Le Petit Limousin

Année 1910
Dimanche 18 mars 1910 - Voir l'original
Linards – Avis aux socialistes ayant besoin de repos – Dimanche dernier, 6 mars, avait lieu, à la mairie de Linards, la réunion du conseil municipal qui aurait dû être faite depuis le mois dernier. A cette réunion, assistaient les seize conseillers, ce qui n’arrive pas souvent.
Notre très charitable maire a déclaré qu’il y avait une bande à Linards, parmi laquelle deux ou trois se cachent pour faire une propagande acharnée contre Messieurs Tarrade père et fils, se dernier se fait fort de les découvrir et de les gifler en plaine mairie ou ailleurs, et même peut-être de les envoyer à l’hôpital.
Un bon conseil, M. Amédée : gardez-vous bien de mettre vos paroles en exécution, il pourrait vous en cuire et si par hasard les rôles étaient intervertis, nous serions bien en peine, pour nos soins, si c’était vous qui soyez à l’hôpital.         JEAN PINCE
Jeudi 10 novembre 1910 - Voir l'original
LINARDS
TOUT PASSE, TOUT PASSERA – Nous avons lu avec plaisir dans le «Petit Limousin » que M. Tarrade avait voté contre le ministère Briand. Ce ministère, qu’il encensait tant aux dernières élections ? Que voulez-vous ! Un député trouve son chemin de Damas aussi bien au Palais-Bourbon, que n’importe le quel de nous peut trouver le vrai chemin au milieu d’une forêt. Il s’agit surtout pour un député bourgeois que la barque politique sur laquelle il se trouve ne soit pas submergée par le flot populaire. Notre circonscription tiendra certainement compte au nôtre de ses bonnes intentions.
Sans porter nos regards ni si loin ni si haut, nous savons certain de nos conseillers, qui a mérité le ruban du Mérite agricole, (que dans le populo nous appelons par abréviation ordre du licol) en rachetant ses erreurs passées par une patiente platitude. Ainsi vont nos républicains bourgeois. Deviendront-ils révolutionnaires ? Il est permis de l’espérer. Et alors le stigmate de condamnations octroyées à certains d’entre eux par un tribunal de leur régime, ne supplantera-t-il pas l’effet de leurs décorations ? Condamnations acceptées d’ailleurs d’un cœur léger – après réflexion – pour montrer à de « braves gens » qui ont plus fait qu’ils ne devaient, pour en venir à leurs misérables fins, qu’il y a des « bourineurs » qui n’ont pas fait ce qu’ils pouvaient pour se défendre. Et qui, au surplus, généreusement, pour montrer que la vengeance à la manière desdits « braves gens » leur est inconnue, ont renoncé à porter devant la justice bourgeoise des réclamations auxquelles elle aurait été forcée de donner satisfaction.
Messieurs les soutiens des privilégiés bourgeois ; hommes qui vous tournez si bien du côté le plus fort ; vous qui avez si souvent reproché au parti socialiste d’appeler à sa barre les petits pour faire miroiter à leurs yeux la formule de toutes les révolutions, qui se résume ainsi pour toutes les classes de la société : « Vous serez comme les riches, aux prolétaires ; vous serez comme les nobles, aux classes moyennes ; vous serez comme les rois, aux aristocrates ». Vous les faites comparaître à la vôtre, vous qui êtes gros, pour leur faire constater la petitesse et la mesquinerie de votre caractère, sans pitié aucune. Et alors stupéfaits devant ces révélations inattendues, les hommes indépendants qui auraient désirer rester neutres sans votre intolérance, se tournent du côté de ceux qui leur conseillent de se cotiser, pour permettre à des hommes de leur condition de défendre leurs intérêts et leur honneur.
Quand le monde des travailleurs aura compris cela, tout changera ; même l’instrument par vous dénommé fourche, que vous mettez entre les mains de ceux qui ne demandent ni places, ni faveurs ni avancement et qui, quand l’immanente justice aura fait son œuvre se trouvera être un balai.
P. T.

Retour au sommaire du Petit Limousin

Free Web Hosting