Le Courrier du Centre
Année 1888
Mercredi 18 janvier 1888
Accident de voiture
On nous écrit de Linards, le 15 janvier :
Avant-hier, 13 du courant, le sieur Reilhac, propriétaire au Grand-Bueix, commune de Linards, s’était rendu avec son gendre et un sieur Valade, agent d’affaires, dans la commune de Saint-Vitte, pour y visiter une propriété qu’ils devaient échanger pour leur bien du Grand-Bueix.
Ils revenaient fort tard dans la nuit ; le père Reilhac marchait à côté de la voiture, et son gendre et Valade causaient tranquillement assis sur leur siège, lorsque, arrivé en face du village de Toulon, commune de Saint-Méard, la jument, une vigoureuse bête, partit tout à coup au grand galop et malgré ses efforts, Reilhac ne put atteindre le marchepied pour monter dans la voiture.
Voyant qu’il laissait son beau-père, le gendre fit alors tous ses efforts pour maîtriser sa monture sans pouvoir y réussir. Alors, n’écoutant que son courage et ne croyant point au danger, il sauta prestement de la voiture. Mais le pauvre jeune homme tomba la tête la première sur la route et se fracassa le crâne.
A l’arrivée de son beau-père il râlait encore, mais peu d’instants après il rendait le dernier soupir.
On ne saurait peindre la douleur de la famille et surtout de la malheureuse jeune veuve.
Les obsèques de la malheureuse victime de cet accident ont eu lieu à Linards ce soir à quatre heures, au milieu d’une foule nombreuse et recueillie.
Vendredi 23 mars 1888
Affreux accident
On écrit de Linards :
Un affreux accident est arrivé dans notre localité, lundi dernier. Sautour (Louis), âgé d’environ 50 ans, propriétaire à Salas, en cette commune, était à même de faire ferrer ses bœufs, lorsqu’un de ces animaux, rendu furieux, s’est élancé sur lui et lui a donné un coup de corne au-dessous de l’œil droit.
Le coup a été si malheureux que l’œil a été arraché sans être écrasé.
Aux cris poussés par la victime, un grand nombre de personnes s’est porté à son secours et on envoya chercher M. Tarrade, de Châteauneuf, qui lui donna des soins empressés. Mais on pense qu’il sera obligé de subir l’opération pour détacher complètement l’œil.
Dimanche 25 mars 1888
L’accident de Linards
Nous apprenons que le malheureux Sautour, de Linards, dont nous avons raconté avant-hier l’affreux accident, vient d’être transporté à l’hôpital de Limoges, pour recevoir les soins spéciaux que nécessite son état.
On craint que Sautour ne survive pas à l’horrible blessure causée par la perte de son œil.
Mardi 3 avril 1888
Cheval emporté
On écrit de Linards :
Lundi dernier, un cheval ayant pris le mors aux dents descendait le bourg de Linards, son maître n’ayant pu le maîtriser. Il serait arrivé certainement un malheur, car à ce moment il y avait beaucoup d’élèves qui se rendaient à l’école, si MM. Lafarge et Viamont, facteurs, n’écoutant que leur courage se sont précipités à la tête du cheval et ont pu s’en rendre maîtres.
Jeudi 3 mai 1888
Tribune électorale – Linards – M. Faucher nous prie d’annoncer qu’il n’est pas candidat aux élections municipales du 6 mai et qu’il n’entend pas que son nom figure sur aucune liste.
Vendredi 4 mai 1888
Accident
On nous écrit de Linards, le 2 mai 1888 :
Hier soir, à 7 heures, un bouvier de M. Noualhier, le sieur Lajoie, conduisait un tombereau de fumier et avait, comme beaucoup d’autres, laissé son attelage devant lui aller à son gré.
Arrivé en face de chez M. Faure, un tout jeune enfant faisait ses ébats au milieu de la chaussée, les vaches le renversèrent ; aux cris poussés par la malheureuse petite victime, le conducteur arrêta subitement ses bêtes. Il était temps, la roue du tombereau allait lui briser les deux jambes. Il a reçu néanmoins plusieurs blessures, notamment à la jambe droite, mais il a été immédiatement soigné, et il y a tout lieu de croire qu’elles n’auront pas de suites fâcheuses.
Mardi 8 mai 1888
Elections municipales – 1° tour 
Linards
Votants : 304 – Sont élus :
MM. H. Gavinet, J. Sautour, L. Janicot, L. Bourissou, F. Pleinard, P. Thuilléras, J. Farne, P. Jacquet, J. Garat, L. Thoumieux, J. Rivet, J. Tarret, L. Demichel, J. Bonnefond, L. Faure, L. Castenot.
Lundi 11 juin 1888
Foire
On nous écrit de Linards, le 9 juin :
La grande foire du 8 juin avait attiré hier une foule considérable de gens venus de toutes les localités limitrophes. Dès la première heure, les marchands étalagistes et les baraques de comédiens, lutteurs et autres occupaient jusqu’au plus petit emplacement des places publiques.
A midi, la circulation était presque impossible tant la foule était compacte ; on se bousculait, on se portait, on étouffait sous l’effet de la masse et de la chaleur qui, en ce moment, était cuisante.
Les hôtels et les cafés ne pouvaient plus loger leur monde à défaut de place ; la recette a dû être fructueuse.
Le champ de foire était bien approvisionné en bétail et les cours ont été les mêmes des foires précédentes, c’est à dire avec une tendance vers la hausse. Les veaux surtout et les génisses tendres ont été l’objet de nombreuses transactions.
Les moutons se vendaient à des prix rémunérateurs. Les porcelets avaient un certain débit mais à un cours relativement faible, vu le prix où on les a vus il y a quelques mois.
Bref, les gens se retiraient satisfaits, en faisant des vœux pour que les foires suivantes aient la même animation et le même débit.
Dimanche 5 août 1888
Accident
On nous écrit de Linards :
Jeudi dernier, le sieur Jean Denaudy, soldat actuellement en congé chez ses parents, s’est coupé accidentellement les deux dernières phalanges de l’index de la main droite.
Il travaillait dans l’atelier de son père qui est forgeron, lorsqu’il se fit prendre la main dans un engrenage de machine.
Grâce à un camarade qui a arrêté la machine, un accident bien plus grave a pu être évité.
Mercredi 10 octobre 1888
La foire de Linards
Le mauvais temps des jours précédents empêchant les travaux agricoles, une foule nombreuse de gens de toutes les localités environnantes s’étaient rendus hier à la foire de Linards.
Le foirail était bien garni de veaux et surtout de vaches de harnais. Les cours ordinaires ont été maintenus et il y a eu de nombreuses transactions.
Les moutons et les brebis se vendaient aussi à des prix rémunérateurs. Absence complète de porcs gras, mais en revanche les nourrains abondaient et se vendaient aussi entre habitants, mais à des prix absolument dérisoires.
Le marché était bien approvisionné en volailles, œufs, beurre, etc., et le tout à bon compte.
Le gibier était recherché et se vendait fort cher. Il paraît que cette année les chasseurs ne font pas leurs affaires.
Mercredi 24 octobre 1888
Un Homme disparu
On nous écrit de Linards, le 23 octobre :
Depuis trois jours, on recherche activement le sieur Léonard Larue, propriétaire à Patiras, commune de Linards. Parti dimanche matin de Pierrefiche, commune de Saint-Bonnet-la-Rivière, où il était domestique chez M. Morterolles, on ne l’a pas revu depuis. On croit à un malheur, car depuis plusieurs jours, cet homme qui était marié et père de trois enfants, accusait plusieurs signes d’aliénation mentale.
On a fouillé, mais inutilement, l’étang d’Aigueperse, situé sur son passage. Les recherchent continuent.
Vendredi 9 novembre 1888
Linards
On nous écrit de cette localité :
On est toujours sans nouvelles du sieur Léonard Larue qui a disparu depuis plus de trois semaines du domicile de son maître, M. Morterolles, propriétaire à Pierrefiche, commune de Saint-Bonnet-la-Rivière.
On a fouillé à différentes reprises les étangs, les bois, les forêts mais toujours inutilement.
Larue était un excellent ouvrier et un bon père de famille ; il possédait un petit borderage à Patiras, commune de Linards, et comme il avait des dettes, il s’était loué afin de pouvoir se libérer plus vite. En attendant il avait confié la gestion de son bien à son oncle, un sieur Cluzeaud.
Son caractère habituellement doux et aimable avait, paraît-il, complètement changé depuis quelques jours : le maître domestique l’aurait blâmé d’avoir serré quelques douzaines de pommes dans sa malle ; ses camarades ne lui ménageaient point les épithètes à ce sujet ; déjà vif, il s’est laissé aller au découragement, est parti et depuis on ne l’a plus revu.
Néanmoins une descente du parquet est nécessaire pour contrôler certains bruits qui courent dans le pays.
Tout le monde est étonné qu’un homme puisse disparaître sans laisser de traces et rester introuvable malgré toutes les recherches faites pour le découvrir.
Mardi 4 décembre 1888
Linards
Disparition – Rien de nouveau au sujet de la disparition du sieur Larue. On a fouillé de nouveau les étangs, les puits et les pêcheries, mais sans succès. C’est le cas de le dire : il est bien perdu.
Foire – La foire qui s’est tenue le 1° décembre à Linards avait réuni une foule considérable de vendeurs et d’acheteurs et aussi d’amateurs venus de toutes les contrées limitrophes.
Le foirail était bien garni en veaux, génisses et vaches de toutes sortes. Tous ceux qui ont voulu vendre ont trouvé preneur et à des prix très élevés. Un grand nombre de transactions ont été faites.
Bien qu’on puisse constater une légère hausse sur les porcelets depuis la dernière foire, on peut dire qu’ils sont encore pour rien. Les cochons gras se vendaient sur le pied de 30 à 35 francs les 50 kilos suivant qualité.
Les moutons se vendaient bien et à des prix assez élevés.
Le marché était bien approvisionné en volaille, lapins et œufs. Le tout s’est vendu à bon compte.
Le gibier était recherché.
Dimanche 9 décembre 1888
Châteauneuf
On nous écrit de Châteauneuf :
Un incendie s’est déclaré au village du Grand-Bruet [sic], commune de Linards.
Le feu a pris dans une grange attenant à une étable appartenant à un sieur Martin Fraisseix. Les deux bâtiments ont été la proie des flammes. Les pertes sont évaluées à 2,100 francs et couvertes par la société La Confiance pour une somme de 7,500 francs.
On croit que la malveillance n’est pas étrangère à ce sinistre ; quelques habitants du village ont vu le matin même un mendiant qui n’a pu être retrouvé et auquel on attribue l’incendie.

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