Dimanche 5 août 1883 - Voir l'original |
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LINARDS – Une réunion publique, où M. Tarrade, conseiller
général, a rendu compte de son mandat, a eu lieu dimanche
dernier à la mairie de Linards.
Malgré les occupations multiples des habitants de la campagne, un assez grand nombre de personnes y assistaient. L’honorable et sympathique candidat a exposé avec une grande clarté la façon dont il avait accompli le mandat qui lui avait été confié et s’est mis ensuite à la disposition des électeurs pour fournir des explications à ceux qui voudraient bien lui en demander. Plusieurs questions, auxquelles le candidat s’est empressé de répondre, intéressant spécialement les affaires de la commune de Linards, lui ont été posées par certains électeurs. A la suit des explications qui ont été fournies, la réunion a voté des remerciements à M. Tarrade et décidé à l’unanimité de maintenir et patronner sa candidature franchement républicaine aux prochaines élections. On nous assure, d’autre part, que plusieurs réunions doivent avoir lieu dans différentes communes. |
Mercredi 31 octobre 1883 |
Conseils moralisateurs aux ouvriers, idem le Courrier du Centre |
Dimanche 4 novembre 1883 - Voir l'original |
REPONSE D’UN PROLETAIRE Vous avez envoyé, Monsieur X…, un article au Petit Centre donnant des conseils aux ouvriers des villes et en vue, dites-vous, des prochaines élections. Permettez-moi de vous dire que, tout d’abord, le début de votre article n’est pas heureux, il ne dit absolument rien, et que même avec les meilleures lunettes, je n’ai pas découvert un traître mot concernant les nouvelles élections. D’ailleurs, lesquelles ??? Où grand diable, aussi, avez-vous vous vu que des propos injurieux, tenus, selon vous, dans des réunions politiques, étaient la cause directe des grèves et du chômage ?? Mais si, comme vous le dites, vous êtes lecteur assidu du Petit Centre, vous auriez dû, avant d’écrire votre article, lire, relire et méditer les articles, aussi vrais que bien écrits de M. Peauger ; vous y auriez vu que les grèves et les chômages sont la conséquence fatale du désordre et du gâchis qui existe dans la société, et que ce n’est point parce que (toujours selon vous) l’ouvrier des villes fait le lundi et le mardi, mais bien à cause des tripotages financiers que nous voyons s’effectuer tous les jours. M. X… nous donne un conseil. Permettez, Monsieur, ce n’est pas du nouveau, vous n’avez même pas le mérite de l’invention. Il y a beau temps que d’autres moralistes ont proposé à la classe ouvrière - comme panacée universelle – d’économiser, et pour cela il ne fallait plus fumer, plus priser, ne plus consommer, pas même le savon nécessaire à la toilette. (A quoi bon cet excès de luxe ?) Pour les riches, oui, mais pour les travailleurs, allons donc !… Et aussi pourquoi le journal ! – Pensez donc, un sou d’économie par jour … Le prolétaire n’a même pas le droit de se servir du désinfecteur de notre ami Charles Dubouché pour détruire punaises, puces, etc., etc. … Il faut qu’il économise !!! Et dire que M. Peauger, en compagnie de tant d’autres amis de l’humanité, se creuse la tête pour chercher et trouver un moyen d’améliorer le sort de la classe ouvrière ! Mais il est trouvé. M. X… de Linards l’a découvert. Travailleurs, il faut économiser !!! Moyennant cela, M. X… affirme que vous serez sauvés. Prenez exemple sur son gros paysan qui sait, lui, garder une poire pour la soif. Vous allez répondre, peut-être, que vous n’avez pas la poire en question. Tant pis ! Il faut économiser quand même. Vous pouvez même répondre à M. X… que malgré les lundis et mardis perdus (toujours selon lui) tout le travail commandé est fait et que son assertion (si elle était vraie) ne ferait que démontrer péremptoirement qu’il y aurait encore plus de chômage, puis qu’il y aurait trop de bras à l’ouvrage. Mais quoi que vous disiez, M. X… répondra : Economisez !!! Lorsque Bonaparte fut exilé à Sainte-Hélène, il se plaignit un jour à son gardien chef, sir Hudson Lowe, de l’ardeur du soleil. Ce brave Anglais lui répondit qu’il lui ferait planter des arbres. C’était aimable à lui, n’est-ce pas, Monsieur X… ? Vous comprendrez cela, vous qui conseillez aux ouvriers qui crèvent de misère d’économiser. Votre bon Jacques est patient ; nous, ouvriers, nous ne pouvons plus attendre et nous ne cesserons de réclamer nos revendications que le jour où l’on aura rendu justice à tous les déshérités de la société. M. X… termine en nous affirmant qu’il faut craindre ce qui s’est passé en 1848 ; mais la République de 1848 nous avait donné le suffrage universel. M. X… voudrait-il nous dire qui donna au bandit de Décembre, le triste héros de Sedan, les millions de voix qui lui permirent de faire assassiner Baudin, Dussoubs, fusiller les citoyens, proscrire et transporter tant d’hommes courageux qui aimaient leur patrie et la République ??? Est-ce l’ouvrier des villes ? Réponse s.v.p., Monsieur X. ??? Vous serez sans doute discret à cet égard, même prudent, mais permettez-moi de vous dire que nous n’avons pas le moins du monde confiance dans vos conseils, que nous vous engageons, à l’avenir, à garder pour vous. Un prolétaire, D. D. |