards le samedi 7 février, un marchand de bestiaux de St Germain se tue dans un accident de voiture à l’entrée du bourg de St-Méard.
(Cf. détails le vendredi 20 février)
Vendredi 13 février 1880
Hier soir la justice, assistée de M. le docteur Dépéret-Muret s’est transportée à Linards, pour y opérer, ce matin, l’exhumation du corps d’une femme qu’on dit avoir été empoisonnée, ou s’être empoisonnée elle-même. Elle habitait Roziers-Saint-Georges, où l’on avait remarqué depuis longtemps son caractère un peu sombre et étrange ; elle y avait fort peu de relations.
Vendredi 20 février 1880 - Voir l'original
Voici un terrible exemple des accidents qui peuvent résulter de la non observation des règlements de police qui exigent que les voitures qui circulent la nuit sur les voies publiques soient munies de lanternes :
Le samedi 7 février 1880, jour de foire à Linards, un peu avant la nuit, trois individus montés dans une voiture dite jardinière, attelée d’un cheval, quittèrent cette localité. Ils parcouraient, dit-on, avec une vitesse vertigineuse la route conduisant à Saint-Germain-les-Belles, chantant à tue-tête, lorsque, ayant dépassé le bourg de Saint-Méard, et à environ cinquante mètres de cet endroit, leur voiture heurta brusquement une charrette chargée de feuilles, arrêtée sur le côté gauche de la route et conduite par un habitant de la commune de Saint-Méard.
L’essieu de la voiture fut brisé et les trois voyageurs furent projetés violemment à terre. Deux d’entre eux ont éprouvé des blessures sans gravité, mais l’un d’eux, le nommé Montazaud, âgé de cinquante ans, propriétaire à Saint-Germain-les-Belles, est mort peu de temps après des suites de ses blessures.
Aucun des véhicules n’était éclairé.
La justice informe.
Mercredi 24 mars 1880
Délégués sénatoriaux (délégués par les conseils municipaux pour l’élection des sénateurs) :
Linards, délégué M. Villette, suppléant M. Faucher
Mercredi 5 mai 1880 - Voir l'original
Tribunal correctionnel de Limoges – Audience du 5 mai 1880
VOL SIMPLE – Marie Regnaud – Le sieur Tricard, aubergiste à Linards, avait fait en trois jours une recette s’élevant à la somme de 100 francs. Tout heureux de se trouver à la tête d’un capital aussi important, il le serra précieusement dans le tiroir de sa cuisine ; mais hélas ! dans son contentement il oublia de retirer la clé qui fermait le meuble contenant son argent. Aussi quelle ne fut pas sa désolation quand le 15 avril au matin, il constata que le magot avait disparu.
Les soupçons se portèrent sur une enfant de 15 ans, la jeune Marie Raynaud, qui était à son service. Il l’interrogea, la pressa de questions et finit par lui faire avouer qu’elle était l’auteur du vol ; 15fr. furent même retrouvés dans la poche du tablier de la jeune servante.
Quand on lui demanda ce qu’était devenu le reste de la somme, elle répondit qu’il était entre les mains d’une jeune fille de 17 ans, son homonyme, Marguerite Raynaud, qui avait couché dans le même lit qu’elle les deux nuits qui avaient précédé le vol et lui avait donné le conseil de commettre la mauvaise action qui lui est reprochée. Interrogée, Marguerite Raynaud nia énergiquement et comme ses antécédents étaient excellents, une ordonnance de non-lieu fut rendue en sa faveur par M. le juge d’instruction.
Après la plaidoirie de M° Ninard fils, le tribunal déclare que Marie Raynaud a agi sans discernement, l’acquitte et ordonne qu’elle sera rendue à ses parents.
Mercredi 12 mai 1880 - Voir l'original
Cour d’assises de Limoges
PREMIERE AFFAIRE – INFANTICIDE – Marguerite Mousset, domestique, demeurant au bourg de Linards.
L’acte d’accusation est conçu en ces termes :
Le 1° février 1880, un sieur Montagnier travaillait dans le cimetière de la commune de Linards, lorsqu’il fit la découverte du cadavre d’un enfant nouveau-né que l’on avait enfoui sous une légère couche de terre. On rechercha l’origine de cet enfant, et les soupçons se portèrent aussitôt sur la nommée Marguerite Mousset. Cette fille était entrée le 4 septembre dernier au service des époux Crouzillat, domiciliés à Linards ; bientôt après, le bruit se répandit dans cette localité que Marguerite Mousset était enceinte, mais interpellée à ce sujet, soit par ses maîtres soit par quelques autres personnes, elle avait toujours opposé des dénégations énergiques aux questions qui lui étaient adressées.
Interrogée par M. le maire de la commune de Linards, l’accusée prétendit tout d’abord que l’enfant que l’on venait de trouver n’était pas le sien ; elle fut alors soumise à l’examen d’une sage-femme qui constata sur elle les traces d’un accouchement récent ; il lui devint donc impossible de continuer à nier qu’elle fût accouchée, mais elle affirma qu’elle avait mis au monde un enfant privé de vie. L’expertise médicale à laquelle il a été procédé a démontré la fausseté de cette allégation ; elle a établi que l’enfant de la fille Mousset était né à terme, vivant, et qu’il était mort étouffé, par suite d’une pression exercée sur les voies respiratoires. En présence de ces constatations, l’accusée a reconnu qu’en effet son enfant était né vivant, qu’il avait poussé quelques vagissements, mais qu’aussitôt après sa naissance elle s’était évanouie, et que lorsqu’elle avait repris ses sens, elle s’était aperçue qu’il avait cessé de vivre ; elle n’avait, dit-elle, jamais eu l’intention de lui donner la mort.
Les circonstances relevées par l’information établissent le contraire. L’accusée n’a fait aucun préparatif pour recevoir son enfant ; malgré les observations e ses maîtres, elle a toujours persisté à dissimuler son état de grossesse, et le jour même de l’accouchement, le 27 janvier, ayant été obligée de garder le lit, elle n’a cessé d’affirmer à la femme Amadieu, parente des époux Crouzillat, qui lui offrait ses soins, que les souffrances qu’elle éprouvait étaient provoquées par une simple indisposition. Le lendemain l’accusée put se lever ; elle reprit ses occupations habituelles, et ayant appris qu’un de ses frères habitant un village voisin était malade, elle saisit ce prétexte pour s‘éloigner ; à l’approche de la nuit, elle quitta la maison des époux Crouzillat, emportant dans son panier le corps de son enfant qu’elle avait tenu jusqu’à ce moment caché dans son lit ; puis elle alla le déposer dans le cimetière où il a été retrouvé le lendemain.
L’accusée est une femme de vingt-neuf ans, de petite taille, à la tournure disgracieuse, à la figure ingrate et laide.
Interrogée, elle se renferme dans un système de dénégations complet, répondant qu’elle ne se croyait pas enceinte, qu’elle a été surprise par les douleurs de l’accouchement et a été obligée ensuite de faire disparaître le cadavre de son enfant.
M le président explique à MM. Les jurés que la fille Mousset a à répondre d’un double crime, infanticide, pour avoir donné la mort à son enfant, suppression de part, pour l’avoir fait disparaître.
Il est procédé à l’audition des témoins ; M. Lemaître (Justin), docteur en médecine à Limoges, reproduit les conclusions de son rapport : l’enfant est né à terme, vivant et bien constitué ; il est mort à la suite d’une suffocation, résultat d’une pression violente dont on retrouve les traces sur la narine droite, qui a été aplatie, et sur le cou, qui a subi une flexion ; on remarque en effet, sur le côté gauche du cou, des plis nombreux ; sous la peau, au même endroit, M. le docteur a constaté qu’il y avait eu une suffusion sanguine.
M. Villette, maire de Linards, a fait visiter l’accusée par une sage-femme aussitôt après l’accouchement. Marguerite Mousset a dit à la sage-femme : « Sauvez-moi ! l’argent ne vous manquera pas. »
M. Crouzillat (Joseph), marchand drapier à Linards, était le maître de l’accusée ; il dépeint sa conduite avant et après l’accouchement dans les mêmes termes que l’acte d’accusation.
Montagnier Jean, fossoyeur à Linards, voyant la terre d’une tombe fraîchement remuée et voulant l’égaliser, heurta de sa pelle le cadavre d’un enfant nouveau-né ; il prévint immédiatement M. le maire de Linards.
Augustine Léonard à Linards – La fille Mousset est venue chez elle demander une purge ; on lui a répondu qu’on en vendait pas. Comme le témoin connaissait l’état de l’accusée, elle a supposé qu’elle voulait en faire un mauvais usage.
M. Belin, avocat général, soutient l’accusation, mais demande lui-même au jury d’accorder des circonstances atténuantes.
M° Baju présente la défense de l’accusée ; pour lui il n’existe aucune preuve sérieuse de culpabilité ; en conséquence, il demande au jury d’acquitter la fille Mousset, tant de l’accusation d’infanticide que de celle de suppression d’enfant.
Après le résumé de M. le président, le jury se retire dans la salle de ses délibérations. Le verdict qu’il rapporte est négatif sur les deux questions.
En conséquence, la Cour déclare que Marguerite Mousset est acquittée de l’accusation portée contre elle.
Mardi 25 mai 1880
Le mardi 11 mai ont eu lieu à Linards les examens pour le certificat d’études pour les écoles du canton de Châteauneuf. 26 candidats appartenant à 6 écoles s’étaient fait inscrire, 25 ont subi les épreuves et 10 ont obtenu le certificat. Ce sont, par ordre de mérite : 
Mlle Vergnolle de l’école de filles de Linards, MM Adolphe Jacquet de l’école de garçons de Linards, Bord id., Léger Foury id., Bouty id., Léger Foury id., Jacquet aîné id., Mazaud id., Charles Foury id., Mlle Maria Janicot de l ‘école de filles.
M. Delassis juge de paix de Châteauneuf, a bien voulu encourager le travail des élèves en accordant aux deux premiers reçus un livret de caisse d’épargne de 10 francs.
Mardi 8 juin 1880
Elections législatives du 6 juin, élu M. Pénicaud
Linards : inscrits 561, votants 313, Pénicaud 305
Samedi 7 août 1880
Elections des conseillers d’arrondissement, Firmin Tarrade élu dans le canton de Châteauneuf, lettre de remerciements.
Samedi 16 octobre 1880
Banquet républicain à Châteauneuf en l’honneur du sénateur le 13 octobre. Discours d’Adrien Tarrade, conseiller général. « MM Bélier, propriétaire à Linards et Pouzi percepteur à Linards ont aussi pris la parole. »

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