En 1653, le marquisat de Châteauneuf en faillite est attribué
par décision de justice en indivision à trois créanciers
du dernier marquis ou acheteurs aux enchères, tous trois grands
bourgeois de Limoges et officiers de l’administration anoblis par leur
charge :
Léonard de Chastaignac, chevalier, seigneur de Ligoure, prévôt
général du Limousin (direction provinciale de la maréchaussée)
pour la moitié des revenus,
Martial de Malledent, seigneur de la Lingaine, receveur des tailles
(percepteur des impôts directs) pour un tiers,
Issac Moulinier, greffier en chef de la prévôté
générale, pour un sixième.
Le marquisat comprenait, comme la plupart des « terres et seigneuries » un château (l’ancien château féodal de Châteauneuf), des terres en propres autour du château, des métairies, des moulins confiés en fermage à des meuniers, des fours et forges, des forêts (dont celle de Châteauneuf) et des étangs exploités directement par le seigneur, et les droits féodaux de toutes sortes sur les paroisses de Châteauneuf, Neuvic, Masléon, Roziers, Saint Méard, Saint Priest les Vergnes, et sur une partie des paroisses de Sussac, Saint Denis, Saint Vitte, Linards, Aigueperse, Saint Bonnet, y compris des « dîmes inféodées ».
Le 21 novembre 1661 les trois propriétaires (pour Isaac Moulinier
défunt son fils et héritier) décident de sortir de
l’indivision, en deux temps : on fait d’abord deux
lots de valeur à peu près égale qui seront tirés
au sort entre Léonard de Chastaignac d’une part, Martial de Malledent
et Issac Moulinier d’autre part. Ces deux lots sont séparés
en gros par le cours de la Combade.
Puis le 3 décembre
suivant le lot commun de Malledent et Moulinier est à son tour divisé
entre eux.
A l’issue de ces opérations le lot attribué à Léonard
de Chastaignac comprend :
- les droits féodaux sur la paroisse de Neuvic, et une partie
de la paroisse de Roziers (les villages de Mandonaud, Soumagnas, Lacour
et Epied),
- les dîmes inféodées de Neuvic,
- le bois de Tronche,
- les étangs de Rifaterre,
- les métairies de Latour, Corneguerre, la Vérine et
une autre non identifiée,
- les moulins de Fontannes, Rifaterre, Lacour et Soumagnas (auxquels
les habitants de Neuvic et de Châteauneuf sont contraint de faire
moudre leur grain contre une redevance),
- le droit de pêche sur la Vienne dans la paroisse de Neuvic,
- et 50 000 livres de soulte en liquide, ce lot étant de valeur
inférieure à la moitié du marquisat.
Le lot attribué à Isaac Moulinier comprend :
- Les droits féodaux sur une partie des paroisses de Roziers
(moins les quatre villages attribués à Chastaignac), Saint
Denis, Aigueperse et Saint Bonnet
- La moitié des dîmes inféodées de Châteauneuf,
et celles de Boulandie et Manzeix à Linards.
- Les bois du Quartier et de Bonnefond à Linards,
- L’étang de Fégenie à Linards,
- Un droit de patronage (choix du curé) à l’église
de Roziers,
- Le droit de pêcher pour sa consommation dans la Combade,
- Et ce lot étant inférieur à la valeur initiale
d’un sixième du marquisat de Châteauneuf, il reçoit
en compensation de Malledent deux métairies (une à Manzeix
et l’autre à Saint Denis, sauf près de cette dernière
le lieu de passage du bois flotté sur la Vienne),
- Ainsi que 8 333 livres en liquide.
Le lot attribué à Martial de Malledent comprend :
- Le château de Châteauneuf et les terres jointes,
- Les droits féodaux sur les paroisses de Châteauneuf,
Saint Priest les Vergnes, et sur une partie des paroisses de Saint Méard,
Sussac, Saint Vitte, Linards (Le Duveix),
- La moitié des dîmes inféodées de Châteauneuf,
- La forêt de Châteauneuf.,
- Les étangs de Bueix et de Tronche,
- La forge de Tronche,
- Des métairies au Petit Bueix
- La grande prairie dite « Pré Neuf »
- Les droits de pêche sur la Combade
Son lot étant le plus important, Martial de Malledent aura à
sa charge de payer les 50 000 livres dues à Chastaignac, de fournir
à un marchand d’Angoulême 80 000 merrains (à couper
dans la forêt de Châteauneuf) en vertu d’un contrat souscrit
avant le partage, et de payer une rente annuelle de 37 livres due par le
marquisat de Châteauneuf au monastère des Cordeliers de Limoges.
Le 26 novembre 1717 les descendants
et héritiers de Chastaignac, dont Charles, lui aussi grand prévôt,
seigneur de Neuvic et Masléon, en difficultés financières,
vendent les terres et seigneuries de Neuvic (issue du partage de 1661)
et de Masléon (qu’ils avaient sans doute d’une autre origine) à
Morel Limousin, écuyer, greffier en chef au bureau des finances
(administration fiscale), pour 140 000 livres (à verser aux créanciers
des vendeurs, sauf une part servant à reconstituer les dots de leurs
épouses).
Ces biens comprennent :
- la (modeste) maison seigneuriale de Neuvic et les terres rattachées
en exploitation directe,
- les droits féodaux et dîmes inféodées
de la paroisse de Neuvic et des villages de Lachaud, Puy la Rode, Puy la
Rousse (peut-être à Linards), la Vérine
- les métairies de Latour, Corneguerre, la Vérine, Samarut,
- les étangs de Rifaterre et l’étang de Tronche,
- les moulins des Fontannes, de Rifaterre, de Soumagnas, de Lacour,
de Ganevieille
La vente est suivie les
27 et 28 novembre 1717 d’un état des lieux des biens immobiliers
décrivant en particulier :
- la maison noble de Neuvic,
- une maison de rapport du bourg,
- la métairie de Latour,
- le moulin des Fontannes,
- la métairie de Corneguerre,
- le bois de Tronche,
- l’étang de Tronche,
- la métairie de Samarut,
- le moulin de Ganevieille,
- la métairie de La Vérine,
- une métairie non identifiée (Soumagnas ?)
- le moulin de Soumagnas,
- le moulin de Lacour