Le Rappel du Centre
Année 1901
Dimanche 10 février 1901 - Voir l'original
Linards
Une question – On nous écrit :
Notre curé s’occupe depuis déjà quelques jours de faire réparer l’église. Nous n’insisterons pas, le public étant au courant de l’affaire. Mais nous sommes curieux de savoir si nos conseillers radicaux vont laisser le curé gouverner à leurs lieu et place. Nous attendons pour parler.
Un groupe de républicains
Dimanche 24 mars 1901 - Voir l'original
LE DEPARTEMENT
Linards – On nous écrit :
Tous les ans à l’approche de Pâques, notre curé lance du haut de son perchoir un pressant appel à ses paroissiens, les invitant de ne pas manquer de remplir leur devoir de bons chrétiens, sous peine d’offenser Dieu et d’encourir la damnation éternelle.
Or, de ces bigoteries cléricales, comme des permissions (avec galette) pour manger gras en carême, nos braves travailleurs commencent à comprendre l’absurdité. Cela met en fureur notre ratichon qui déclarait jadis que seuls ceux qui y étaient forcés allaient s’agenouiller devant l’homme noir. En effet, à part les cléricaux de marque (peu nombreux du reste), nous ne voyons que les domestiques, employés et subordonnés des gros bonnets, qui vont user leurs genoux sur les bancs de l’église. Pauvre peuple ! Quand donc viendra la révolution sociale ! Qui te débarrassera de ces tyrans et donnera à chacun le droit à la vie.
A bas les processions. – Nous invitons le conseil municipal à prendre au plus tôt un arrêté interdisant les processions.
A Linards, comme il n’y a qu’une rue passant devant l’église, le cortège processionnard peut occasionner nombre d’accidents. Ne se rappelle-t-on pas en effet que jadis un homme conduisant une vache croisa la procession. Un peu plus tard sa vache fut écrasée par la machine du chemin de fer. Nos bons cléricaux ne manquèrent pas de dire que c’était parce qu’elle avait vu la procession qu’elle avait été écrasée, Dieu l’ayant voulu ainsi. Allons, messieurs nos conseillers, un bon mouvement et supprimez au plus vite ces exhibitions.
Un groupe de républicains
Dimanche 31 mars 1901 - Voir l'original
LE DEPARTEMENT
Linards – Enterrement civil – On nous écrit :
Mercredi 27 mars courant, ont eu lieu à Linards les obsèques civiles d’une victime du coup d’Etat de 1851, le citoyen Castenot, de Roziers Saint Georges. Plus de 300 personnes avaient tenu à accompagner Castenot à sa dernière demeure.
Le citoyen Tarrade, conseiller général, maire de Châteauneuf-la-Forêt, a retracé en excellents termes la vie du défunt, vie toute de lutte et de dévouement pour la république, et a adressé un dernier et suprême adieu au républicain disparu.
Les cléricaux, dès la nouvelle de la mort de Castenot, avaient fait sonner le glas, espérant ainsi que la famille ferait faire au défunt des obsèques religieuses.
Nos bigots en ont été de leur sonnerie ; les parents du vaillant républicain ont respecté le désir absolu exprimé par lui et l’enterrement a été purement civil.
Cela a mis en fureur notre curé qui a, à l’heures des obsèques, fait fermer à clef les portes de son église, précaution bien inutile.
Le jour où, comme l’a dit Charbonnel, chacun saura faire la séparation de l’Eglise et de la famille, les chapelles se fermeront toutes seules.
Quand nous mourrons, si nous avons quelques ressources, laissons-les à nos enfants, ou à défaut aux nécessiteux, plutôt que de payer les oremus de la bande noire.
Un groupe de républicains
Dimanche 12 mai 1901 - Voir l'original
Linards
Nous recevons la communication suivante :
Ca y est ! Notre curé va, paraît-il, donner l’entreprise des travaux de l’église. Après plusieurs mois de réflexion, c’est enfin décidé !
Nous ne blâmerons nullement le curé d’avoir pris cette décision, qui procurera du travail aux ouvriers ; mais nous devons signaler, à ce sujet, l’attitude de nos conseillers municipaux soi-disant radicaux. Ils sont tellement républicains qu’ils ne savent rien refuser au curé ; aussi lui ont-ils donné l’autorisation de faire réparer l’église comme il lui conviendra, sans que l’administration municipale ait à s’en occuper, alors que ces travaux auraient dû être exécutés sous sa  surveillance.
Nous devons avouer que cela ne bous a pas surpris ; il n’y a que les naïfs qui puissent s’en étonner.
En effet, comment douter qu’un ensoutané n’obtienne toutes concessions auprès d’hommes amis des opportunistes cléricaux ; de ceux qui font élever leurs enfants chez les chères sœurs ; de ceux qui ont des places affermées à l’église, et enfin de tous ces mangeurs de curés qui font dire messes sur messes ? Pourtant, il en est quelques-uns qui sont sincères, mais ils manquent d'énergie et de volonté.
Que l’administration fasse exécuter ces réparations, comme c’est son droit, mais nous ne pouvons tolérer que ces bêtes noires agissent selon leur bon plaisir.
Quant aux conseillers municipaux qui ont donné plein pouvoir au curé, espérons que les électeurs apprécieront leur conduite comme il convient.
UN GROUPE DE REPUBLICAINS
Dimanche 2 juin 1901 - Voir l'original
LE DEPARTEMENT
Linards
Nos politicailleurs
On nous écrit :
Par le temps qui court, malins sont ceux qui peuvent distinguer les vrais républicains.
Ce mot de République convient tellement à tout le monde que, aussi bien ceux qui veulent sa mort que ceux la conserver et l’améliorer, se parent de ce titre de républicain.
Ne voit-on pas, en effet, des hommes faisant cause commune avec les ennemis de la République et voulant sans doute brouiller les cartes, jeter de la poudre aux yeux du bon public, faire signer des listes de félicitations pour certains administrateurs républicains, alors que leurs actes sont en complète contradiction avec ceux de ces messieurs. La manœuvre est peut-être habile, mais elle est cousue de fil blanc.
Quelques républicains ayant signé naïvement l’adresse de félicitations, se sont empressés de protester et d’avertir leurs amis ; d’autres ont retiré leur signature.
Le jour est plus proche que vous ne le pensez, messieurs nos ennemis, où chacun, prenant conscience de soi-même, repoussera toutes les avances de vos mouchards et dira résolument à ceux qui viendront le tenter : « D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Es-tu des nôtres ? Si non, ne viens pas brouiller nos combinaisons, nous retarder ainsi dans notre œuvre de justice, de fraternité, de liberté et enfin de bien-être social que nous poursuivons.
UN GROUPE DE REPUBLICAINS

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