Le Courrier du Centre
Année 1893

 
Mercredi 18 janvier 1893 - Voir l'original
Tribunal de police correctionnelle – audience du 16 janvier
Gabriel Leycuras, 22 ans, cultivateur à Saint-Méard, a été condamné une fois déjà pour coups et blessures.
Il comparaît aujourd’hui encore pour avoir brutalement renversé le sieur Denaudou, qui tranquillement et sans penser à mal, passait sur la route.
Blaise Mounier, 24 ans, cultivateur au même endroit, voyant faire son camarade, l’imita et bouscula un autre brave cultivateur qui revenait de la foire de Linards.
« Et pourquoi avez-vous agi ainsi ? demanda le président à Leycuras.
Je ne sais pas, répond l’inculpé, mais d’ailleurs je ne suis pas le seul. »
Cette réponse est loin d’être une excuse et cette idiote plaisanterie vaut au premier inculpé une peine de dix jours d’emprisonnement et à Mounier une amende de dix francs.
Mardi 24 janvier 1893 - Voir l'original
Linards
Agression nocturne – Un propriétaire de Linards, nommé Ticot, accompagné du sieur Lamargue, se trouvait à l’auberge Sallat, quand, lorsqu’il voulut sortir, vers 7 heures du soir, il fut assailli par trois individus qui le frappèrent, le renversèrent sur le sol, et prirent la fuite.
Mercredi 1° février 1893 - Voir l'original
Tribunal de police correctionnelle- audience du 30 janvier
Gabriel Leycuras, né à Saint-Paul en 1872, cultivateur à Saint-Méard, a été condamné plusieurs fois déjà pour coups et blessures, à une de ces dernières audiences notamment.
Bien bâti et brutal, cet individu a l’habitude de renverser à coups de poing les individus qu’il trouve sur sa route.
Le tribunal le condamne à vingt jours d’emprisonnement et aux dépens et dit que cette peine se confondra avec celle récemment prononcée contre lui.
Ce même inculpé comparaît pour une autre affaire : bris de clôture.
Il avoue avoir lancé des pierres contre la maison de Sautour, le plaignant, mais il nie avoir cassé des carreaux, probablement parce qu’il n’a pas pu, car l’intention ne lui manquait pas. Il est connu dans la commune, et apprécié du tribunal à sa juste valeur.
Léonard Faucher, 20 ans, né à Saint-Méard le 25 octobre 1872, cultivateur dans la localité, est poursuivi pour le même fait.
Le tribunal condamne une fois de plus Leycuras à […] jours de prison et aux dépens et renvoie Faucher des fins de la plainte sans dépens.
Ce Leycuras, nous dit-on, est redouté dans la commune, et les témoins osaient à peine venir déposer contre celui que l’on appelle le chef de la bande du musicien de Saint-Méard, et le musicien c’est lui, comme nos lecteurs l’ont fort bien compris.
NB : le chef de la bande de St-Méard sera condamné de nombreuses fois pour coups et blessures en correctionnelle dans les mois suivants.
Lundi 20 février 1893 - Voir l'original
Saint-Méard
Rixe – Ces jours derniers, une rixe peu grave s’est élevée entre les nommés Joseph Vergne, âgé de 33 ans, charron à Linards, et Léonard Denardou, âgé de 30 ans, forgeron, à St-Méard.
Des coups ont été échangés de part et d’autre, mais peu sérieux.
Néanmoins, un procès-verbal a été dressé.
Vendredi 24 février 1893 - Voir l'original
Saint-Méard
On nous écrit :
Accident – Vendredi soir, vers huit heures, les sieurs Denis Sautour, propriétaire au bourg de Saint-Méard, et Léonard Sautour, meunier, à Ligonat, revenaient ensemble de Linards, dans la voiture du premier.
Le cheval trottait assez rapidement en descendant au petit pont de Linards quand, tout à coup, un des essieux se rompit et les deux voyageurs furent précipités violemment sur la chaussée de la route.
Sautour, le meunier, ne s’est fait en tombant que des contusions peu sérieuses ; mais son camarade se rappellera longtemps de sa chute.
Les blessures qu’il a à la tête sont si graves qu’un médecin, M. Tarrade, dut être appelé immédiatement.
Mercredi 1° mars 1893
Linards – Vol de poissons – Le 24 février dernier, un vol de poissons a été commis au préjudice de deux propriétaires du village du Grand-Bueix, messieurs Farret et Couderc.
Une enquête a été ouverte et plusieurs personnes ont été interrogées. 
Lundi 6 mars 1893 - Voir l'original
Linards
Incendie – Pendant la nuit du 1 au 2, les habitants du village de Sautour-le-Grand, canton de Linards, ont été réveillés par les cris : Au feu ! En effet une grange couverte en chaume, mesurant 16 mètres de façade sur 5 de profondeur, était enflammée.
On a pu faire sortir les bestiaux et préserver la maison d’habitation qui y est contiguë, le mobilier a été évacué et en partie endommagé.
On ignore comment le feu a pris ; la malveillance ne semble pas étrangère.
La victime de l’incendie, Joseph Dumazeau, jouit de l’estime publique.
Les pertes sont d’environ 1 800 fr. et couvertes par une compagnie d’assurances.
Vendredi 31 mars 1893 - Voir l'original
Linards
Rôdeurs de nuit – Profitant du trouble causé par un incendie qui s’était déclaré au village de Sautour-le-Grand, commune de Linards, des maraudeurs se sont introduits chez un propriétaire de la localité, nommé Guillaume Bourissou, ont pénétré dans l’étable et se sont emparés d’une vache, d’un veau et d’une jument.
On s’est aperçu le lendemain de la disparition de ces animaux que l’on a pu retrouver après quelques recherches.
Les malfaiteurs, sans doute surpris, ont dû les abandonner sur la route.
Mardi 25 avril 1893
Linards – Procès verbal a été dressé contre les nommés Hyppolite Villette, 20 ans, et Léonard Mousset, 48 ans, sabotier, demeurant à Linards, qui se sont battus sur la voie publique.
Mercredi 26 avril 1893
Tribunal de police correctionnelle- audience du 24 avril
« Martial Léonet, 52 ans, né à Saint-Ouen, et Martial Roux, 21 ans, né à Linards, vol de planches au préjudice d’un propriétaire, M. François Couturier.
Le premier 10 jours de prison, le second vingt-quatre heures de la même peine. »
Samedi 29 avril 1893 - Voir l'original
TRIBUNE PUBLIQUE
Châteauneuf
Nous avons reçu avant-hier la note suivante, en réponse à la lettre de M. Tarrade, insérée dans notre numéro de dimanche dernier :
Incohérent, tout le monde le sait, le Monsieur l’est depuis longtemps, mais depuis ses déboires administratifs, M. Firmin Tarrade fait montre d’un aplomb et d’une audace qui n’ont d’égal que l’autoritarisme de ce maire déchu.
Ainsi, dans sa lettre du 23 courant, il ose prétendre que la réception faite à Châteauneuf à M. le préfet de la Haute-Vienne n’a pas eu le caractère qu’on a voulu lui attribuer.
Franchement, M. Tarrade, vous voudrez bientôt faire croire aux électeurs que les vessies sont des lanternes et que vous êtes l’administrateur le plus éminent, le plus correct que jamais commune n’ait possédé.
Eh bien ! contrairement à vos dires, nous affirmons, nous, de la façon la plus formelle, que le compte rendu de la réception faite à M. le préfet, inséré dans le Courrier du 21 avril, est en tous points exact et conforme à la vérité.
Ce que vous semblez surtout mettre en doute pour donner le change au public, ce sont les termes mêmes de l’allocution si significative que notre ami Reilhac, le sympathique adjoint de Châteauneuf, a adressée au préfet.
Or, comme les républicains du canton connaissent tout l’intérêt que vous portez au bureau de bienfaisance de Châteauneuf, nous venons vous proposer de verser 1,000 fr. au dit établissement, si vous parvenez à prouver qu’une seule parole de notre ami Reilhac ait été dénaturée dans le compte rendu que nous avons fait insérer ; la preuve sera facile à faire, puisque paraît-il le texte même existe, écrit de la main de M. Reilhac.
Bien entendu, en acceptant notre proposition, vous vous engagez à verser pareille somme à cette œuvre de bienfaisance au cas où la véracité de nos attestations ne pourrait plus être contestée.
Allons, M. Tarrade, un peu de courage… à la poche, nous vous tendons la perche, profitez-en pour reconquérir cette popularité qui, actuellement, semble s’éloigner de vous à grands pas.
Pour ce qui est de la présence des maires du canton, vos dires sont aussi erronés et aussi faux que le reste, et ces messieurs doivent être tristement édifiés sur votre compte en vous voyant, pour les besoins d’une cause désormais perdue, débiter avec audace des choses aussi contraires à la vérité.
Voilà en effet les maires du canton qui ont assisté à la réception et qui, tous, ont souligné de leurs applaudissements les paroles si bienveillantes adressées au représentant du gouvernement de la République :
M. Blanc, maire de La Croisille.
M. Jacquet, maire de Linards.
M. Sénamaud-Beaufort, maire de Masléon.
M. Bertrand, maire de Roziers-Saint-Georges.
M. Breilloux, maire de Surdoux.
M. le maire de Saint-Gilles.
M. l’adjoint au maire de Sussac.
N’est-ce pas, monsieur le potentat, que tout compte établi, cela fait plus de deux ?
Croyez-nous, pauvre grand homme, disparaissez de la scène, faites-vous oublier ; car, si vous êtes « à l’eau », que diable voulez-vous que nous y fassions ?
Un groupe de républicains antitarradistes
Jeudi 25 mai 1893 - Voir l'original
Tribunal de police correctionnelle- audience du 23 mai
La femme Anne Peyrat, 30 ans, originaire de Linards, est poursuivie pour avoir vendu du beurre qui n’était pas du beurre.
En effet, une simple couche de crème recouvrait des débris de laitage de toutes sortes, composait un amalgame inimaginable, à ce qu’a, du moins, déclaré la plaignante.
Le tribunal, après une plaidoirie de M° Fayout, condamne la prévenue à 25 fr. d’amende et aux dépens.
Vendredi 23 juin 1893
Tribunal de police correctionnelle- audience du 20 juin
« Le sieur Léonard Sarre, 53 ans, cultivateur à Oradour, est poursuivi pour vol d’une poule au préjudice du sieur Faye, cultivateur également à Linards. 50 fr. d’amende. »
Mercredi 28 juin 1893
Châteauneuf – Procès verbal a été dressé contre les nommés Pierre Tuilhéras, 42 ans, et Jean Andreau, dit Faucillou, 24 ans, demeurant à Linards, qui au cours d’une rixe qu’ils avaient provoqué, ont grièvement blessé à la tête le nommé Daniel Carpe, 19 ans, maçon à Châteauneuf. 
Samedi 1° juillet 1893 - Voir l'original
Une maison hantée
Les revenants font de nouveau parler d’eux : il se passe en effet aux environs de Saint-Méard des phénomènes étranges qui impressionnent fortement les habitants de la localité.
Dans une maison située au Veysière, et qu’habite une famille de colon, la famille Mausset, des événements extraordinaires se produisent toutes les nuits.
A peine couchés, les habitants de l’immeuble entendent un bruit sourd, comme celui produit par plusieurs personnes chaussées de pantoufles qui frapperaient du pied sur le plancher.
Le bruit, d’abord peu distinct, s’accentue peu à peu, la cadence est marquée, puis il s’arrête.
Alors une ombre surgit du plancher, fait le tour des appartements, tantôt impalpable, tantôt ayant une apparence horrible.
Elle se penche sur le lit des époux Mausset, les prend à la gorge, ou se couchant sur la couverture, les oppresse et leur étreint la poitrine.
Tout récemment une jeune servante, entrée depuis peu dans la maison, a été la victime de cette diabolique machination.
Au milieu de la nuit, la jeune fille fut réveillée par un bruit sourd, et au moment où, à moitié assoupie, elle essayait de distinguer d’où il venait, elle aperçut une ombre devant sa fenêtre.
Cette ombre s’avança, fit le tour de son lit, puis elle la sentit s’étendre sur sa poitrine, au point que, haletante, elle eut à peine la force de pousser un cri.
A son appel on accourut, mais malgré toutes les recherches auxquelles on se livra, on ne put rien découvrir.
La pauvre fille, à moitié porte de frayeur, raconta ce qui venait de lui arriver.
Quelques jours plus tard, c’étaient les enfants, âgés de 14 et 15 ans, qui, au milieu de la nuit, étaient découverts jusqu’aux pieds, bien que tenant leur couverture avec les dents.
Comme dans toutes ces sortes d’histoires, les « esprits » n’agissent que dans l’obscurité, une lumière les met en fuite.
On ne sait à qui attribuer ces fumisteries répétées, dont est victime la famille Mausset.
La gendarmerie s’est transportée sur les lieux, et l’un de ces jours, le farceur qui se livre à ces plaisanteries d’un goût douteux, pourra bien n’être plus insaisissable et payer par une bonne peine d’emprisonnement les frayeurs qu’il cause à de braves gens.
Samedi 29 juillet 1893
Châteauneuf – Mme Denaudy, 24 ans, aubergiste à Linards, a porté plainte contre Mme Catherine Mouret, 55 ans, journalière qui, à toute occasion, lui prodigue les épithètes les plus malsonnantes.
Jeudi 14 septembre 1893
Linards – Autre vol – Dans la nuit du 3 au 4 septembre, une somme de 14 francs a été volée au sieur Léon Vaxivière, 17 ans, domestique chez M. Varliette, maître d’hôtel au bourg de Peyrat.
La somme était dans un porte-monnaie placé à la tête de son lit.
Lundi 18 septembre 1893 - Voir l'original
CHATEAUNEUF – Le 11 du courant, vers 6 heures du soir, un violent orage a éclaté sur le territoire de la commune de Linards.
Le tonnerre est tombé sur le pignon de la maison de M. Pierre Prébot, propriétaire à Sallat, et a communiqué le feu à un fournil y attenant.
M. Pierre Prébot et sa femme étaient aux champs en ce moment ; lorsqu’ils revinrent, le feu avait occasionné pour 500 fr. de dégâts.
Grâce aux prompts secours des voisins, on a pu se rendre maître en peu de temps de ce commencement d’incendie.
Samedi 25 novembre 1893 - Voir l'original
CHATEAUNEUF – Attaque nocturne – M. Jean Rigout, 51 ans, domestique à Linards, se rendait au moulin de la Chabassière le 22 octobre, vers quatre heures du matin.
Arrivé au milieu du bois des Chaussade, un individu, tête nue, vêtu d’un jupon de femme, debout sur le côté droit de la route, l’a sommé de s’arrêter et de lui remettre de l’argent.
Rigout lui a répondu qu’il n’avait que trois sous sur lui, et aussitôt l’individu s’est enfoncé dans le bois avant que Rigout ait pu le reconnaître.
Vendredi 1° décembre 1893
Tribunal de police correctionnelle- audience du 29 novembre
« Léonard Peyrat, 21 ans, né à Linards, délit de chasse, 30 francs d’amende et confiscation du fusil. »
Vendredi 8 décembre 1893 - Voir l'original
LINARDS – Incendie – Mardi, vers 1 heure de l’après-midi, un incendie a éclaté subitement dans le grenier à paille dépendant de l’hôtel tenu par M. Lallet, habité par le sieur Faure son beau-père. Malgré les secours, le feu s’est propagé avec une rapidité effrayante et, une demi-heure après, la toiture s’effondrait.
On est parvenu à grand’peine à préserver des flammes deux maisonnettes dépendantes de l’hôtel où logeaient le propriétaire Joseph Lallet, et le sieur Joisson, buraliste.
Les habitants de la commune de Linards ont grandement fait leur devoir dans cette triste circonstance et c’est grâce au sang-froid de quelques-uns d’entre eux que les progrès de l’incendie ont pu être arrêtés.
Les propriétaires et fermiers étaient assurés.
On se perd en conjectures sur les causes de ce sinistre.
Samedi 9 décembre 1893 - Voir l'original
CHATEAUNEUF – A la suite de certains bruits, parvenus par la rumeur publique jusqu’à M. le procureur de la République, une enquête a été ouverte à l’effet de retrouver les auteurs d’une attaque nocturne dont aurait été victime, dans la nuit du 19 novembre, sur la route de Ligonat à Linards, le nommé François Maisongrande, meunier à Ligonat.
Celui-ci, interrogé, a nié avoir été attaqué en aucune façon et a déclaré que les histoires qui couraient sur son compte et sur celui de ses agresseurs supposés étaient de vulgaires contes de veillées.

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