Le Courrier du Centre
Année 1889

 
Lundi 22 juillet 1889
Candidature aux cantonales de Charles Filhoulaud, notaire et maire de Neuvic. Républicain conservateur anti-radical.
Mercredi 24 juillet 1889
Tribunal correctionnel, audience du 22 juillet 1889
« François Grenier, 44 ans, de Linards, est poursuivi pour avoir brisé une palissade appartenant à un sieur Faure, sur une longueur de 50 mètres environ.
L’inculpé prétend que la palissade avait été élevée sur un terrain qui était sa propriété, et que, par conséquent, il était dans son droit en détruisant une barrière qui le gênait.
Après une plaidoirie de M° Daniel de la Gasnerie, le tribunal renvoie le prononcé du jugement à une prochaine audience. »
Jeudi 25 juillet 1889
Réunion électorale (cantonales) contradictoire à Linards avec Tarrade, Filhoulaud et Gotteron (député)
Vers 4 heures du soir, une réunion publique a été tenue à Linards dans la salle de l’hôtel Jacquet.
M. Gotteron prenant la parole a dit que les prochaines élections législatives ont une importance exceptionnelle.
D’un côté, les nouveaux législateurs devront travailler à refaire la fortune de la France en protégeant son agriculture et son industrie contre la concurrence étrangère. De l’autre, ils peuvent se trouver aux prises avec les plus redoutables éventualités. Il y a deux ans, en demandant au Reichstag d’augmenter de 300,000 hommes l’armée allemande, Bismarck déclarait qu’il ne croyait point que la guerre pût éclater avant 1891, mais qu’à cette échéance elle lui paraissait fatale.
Il importe donc que nous soyons prêts, non pas seulement militairement, mais aussi au point de vue diplomatique. Pour cela il faut une chambre composée d’hommes modérés, d’un patriotisme ferme et éclairé, capables de constituer un gouvernement qui sache ne pas donner dans les pièges que lui tendra la diplomatie bismarckienne. Ce gouvernement ne peut être que modéré, car seuls les modérés appuyés sur une forte majorité parlementaire seront à même de conclure l’alliance avec la Russie et de tenir ainsi en respect les huit millions de baïonnettes de l’Allemagne, de l’Autriche et de l’Italie liguées contre nous. Des modérés seront seuls aussi capables d’épuiser tous les moyens de conciliation avant d’en arriver à la guerre, cette chose affreuse et épouvantable, que l’on doit tout mettre en œuvre pour conjurer.
Interrogé par M. Gavinet, maire de Linards, sur son programme politique, M. Gotteron déclare qu’un programme politique est avant tout une œuvre collective et que pour lui, il ne sera définitivement candidat que lorsque sa candidature aura reçu la sanction d’un comité électoral républicain dont il aura alors la mission de défendre les théories et les principes. Néanmoins à son point de vue personnel, il estime que dès que le danger boulangiste aura disparu, la réforme de la constitution s’imposera afin de mettre un terme aux crises ministérielles trop fréquentes qui ont amené le discrédit de la République. Il croit en outre que dans l’œuvre législative prochaine, une grande part devra être faite à la décentralisation communale et administrative. Par-dessus tout il faudra s’occuper de diminuer les impôts en diminuant les gros traitements, en supprimant les emplois inutiles et il ne faut pas oublier que l’Allemagne payant 700 millions d’impôts de moins que la France il est temps, sous peines des plus graves conséquences pour notre existence nationale, de ménager nos ressources financières, ce qui est le plus sur moyen de nous donner avec le temps une puissance militaire définitivement prépondérante.
M. Filhoulaud a exposé ensuite en excellents termes son programme au Conseil général. Il sait que les intérêts de la commune de Linards ont été jusqu’ici fort négligés. Il s’appliquera à y donner la plus large satisfaction. Il proteste énergiquement de son dévouement à la République.
M. Firmin Tarrade parle en termes émus de la mort de son frère M. Adrien Tarrade. Il dit qu’il est radical, mais qu’il ne veut ni la suppression du président de la République, ni la suppression du Sénat, dont il croit l’existence nécessaire, mais dont il demande la nomination par le suffrage universel direct. Il dit que le retard dans le vote de la loi militaire de 3 ans provient non des radicaux mais du Sénat.
M. Gotteron dit que l’extrême gauche, sachant qu’elle ne pouvait vaincre les résistances du Sénat, aurait dû, en faisant ses réserves, voter plutôt la loi militaire qui institue le service obligatoire pour tous, et ne pas frustrer si longtemps le pays des progrès que cette loi est venue réaliser.
Ceux qui sont entrés au service depuis 7 ans ne seront guère reconnaissants aux radicaux d’une politique aussi absolue.
La séance a été levée à 5h. ¼.
Mardi 30 juillet 1889
Résultat des cantonales du 28 juillet. Firmin Tarrade, radical, élu (1812 voix), Filhoulaud, républicain (427), général Boulanger (14).
Mercredi 31 juillet 1889
Résultat des cantonales à Linards : Tarrade 312, Filhoulaud 116, Boulanger 0.
Vendredi 2 août 1889
Remerciements de Tarrade aux électeurs du canton.
Jeudi 29 août 1889
Accident
On écrit de Linards :
Un accident, qui aurait pu avoir les suites les plus graves, est arrivé lundi matin à Linards.
Un sieur Theillaumas, aubergiste, était occupé à atteler une jument appartenant à Mme Ledot mère.
Trop confiant dans la douceur habituelle du vieil animal, M. Theillaumas l’avait complètement harnaché et attelé à la voiture avant de lui mettre la bride, lorsque tout à coup, effrayé sans motif ou pris d’un soudain caprice, le cheval partit au grand galop dans une forte descente.
Le sieur Theillaumas voulut l’arrêter, mais, n’ayant pour le retenir que la longe du licol, il fut violemment renversé, tandis que l’animal, redoublant sa course effrénée, rasait, sans l’accrocher heureusement, le courrier arrêté devant la poste, et tournait sur la route de la Croisille.
Fort heureusement, arrivé à une montée, il ralentit un peu son allure, ce qui permit à un brave homme, habitant au Puy-de-Linards, de l’arrêter, tandis que les sieurs Denardoux, forgeron, son ouvrier et le jeune Crouzillac, son beau-frère, serraient la mécanique de la voiture, et réunissant leurs efforts, parvenaient à maîtriser le cheval qu’ils ramenèrent à l’écurie.
M. Theillaumas, dans sa chute, s’est fait une petite blessure au-dessus de la tempe gauche et quelques contusions heureusement sans gravité.
Samedi 31 août 1889
Arrestation – On nous écrit de Châteauneuf : La femme Léonarde Bessette, épouse Carpe, âgée de 35 ans, a été mise en état d’arrestation pour être transférée à la maison d’arrêt à Limoges, sous l’inculpation d’avoir procuré des avortements à plusieurs femmes de la ville.
Cf. procès en 1895
Jeudi 10 octobre 1889
Résultat des élections législatives des 22 septembre et 6 octobre (ballottage) à Linards :
Tarrade (radical) 334 voix, Gotteron (républicain, élu) 62, Cruveilher (conservateur) 108.
Dimanche 20 octobre 1889
Election au Conseil d’arrondissement
Canton de Châteauneuf
M. Gavinet nous prie d’insérer la lettre suivante qu’il adresse aux électeurs du canton de Châteauneuf :
Mes chers concitoyens,
Je vous remercie de l’imposante majorité que vous m’avez accordée aux élections du conseil d’arrondissement.
Vous avez prouvé, une fois de plus, votre attachement à la politique radicale. Soyez assurés que je m’efforcerai de me rendre digne de la confiance que vous m’avez accordée.
Les opportunistes ont eu la majorité dans notre département aux dernières élections législatives, mais nous ne devons pas nous décourager. Nous sommes vaincus, mais non domptés.
Il faut espérer que dans quatre ans nous prendrons notre revanche.
Veuillez agréer, mes chers concitoyens, avec mes remerciements, l’assurance de mon entier dévouement.
Vive la république !
H. GAVINET
Maire de Linards et conseiller d’arrondissement
Dimanche 27 octobre 1889
M. Villette, ancien maire de Linards, assiste à un banquet à La Croisille en l’honneur du nouveau député Gotteron, élu contre Tarrade. Les assistants semblent tous conservateurs et anti-Tarrade (Filhoulaud, ancien candidat aux cantonales contre Tarrade).
Lundi 28 octobre 1889
Même banquet et mêmes participants à Neuvic. Le banquet est organisé dans un hôtel de Neuvic avec l’aide de «M. Theillaumas, maître d’hôtel à Linards. »

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