Le Courrier du Centre
Année 1911
Mardi 21 février 1911
 Linards – Les suites d’une discussion – Le 4 février dernier, jour de foire, une conversation s’engagea à l’auberge Champseix, entre les nommés Henri Peyjou, âgé de 40 ans, et Léon Alliaume, 49 ans.
Le sujet de la conversation étant la politique, les deux consommateurs ne s’entendirent pas et échangèrent quelques épithètes malsonnantes.
Puis Alliaume répondit une dernière fois, en donnant un coup de poing à son adversaire.
M. Peyjou a porté plainte contre Alliaume et aussi contre le débitant M. Champseix, qui l’aurait également frappé.
Une enquête est ouverte.
Jeudi 16 mars 1911
 Linards – Sécurité de la vieillesse – La réunion générale annuelle se tiendra le dimanche 19 mars à deux heures de l’après-midi, salle Thuilleras.
- Grand bal – Le soir du dimanche 19 mars aura lieu un grand bal public offert par la Sécurité de la vieillesse, hôtel Theillaumas.
Samedi 6 mai 1911 - Voir l'original
CHATEAUNEUF
Accident de voiture – L’ingénieur et le chef de station des tramways départementaux s’étaient rendus, le 4 mai, à Châteauneuf, en automobile pour visiter les travaux. Ils venaient de quitter leur voiture et le chauffeur, pour garnir son réservoir d’eau, avait continué jusqu’au pont de Châteauneuf. Il eut l’imprudence de laisser sa voiture dans un tournant très dangereux par lui-même et qui est encombré de pierres et de ballast.
M. Desgeorges, garçon boucher chez M . Glangeaud, de Linards, qui revenait en voiture de la foire d’Eymoutiers, n’aperçut l’automobile qu’au moment où il arrivait dessus. Le parapet du pont arrêta son cheval si brusquement que M. Degeorges fut projeté hors de sa voiture. Il put heureusement se suspendre au parapet après s’être fait une légère blessure ; son cheval par contre porte une plaie assez profonde à la cuisse.
Lundi 12 juin 1911
 Linards – L’exploit du bonneteur – Vendredi soir vers quatre heures, un joueur de bonneteau avait installé ses cartes sur le champ de foire, près de la bascule, et faisait son petit commerce.
Les affaires allaient bien, et plusieurs dupes se retiraient la mine déconfite, quand l’une d’elles voulut cependant protester.
Un coup administré à son interlocuteur par le bonneteur mit fin à l’incident, et le forain, ramassant son léger bagage, s’empressa ensuite de disparaître.
Mercredi 26 juillet 1911 - Voir l'original
LINARDS
Accident mortel – M. Jacques Faucher, domestique chez M. Roux, colon à Blanzat, près Linards, soignait les bestiaux, le 21 juillet dernier, lorsque, à un moment donné, une vache lui lança un coup de corne dans le ventre.
Le docteur Touraille ordonna le transfert du malheureux à l’hôpital de Limoges, où il succombait quelques instants après son arrivée.
Il laisse une veuve et une fille mariée.
Mercredi 2 août 1911 - Voir l'original
LINARDS
Suicide – le nommé Valois, dit Chassandy, fermier de Mme veuve Ledot, au Mazeau, commune de Linards, avait quitté sa famille hier matin, 30 du courant, l’ait inquiet. Ne le voyant pas revenir, on eut des inquiétudes et, vers 10 heures, on fit des recherches. On ne tarda pas à trouver, sur la chaussée d’un petit étang appartenant à M. Villette, une chemise, de sabots, un mouchoir et une tabatière, objets reconnus comme appartenant audit Valois.
Les premières recherches furent infructueuses. Avec l’assentiment du propriétaire, on a ouvert l’étang. A peine à moitié vidé, le sieur Ferraud a aperçu et retiré de l’eau le cadavre du malheureux fermier.
Il laisse une veuve et sept enfants, la plupart en bas âge et sa femme dans une position intéressante.
Même jour - Voir l'original
CHATEAUNEUF-LA-FORET
Les suites d’un ouragan – Toute la région a éprouvé, le 29 du courant, vers une heure et demie, un ouragan épouvantable. Sur les allées, sur les hauteurs, sur les plaines et les vallées, les arbres fruitiers et forestiers ont été tordus, ébranchés ou arrachés par la violence du vent. En certains endroits, on a même eu de la grêle.
A Linards, une allée de Mme de Landrevie a été grandement endommagée et les arbres abattus on obstrué la route jusqu’au lendemain. M. Reméniéras, boulanger, a eu sa voiture brisée par la chute d’un arbre, sans être atteint lui-même, heureusement.
A Sussac, de forts châtaigniers ont été arrachés. A Goumy, on cite plusieurs toitures enlevées.
Un métayer, le nommé Parneix, colon de M. Maréchal, rentier à Châteauneuf, rentrait des gerbes à Neuvic au moment de l’orage. Sa voiture a été renversée par la violence du vent et le malheureux a été pris sous la charge.
Le docteur Tarrade, appelé aussitôt auprès de lui, a déclaré que cet accident n’aurait pas de suites graves.
Mercredi 30 août 1911 - Voir l'original
CHATEAUNEUF-LA-FORET
Trop de procès-verbaux – On nous écrit :
Tout le monde a pu voir dans le compter rendu de la dernière séance du conseil général de la Haute-Vienne, que M. Amédée Tarrade, conseiller général du canton de Châteauneuf-la-Forêt, s’était élevé contre le trop grand nombre de procès-verbaux dressés pour simples contraventions par les agents de l’autorité. On ne se serait point douté à l’entendre qu’à Linards, en sa qualité de maire de cette commune, il a fait faire, tout récemment, par son garde-champêtre, contre toute légalité, plusieurs procès-verbaux à la même personne et pour la même insignifiante contravention.
L’illégalité était si évidente que plusieurs de ces procès-verbaux furent annulés en audience publique.
Personne n’est censé ignorer la loi, mais cette ignorance est surtout interdite à ceux qui ont la prétention de la représenter.
Oh ! ineffable électeur, pendant combien de temps encore te laisseras-tu berner par de tels pantins et de tels procédés ?
UN HABITANT DE CHATEAUNEUF.
Samedi 23 septembre 1911 - Voir l'original
CHATEAUNEUF
Accident de voiture – M. Léonard Sénisse, âgé de 76 ans, cultivateur à Châteauneuf, revenait, le 18 courant, de la foire de La Croisille, dans une petite charrette attelée d’un âne, lorsqu’il entendit derrière lui le galop assez rapide d’un cheval : c’était M. Paul Dumazeau, 38 ans, bourrelier à Linards, qui revenait en voiture, lui aussi, de la même foire.
M. Sénisse rangea sa voiture sur le côté droit de la route ; M. Dumazeau ne le vit sans doute pas, bien qu’il fît à peine nuit, et sa voiture accrocha au passage celle de M. Sénisse.
Les véhicules firent un brusque demi-tour, projetant violemment à terre les deux conducteurs.
M. Sénisse fut sérieusement blessé au visage, à la tête et aux mains ; en outre, une roue de la voiture lui passa sur la tête.
M. Dumazaud fut également blessé à la figure, aux mains et à la tête ; il souffre, paraît-il, beaucoup.
Tous deux ont dû s’aliter.
Samedi 30 septembre 1911 - Voir l'original
CHATEAUNEUF
Tramways départementaux – Les habitants du canton de Châteauneuf apprendront avec plaisir la décision prise par l’administration des tramways départementaux de continuer « immédiatement » le tronçon de la ligne de Linards à Châteauneuf et sauront gré à MM. Gros et Loucheur d’avoir bien voulu, dans l’intérêt général, donner satisfaction aux nombreuses sollicitations faites par d’actives démarches auprès d’eux, par le docteur F. Tarrade, député de la Haute-vienne, et le docteur Amédée Tarrade, conseiller général, qui ont reçu la lettre suivante :
« Vos avez bien voulu nous demander, au cours du voyage à Limoges de M. Loucheur, administrateur de notre société, de construire, dès à présent, le tronçon de voie Linards à Châteauneuf, de manière à donner satisfaction au désir les populations, en organisant le service aussitôt que possible.
Nous avons fait examiner par nos services la possibilité de donner satisfaction au désir que vous aviez exprimé.
Ainsi que cela vous a été dit, il en résulte pour nous des charges importantes d’entreprise, qui ne trouveront pas de contrepartie dans les bénéfices d’exploitation à attendre.
Nous avons décidé, cependant, dans le désir de répondre à votre demande et de donner satisfaction aux besoins de la population de Châteauneuf, d’entreprendre la construction du tronçon de ligne de Linards à Châteauneuf, à la suite de la partie déjà construite, de Limoges à Linards.
Nous donnons donc les instructions utiles pour la constitution des approvisionnements et le transport des matériaux, qui seront approvisionnés par Limoges
Nous espérons que vous voudrez bien reconnaître notre bonne volonté et le désir que nos avons de satisfaire aux besoins des populations.
Veuillez agréer, etc.
Un administrateur,
LOUCHEUR »
Même date - Voir l'original
LINARDS
Suites d’accident – Nous avons relaté la collision qui s’était produite entre les voitures de MM. Senisse, de Châteauneuf, et Dumazaud, bourrelier à Linards, le 18 septembre dernier, où ces deux honorables personnes avaient été grièvement blessées.
Nous apprenons avec regret que M. Dumazaud, en dehors de ses plaies, a une fracture de la cuisse, qui a été heureusement réduite par le docteur A. Tarrade, de Châteauneuf.
Tous nos souhaits de prompte guérison.
Samedi 7 octobre 1911 - Voir l'original
LINARDS
Fête de Jeanne d’Arc - Samedi et dimanche, 30 septembre et 1° octobre, ont eu lieu des fêtes dont l’éclat a surpassé de beaucoup tout ce que nous avions pu voir à Linards. Le motif de ces fêtes était la bénédiction et l’inauguration d’une statue de Jeanne d’Arc, donnée à l’église de la paroisse par une personne dont nous tairons le nom, ce crainte de blesser sa modestie.
Dès samedi soir, un grand nombre de personnes, bravant le mauvais temps, étaient réunies à l’église pour entendre le sympathique chanoine Desgranges, qui traita le premier sujet de ses conférences : « Ce que nous devons à la religion catholique ».
Le lendemain, dimanche, à la grand’messe, il développa une nouvelle conférence sur le catholicisme, principe de vraie fraternité.
Le soit, à 6 heures, une troisième conférence, à laquelle les hommes étaient tout spécialement invités.
Inutile de dire avec quelle éloquence ces sujets ont été traités par l’éminent orateur.
Nous nous faisons l’interprète de quantité de personnes en remerciant et en félicitant M. l’abbé J. Guitard de la peine qu’il a prise à l’ornementation et à l’illumination de son église qui le soir, à la lumière surtout, présentait un aspect magnifique.
L’église a été beaucoup trop étroite pour contenir toutes les personnes qui voulaient entrer.
Remercions la directrice du chœur de chant et les choristes elles-mêmes, pour la façon dont la cantate à Jeanne d’Arc a été exécutée, de même que plusieurs autres morceaux.
Espérons que M. Desgranges n’a pas dit adieu à Linards, mais simplement au revoir.
Lundi 30 octobre 1911 - Voir l'original
LA FIN DU COCASSIER
Dimanche matin, on ignorait encore, ainsi que nous le disions hier, l’identité du cadavre sorti de l’eau, la veille, en face de l’usine Blondeau, rue d’Auzette, mais on connaissait ce détail, que le défunt avait sur lui une somme de 186 fr. 15.
Cette somme, enfermée dans un porte-monnaie de cuir, était composée d’un billet de banque de 50 fr., de six pièces de 20 francs, deux de 5 francs, deux de 2 francs, deux de 50 centimes, une de 25 centimes et 0 fr. 80 en billon.
Le cadavre
Le corps semble avoir séjourné dans l’eau une douzaine de jours. On le transporta à la Morgue, où M. le docteur Mongelle, après l’avoir examiné minutieusement, conclut que la mort était due à un accident ou à un suicide, le cadavre ne présentant en effet aucune trace de violence ;
C’est à l’hôpital, que sur ordre du juge d’instruction, M. Peyclit, photographe du parquet, a pris le cliché que nous reproduisons ci-dessus, et qui devait servir à son identification.
En effet, une épreuve ayant été envoyée à la permanence, dans l’après-midi, l’agent Vincent crut reconnaître dans le noyé, dont la physionomie n’était pas trop décomposée, un marchand de volailles de Linards, qui venait souvent à Limoges et descendait à l’auberge Coulaud, rue Gondinet.
L’agent, pour plus de certitude, se rendit chez M. Coulaud, avec la photographie du défunt, et l’aubergiste partageant son opinion, les deux hommes n’hésitèrent pas à aller à la morgue, où ils constatèrent qu’ils ne s’étaient nullement trompés.
Le noyé est donc un sieur Jean Château, âgé de 37 ans, marchand de volailles à Linards. Il est marié, mais sans enfants.
Château était un joyeux vivant, bien connu sur la place de Limoges, où il avait eu, au cours d’un délit, peu grave d’ailleurs, maille à partir avec la police.
Il y a trois semaines environ, sa mère lui avait donné une somme de 1,100 francs, qui lui revenait dans la succession de son frère, et le cocassier, sans doute, en a profité pour faire la fête.
Depuis une quinzaine de jours, il n’avait pas paru au débit Coulaud, où l’on était habitué pourtant à le voir venir à époques fixes, mais comme on connaissait son tempérament, sa disparition n’avait provoqué aucune surprise.
Sa famille, habituée elle aussi à ses fugues, ne se préoccupait pas de son absence prolongée.
Elle a été prévenue hier par les soins du commissaire de l’arrondissement.
Château, en état d’ivresse et après avoir dépensé la plus grande partie de son argent, dû se suicider.
Ce sont, du moins, les conclusions du docteur.
[Cf. l’illustration]
Mardi 31 octobre 1911 - Voir l'original
MACABRE ERREUR
Le cadavre du noyé n’est pas celui du cocassier …
Non, ce n’était pas le cadavre du cocassier de Linards, qui, lundi matin, était encore étendu sur les dalles de la Morgue, après avoir été retiré de la Vienne.
L’identité du noyé a donné lieu à une macabre méprise.
Alors que l’acte de décès allait être établi au nom de Château, cocassier à Linards, sur la foi de personnes l’ayant reconnu comme tel, une femme se présentait à l’hôpital et, mise en présence du corps, n’hésitait pas à le reconnaître pour celui de son mari, un nommé Grangier, âgé de 41 ans, originaire de Sainte-Mondane, arrondissement de Sarlat (Dordogne), disparu depuis quelques jours.
D’ailleurs, le doute n’était pas permis ; alors que Château porte de nombreux tatouages sur diverses parties du corps et mesure 1 m. 66, la taille du noyé était de 1 m. 60 et aucun dessin n’avait été relevé.
Bref, l’acte de décès fur alors dressé au nom de Grangier et dans l’après-midi, le corps était dirigé sur Saint-Julien-de-Lampon (Dordogne), où doit avoir lieu l’inhumation.
On va donc rechercher le cocassier !…
[Cf. l’illustration]
Lundi 3 décembre 1911 - Voir l'original
A TRAVERS LA REGION
VOLEURS ET ASSASSINS
Linards (Haute-Vienne).
Dans la nuit de samedi à dimanche, deux hommes et trois femmes ont pénétré dans le dépôt de la compagnie des tramways départementaux, à Linards, pour y voler du charbon.
Le chauffeur, entendant du bruit, voulut savoir quelle en était la cause.
Il s’avança courageusement à l’endroit où opéraient les malfaiteurs. Mais son intervention fut mal vue de la bande. Hommes et femmes se jetèrent sur le malheureux et, à coups de pied et de pelle, le maltraitèrent rudement. Dans la lutte, il eut l’oreille décollée.
Lâchement, la bande prit la fuite, laissant le chauffeur comme mort. Heureusement, son état, quoique assez grave, n’est pas désespéré, et, grâce aux soins empressés qu’il a reçus, on espère qu’il pourra se remettre de ses nombreuses blessures.
La gendarmerie, prévenue, s’est mise aussitôt à la recherche des bandits. A l’heure actuelle, ils sont arrêtés.
Mardi 5 décembre 1911 - Voir l'original
LINARDS
Vol – Mme Burelou, du bourg de Linards, s’est aperçue, le soir de la foire, que son porte-monnaie contenant la somme de 69 fr. lui avait été soustrait.
Sauvage agression – Voici quelques renseignements complémentaires sur l’agression que nous avons relatée hier et qui s’est produite dans la nuit du 2 au 3 décembre.
Il y a à Linards depuis deux ou trois jours, plusieurs voitures de gitans, qui avaient dû être attirés par la foire.
La nuit venue, voyant un dépôt de charbon pas loin de leur roulotte, les bohémiens se dirigèrent de ce côté, probablement pour faire leur provision ; mais ils comptaient sans le surveillant de nuit des tramways départementaux, qui, entendant du bruit, voulut se rendre compte de ce qui se passait. Il ne fut pas sorti, que les malfaiteurs se ruèrent sur lui et, à coups de bâton, l’assommèrent littéralement. A l’arrivée des premières personnes attirées par les cris du pauvre diable, les malandrins prirent la fuite. Le malheureux gardien, du nom de Charles Baboulet, fur transporté à l’hôtel Chicot, où le docteur Touraille, appelé, lui prodigua des soins et lui fit plusieurs points de suture ; on ne peut se prononcer sur la gravité de ses blessures, mais l’on ne pense pas cependant que les jours de Baboulet soient en danger.
Le juge de paix et les gendarmes de Châteauneuf se sont transportés dimanche matin, à la première heure à Linards pour procéder à une enquête. Trois des gitans furent mis en état d’arrestation.
Mercredi dernier, déjà, les roulottes se trouvaient à Châteauneuf, et la gendarmerie leur avait enjoint de quitter le territoire de la commune.
Mercredi 6 décembre 1911
Linards – Arrestation des agresseurs de Baboulet – Les auteurs de la tentative d’assassinat dont a été victime M. Charles Baboule, chauffeur à la gare des tramways de Linards, sont aujourd’hui connus.
Ce sont les frères Statelmann, Martin et Edmond-Gilbert, âgés respectivement de 27 et 23 ans, et Joachim Crossin, âgé de 37 ans, tous vanniers sans domicile fixe. Ils ont été arrêtés par la gendarmerie. 

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